Décidément, l’histoire s’accélère. Joe Biden a finalement cédé aux pressions et vient d’annoncer qu’il renonçait à être candidat à la présidence aux élections de novembre 2024. Le président l’a annoncé dans un tweet qu’il a accompagné d’une lettre aux Américains dans laquelle il rappelle d’abord les progrès accomplis depuis 2020, pour ensuite expliquer qu’il renonçait : “And while it has been my intention to seek re-election, I believe it is in the best interest of my party and the country for me to stand down and focus entirely on fulfilling my duties as president for the remainder of my term.” Comme beaucoup lui avaient demandé, il a donc mis son pays devant ses intérêts personnels. Précisant qu’il s’adresserait à la Nation cette semaine pour donner plus de détails.
La candidature de Joe Biden à la réélection a été freinée par des inquiétudes de longue date concernant son âge. Même avant le débat, les sondages montraient constamment que beaucoup d’Américains pensaient qu’il était trop vieux, et la majorité – même des démocrates – souhaitait un candidat plus jeune. Il est à noter que les mêmes remarques pourraient être appliquées à un Donald Trump tout aussi avancé en âge et qui emballe dans un discours vigoureux des propos bien plus ineptes.
Mais surtout, il a apporté son soutien à Kamala Harris pour lui succéder comme candidate : “Today I want to offer my full support and endorsement for Kamala to be the nominee of our party this year. Democrats — it’s time to come together and beat Trump. Let’s do this.”
La décision a donc été longue à prendre et on peut le comprendre. Après trois semaines où le président semblait s’obstiner, il a finalement entendu raison. Les derniers sondages dans les États clés montraient la différence entre 2020 où il bénéficiait d’une position avantageuse par rapport à Donald Trump à 2024 où ce dernier avait largement repris l’avantage (Se présenter ou ne pas se présenter ?). L’isolement auquel il a été contraint après avoir contacté le Covid a peut-être accéléré la décision.
Comme le note le New York Times, c’est une première dans l’histoire des États-Unis (décidément que de premières pour cette élection à nulle autre pareille). Aucun président américain en exercice n’a abandonné une course aussi tard dans le cycle électoral. La Convention nationale démocrate, où Joe Biden devait être officiellement nommé par 3 939 délégués, doit commencer le 19 août à Chicago.
Cet endossement de Kamala Harris – qui permettrait en particulier de récupérer les fonds de campagne – n’est pas une garantie qu’elle sera officialisée par le parti. C’est donc un énorme défi devant lequel le parti démocrate est placé quelque 110 jours avant l’élection de novembre prochain.
Le remplacement de Joe Biden par Kamala Harris n’est pas simple et présente des difficultés importantes. Joe Biden a le pouvoir de ne pas se présenter (ce qu’il vient de faire) mais aussi de libérer les voix de tous les délégués qu’il a accumulées lors des Primaires (il y a bien eu des Primaires démocrates même si personne ne les a suivies). Ce qui amènera à une Convention ouverte, ce qui est arrivé très rarement. Mais les délégués sont libres de voter pour qui ils souhaitent. Suite à des entretiens avec des responsables du Parti démocrate, le quotidien présente deux voies possibles.
Dans la première, le parti se rallie autour de Kamala Harris, c’est la voie la plus facile en termes d’organisation. Kamala Harris – qui apparemment se préparait un peu à cette hypothèse – peut relancer la campagne au pied levé, elle a une stature nationale et pourrait prendre possession des fonds de campagne Biden-Harris.
L’autre voie est celle d’une compétition ouverte avec les différents candidats potentiels d’ici à la Convention démocrate et ils sont relativement nombreux : Gretchen Whitmer du Michigan, Josh Shapiro de Pennsylvanie, Gavin Newsom de Californie, JB Pritzker de l’Illinois et Andy Beshear du Kentucky. Parmi les autres candidats potentiels, citons Pete Buttigieg, le secrétaire aux Transports, et les sénateurs Amy Klobuchar du Minnesota et Cory Booker du New Jersey. Sauf que le temps est très court. Normalement, tout autre candidat ne pourrait pas utiliser les fonds accumulés par la campagen Biden-Harris, l’argent devant être restitué aux donateurs. Mais dans cette affaire, il n’est pas sûr que l’argent soit le principal problème. Un nouveau candidat – s’il le processus n’entraîne pas un déchirement du parti démocrate – suscitera un nouvel élan et déclenchera une dynamique assez forte.
C’est le début d’un nouveau processus qui s’enclenche, la suite ne sera pas simple à régler. En tous cas, une nouvelle campagne commence aujourd’hui.
Donald Trump, toujours très délicat dans ses commentaires, à publié des messages sur son réseau social toujours dans la même veine et qui montrent bien qu’il n’y a pas de nouveau Trump après la tentative d’assassinat.