Difficile pour les démocrates de concevoir une quelconque stratégie suite aux événements du 13 juillet 2024. Événements qui sont intervenus juste avant la Convention républicaine à Milwaukee qui a réservé un accueil triomphal au candidat. Pendant ce laps de temps, toute initiative aurait été sans doute contre-productive. Mieux vaut courber l’échine et attendre que cette séquence comme disent les commentateurs politiques soit terminée. Car elle se terminera. La décision de Joe Biden de ne pas se représenter et d’endosser Kamala Harris ouvre donc un nouveau cycle de la campagne, voire ouvre une nouvelle campagne.
Donald Trump a beau jeu de jouer les pacificateurs et les réunificateurs, mais il est vraisemblable que son naturel reprendra le dessus. D’autant qu’une telle attitude pourrait être mal perçue par ses supporters qui voient en lui un taureau et non un agneau.
À peine la balle s’était perdue dans le ciel azur de Pennsylvanie que nombre de républicains faisaient déjà le procès des démocrates en les accusant sans détour de cette tentative d’assassinat, certains allant même jusqu’à demander la tête de Joe Biden.
Dans la course au soutien de Donald Trump après cet événement, J.D. Vance obtient sans doute la palme. Mais il est vrai qu’il était dans le dernier carré des candidats à la vice-présidence et qu’une telle échéance peut susciter un certain zèle. Le sénateur de l’Ohio n’y est pas allé par quatre chemins en rendant Joe Biden et les démocrates la responsabilité de cet attentat : “The central premise of the Biden campaign is that President Donald Trump is an authoritarian fascist who must be stopped at all costs (…) That rhetoric led directly to President Trump’s attempted assassination.”
Le zèle du sénateur de l’Ohio dans l’obséquiosité et l’adulation a payé puisqu’il a été retenu comme candidat à la vice-présidence. Et pourtant, des concurrents n’avaient pas ménagé leur effort dans ce concours de complaisance et de déférence.
Certains commentateurs avançaient l’idée que la tentative d’assassinat dont il avait été la cible pouvait constituer ce moment de vérité où tout change et où un individu prend un peu de hauteur. Certes, le passé ne militait pas en un Donald Trump pacificateur et réunificateur. Il suffit de se rappeler quelques déclarations passées.
Quand on rappelle ces déclarations à l’entourage et aux conseillers du candidat républicain, ils répliquent qu’il s’agit de simples éléments de langage, que c’est la manière de parler de Donald Trump (locker room talk pour l’affaire de la Hollywood Tape), qu’il ne faut pas le prendre au sérieux et que c’est de l’humour. Comme humour, on a fait plus drôle.
Mais tout le monde n’a-t-il pas droit à son moment de rédemption ? Son entourage avait bien essayé en rédigeant un discours consensuel d’acceptation de sa nomination. Mais le candidat n’a pas suivi le téléprompteur et s’est laissé aller à ses divagations et ses marottes habituelles pour délivrer le plus long discours d’investiture.
Et quelques jours plus tard, dans un meeting de campagne à Grands Rapids dans le Michigan, le doute n’était plus permis, Donald Trump est bien resté fidèle à lui-même. Aux orties, le consensus et la conciliation, bienvenue aux insultes, aux provocations, aux propos outranciers…
Et que dire des déclarations faites après l’annonce faite par Joe Biden de déclarer forfait et d’endosser Kamala Harris. Certaines d’entre elles donnent la nausée et démontrent, si besoin était, que Donald Trump restera Donald Trump. À la suite de cette annonce de ne pas se représenter, l’ex-président enfonce le clou sur la sénilité de son ex-opposant.
– Aujourd’hui, Joe Biden a déjà oublié qu’il ne se représentait pas ;
– Joe Biden ne peut conduire une campagne donc il ne peut gouverner et doit démissionner.
– Lors des primaires, les électeurs l’ont désigné comme candidat, la décision de Joe Biden nous vole donc une élection (un argument qui sera repris si Donald Trump perd les élections générales) ;
– Nous avons préparé l’élection avec Joe Biden comme opposant. Maintenant que nous allons avoir un nouvel opposant et lancer une nouvelle campagne, ne devrions-nous pas être remboursés des frais engagés ;
– Et en tant que champion des théories du complot, Donald Trump affirme que Joe Biden n’a pas contracté le Covid.