(…)
Et le sort et les dés maintenant sont jetés
Car le présent bientôt sera déjà passé
Un peu plus chaque jour, l’ordre est bouleversé
Ceux qui attendent encore vont bientôt arriver
Les premiers d’aujourd’hui, demain, seront les derniers
Car le monde et les temps changent.
Hugues Aufray
The Times They Are a-Changin est une chanson de Bob Dylan, parue en 1964 sur l’album du même nom. Elle a été traduite et interprétée en français par Hugues Aufray sous le titre Les temps changent en 1965.
Bob Dylan – The Times They Are a-Changin’ [LIVE IN ENGLAND – 1965]
La lecture de l’édition 1971 du livre d’histoire de Terminales montre que les temps ont bien changé.
Aux Etats-Unis
On peut lire dans le livre M. Chaulanges et de J.-M. D’Hoop : « Aussi les Américains sont-ils très fiers de leurs institutions politiques et pensent-ils le plus sérieusement du monde qu’elles doivent servir de modèle aux peuples épris de démocratie. Il existe un orgueil américain, comparable à l’orgueil soviétique, tous deux étant persuadés qu’ils ont réalisé le meilleur édifice possible. »
Est-ce la vision que propose Donald Trump qui malmène l’institution judiciaire et l’Exécutif au motif que la première a osé le condamner et le second parce que c’est un démocrate ?
« Les Américains aiment leur président, qui fait l’objet d’un véritable culte de leur part ? Ils s’intéressent à tous les faits et gestes, pareils aux Anglais si fiers de leur famille royale. La presse lui consacre tous les jours de nombreux articles. Les moindres détails de sa vie publique et privée sont rapportés. L’affection cardiaque du président Eisenhower a entraîné un effondrement des valeurs de la Bourse de New York et son amour du golf a contribué au développement de ce sport. Caroline Kennedy, la fille du président, est devenue une nouvelle héroïne de bande dessinée. Ainsi le président bénéficie-t-il constamment d’un appui populaire, qui l’aide à supporter la lourdeur de sa tâche ».
Aujourd’hui la situation est bien différente. Les Américains aime leur président s’il est de leur parti, sinon ils l’exècrent. L’idée de culte s’applique particulièrement aux républicains new age, les MAGA. Les électeurs démocrates sont en général beaucoup plus distanciés.
Un demi-siècle après, les Etats-Unis ne sont-ils pas devenus un autre pays ?
Et en France, la roue de l’histoire a-t-elle fait un tour complet ?
Le désarroi de la droite :
« Dans ce vieux salon où j’étais seul, attentif à la voix du rossignol qui essayait de chanter bien que la nuit fût froide, une autre voix s’éleva presque aussi douce, une voix tendre et bêlante, plus persuasive que celle de Philomèle, la voix du communiste Thorez… Sa voix avait beau se faire aussi tendrement pressante que celle de la paysanne qui appelle ses couvées : « Petits ! Petits ! Petits ! », je me disais : « Non ! c’est impossible qu’ils marchent… » « Ils » je veux dire le Français moyen, le radical de sous-préfecture, l’électeur équilibré dont le postérieur adhère au rond de cuir, mais dont le ventre en proue regarde l’avenir ! Hélas ! Ce sont de grands passionnés que ces gens raisonnables. Ils redoutent la Révolution, mais ils haïssent cette classe aux contours indécis dans laquelle ils font entrer tout ce qui les dépasse. Leur haine est plus forte que leur peur. Leur haine est à base d’envie et l’envie est une passion triste qu’il faut nourrir sans cesse et qui ne s’assouvit jamais. »
François Mauriac, « Le Figaro », 22 avril 1936.
Vous changez Maurice Thorez par Jean-Luc Mélanchon, la voix tendre par le bruit et la fureur et il semble que la même situation est en train de se reproduire. A la différence que le Parti Communiste n’avait que 72 sièges alors que la SFIO en avait 150, les divers gauches 50 et les Radicaux et les Radicaux-Socialistes 109. Alors que LFI est à nouveau en passe de devenir le parti majoritaire du NFT.
Et puis, est-ce que le Front Populaire est un si bon exemple ? Certes, il a apporté des acquis sociaux dont ont bénéficié nombre de Français, mais l’expérience n’a-t-elle pas duré moins de deux ans ?
Front populaire : que s’est-il passé au printemps 1936 ? – franceinfo