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PRÉSIDENTIELLES 2024>S-13 Le vent tourne

Énergie, enthousiasme, unité, tels sont les mots qui sont le plus souvent utilisés pour décrire la campagne récemment engagée par Kamala Harris. Si Joe Biden est loué pour avoir pris la décision de renoncer à se présenter, certains critiquent le caractère tardif de cette décision, laissant à peine plus de 100 jours à la nouvelle candidate avant les élections. Si Joe Biden s’était décidé plus tôt, les démocrates ne se seraient sans doute pas ralliés comme un seul homme derrière la candidate. Les démocrates, y compris ceux qui se voyaient déjà califes à la place du calife, se sont unis dans une vision de l’Amérique qui rompt avec celle de l’autre camp.

Kamala Harris va-t-elle gagner ? Va-t-elle réussir à casser le plafond de verre (Une femme présidente des États-Unis ?) qu’Hillarry Clinton n’avait pas réussi à franchir ? Pas sûr et les sondages ne donnent pas encore de preuves sur les changements en cours. Mais assez clairement, le ton des deux campagnes marque un contraste assez clair résumé dans la déclaration articulée par Kamala Harris : “We are not going back”.

En moins de deux semaines, Kamala Harris a été capable de s’affranchir de l’image tutélaire de Joe Biden, sans pour autant la renier, et faire campagne en son nom propre.

De son côté, Donald Trump démontre qu’il n’a pas changé contrairement à ce que certains médias pensaient (espéraient ?) après la tentative d’assassinat du 13 juillet. Et comme il l’avait lui-même déclaré, il deviendrait peut-être pire. Les derniers jours semblent lui donner raison.

D’abord les attaques directes ou indirectes (par retweets) ad hominem inutiles et à la hauteur du caniveau contre Kamala Harris, une spécialité de l’ancien président.

“Dumb as a Rock” Kamala Harris
Lyin’ Kamala Harris
Crazy Kamala Harris
Cackling Moron
Enemy of the People

Les vieux démons sont toujours là. Comme il l’avait fait pour Barack Obama en étant un des fers de lance du mouvement des birthers dont l’objectif était d’ôter toute légitimité à la présidence de Barack Obama, il s’est lancé dans une campagne remise en cause de l’appartenance biraciale de Kamala Harris. Un peu le principe inverse de la « one drop rule » selon lequel toute personne ayant même un seul ancêtre d’ascendance africaine subsaharienne était considérée comme noire. À l’occasion de l’interview qu’il a donnée à l’occasion de la conférence des journalistes noirs (National Association of Black Journalists).

“I want to start by addressing the elephant in the room, sir. A lot of people did not think it was appropriate for you to be here today. You have pushed false claims about some of your rivals, from Nikki Haley to former President Barack Obama, saying that they were not born in the United States, which is not true. You have told four congressmen, women of color, who were American citizens, to go back to where they came from. You have used words like ‘animal’ and ‘rabid’ to describe Black district attorneys. You’ve attacked Black journalists, calling them a ‘loser,’ saying the questions that they ask are, ‘stupid and racist.’ You’ve had dinner with a white supremacist at your Mar a Lago resort. So, my question, sir, now that you are asking Black supporters to vote for you, why should Black voters trust you after you have used language like that?” lui a demandé Rachel Scott, journaliste de la chaîne NBC. Une question pour le moins légitime fondée sur des faits réels.

La réponse est assez typique de la stratégie de Donald Trump lorsqu’il est mis en difficulté : attaquer son interlocuteur et le délégitimiser. Pour ensuite pousser une réponse hyperbolique dont il a le secret : “I have answered the question. I have been the best president for the Black population since Abraham Lincoln.”

La journaliste d’ABC lui demande ensuite sir Kamala Harris est une candidate D.E.I (Diversity, Equity and Inclusion), en gros si elle est arrivée là où elle est en raison de son appartenance raciale.

“I didn’t know she was Black until a number of years ago when she happened to turn Black and now, she wants to be known as Black. So, I don’t know, is she Indian or is she Black?” répondait l’ancien président.

Faut-il l’interpréter par elle n’est pas noire et donc ne peut donc revendiquer le vote des Noirs ? Dans ce cas, il ne serait pas beaucoup mieux placé. Il a republié un message de Laura Loomer (qui n’est pas une référence) qui a publié le certificat de naissance de Kamala Harris et affirme qu’elle n’est pas noire, mais descendante d’un propriétaire d’esclaves. Décidément, le temps passe, mais les méthodes restent les mêmes.

Parmi les autres faits d’armes de cette semaine, cette intervention à la Bitcoin 2024 conference a Nashville (Tennessee). Alors qu’il était très critique sur les cryptomonnaies, Donald Trump a vu la lumière et s’est converti à ce nouveau mirage. Après avoir qualifié le bitcoin de « scam », il a déclaré devant un parterre de spécialistes : “You’re going to be very happy with me,” Trump said at the Bitcoin 2024 conference in Nashville, Tennessee, on Saturday.   “If crypto is going to define the future, I want [it] to be mined, minted and made in the USA,” he told a room full of bitcoin enthusiasts. “If bitcoin is going to the moon … I want America to be the nation that leads the way.” 

Cette conversion récente n’est pas étrangère à celle qui l’a rapprochée des moguls de la Silicon Valley. Un rapprochement qui n’est pas étranger à la nomination de J.D. Vance comme colistier. Il est vrai que le lobbying de ces deux univers est très fort et peut-être très prospère.

Là où la cause semblait perdue il y a deux semaines, l’espoir renaît clairement du côté démocrate. Beaucoup citent la collecte records de fonds de juillet, largement supérieure à celle du camp opposant, mais celle-ci traduit aussi un engouement et un engagement des militants. Ce renversement favorable aux démocrates s’exprime dans les sondages au niveau national qui ne veulent rien dire, mais donne néanmoins une tendance. Les candidats ne le savent que trop et mettent beaucoup de leurs forces sur les quelques États qui feront l’élection à commencer par la Pennsylvanie qui a remplacé la Floride dans les élections des années 2000 (ci-dessous les budgets sur les principaux Swing States. La Pennsylvanie pourrait d’ailleurs expliquer la nomination de Josh Shapiro, le gouverneur de l’État, comme colistier côté démocrate. Le nom candidat VP devrait être connu d’ici lundi ou mardi.

Parmi les autres incertitudes, les alertes sur la situation économique. Le terme récession a fait son apparition récemment dans les médias américains. Donald Trump n’a pas manqué l’occasion de mentionner que le nombre d’emplois créés en juillet était plus faible que prévu. La bourse a connu un certain recul ces derniers jours. Si la situation économique se dégradait, il pourrait abandonner la crise à la frontière avec le Mexique et dénoncer l’incurie du gouvernement Biden-Harris sur ce sujet.

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