Tel est le titre du numéro de juin du magazine The New Republic. Le magazine jouerait-il à se faire peur ou à faire peur aux Américains ? La Une, qui ajoute une petite moustache à Donald Trump, ne trompe pas sur l’idée que défend ce numéro. Today, we at The New Republic think we can spend this election year in one of two ways. We can spend it debating whether Trump meets the nine or 17 points that define fascism. Or we can spend it saying, “He’s damn close enough, and we’d better fight.” Le magazine a choisi la seconde option. Peu importe la terminologie, fascisme, régime autocratique, dictature, tyrannie, la thèse est simple : Donald Trump annonce ce qu’il va faire, il suffit d’écouter. En sélectionnant d’ailleurs les éléments audibles de toute la bouillabaisse verbale qu’il diffuse à longueur de meetings.
Dans l’article introductif de cet épais dossier intitulé Politics and Government, The permanent couterrevolution, Ruth Ben-Ghiat professeur d’histoire et spécialiste de l’histoire italienne à la New York University, fait plutôt référence au modèle italien et au passage du régime démocratique au fascisme.
Selon Le Chat de Mistral AI, le processus qui a permis à Mussolini de passer d’un gouvernement démocratique à un régime fasciste en Italie s’est déroulé sur plusieurs années, de la fin de la Première Guerre mondiale jusqu’au milieu des années 1920. Voici les principales étapes de cette transformation.
1. Contexte d’après-guerre : À la fin de la Première Guerre mondiale, l’Italie est confrontée à une situation économique et sociale difficile. De nombreux anciens combattants sont au chômage, les grèves et les manifestations se multiplient, et le mécontentement populaire grandit.
2. Création des Faisceaux italiens de combat : Dans ce contexte, Benito Mussolini, un journaliste et homme politique de gauche, crée en 1919 les Faisceaux italiens de combat (Fasci italiani di combattimento), un mouvement nationaliste et autoritaire. Les Faisceaux prônent la restauration de l’ordre et la défense des intérêts nationaux, et ils attirent rapidement de nombreux mécontents, en particulier parmi les anciens combattants et les propriétaires terriens.
3. Montée en puissance des Faisceaux : Au cours des années suivantes, les Faisceaux italiens de combat se transforment en un véritable parti politique, le Parti national fasciste (Partito Nazionale Fascista), et ils poursuivent leur montée en puissance. Ils utilisent la violence et l’intimidation pour réprimer les grèves et les manifestations, et ils bénéficient du soutien financier de certains milieux d’affaires.
4. Marche sur Rome : En octobre 1922, Mussolini et ses partisans organisent la Marche sur Rome, une manifestation de force destinée à contraindre le gouvernement à céder le pouvoir aux fascistes. Face à la menace, le roi d’Italie, Victor-Emmanuel III, refuse de déclarer l’état de siège et nomme Mussolini chef du gouvernement.
5. Instauration du régime fasciste : Une fois au pouvoir, Mussolini s’emploie à éliminer toute opposition et à renforcer son emprise sur le pays. Il fait adopter une série de lois qui restreignent les libertés publiques et instaurent un régime autoritaire. En 1925, il se proclame “Duce” (chef) de l’Italie et met en place un régime dictatorial.
Alors la question qui vient à l’esprit est la suivante : Peut-on transposer ce processus au trumpism si Donald Trump retournait à la Maison Blanche ?
« Il est important de noter que les contextes historiques, politiques et sociaux sont très différents entre l’Italie des années 1920 et les États-Unis d’aujourd’hui. Cependant, on peut identifier certaines similitudes et tendances qui pourraient, dans certaines circonstances, mener à une érosion de la démocratie et à un renforcement de l’autoritarisme. Voici quelques éléments à prendre en compte :
1. Polarisation politique et mécontentement populaire : Comme dans l’Italie d’après-guerre, les États-Unis sont actuellement confrontés à une forte polarisation politique et à un mécontentement populaire grandissant. De nombreux Américains se sentent laissés pour compte et désabusés par le système politique en place.
2. Utilisation de la rhétorique populiste et nationaliste : Donald Trump a, pendant sa présidence et sa campagne électorale, utilisé une rhétorique populiste et nationaliste, en promettant de défendre les intérêts des “vrais” Américains et en désignant des boucs émissaires (les immigrés, les élites, les médias, etc.). Cette stratégie peut renforcer le soutien populaire et créer un climat de méfiance et de division.
3. Attaques contre les institutions démocratiques : Donald Trump a, à plusieurs reprises, remis en question la légitimité des institutions démocratiques (la justice, le Congrès, les élections, etc.) et a cherché à les affaiblir ou à les instrumentaliser à son profit. Cette stratégie peut affaiblir les contre-pouvoirs et ouvrir la voie à un renforcement de l’autoritarisme.
4. Utilisation de la violence et de l’intimidation : Bien que Donald Trump n’ait pas lui-même recouru à la violence, il a, à plusieurs reprises, encouragé ou toléré des actes de violence et d’intimidation de la part de ses partisans, en particulier contre des journalistes, des manifestants ou des opposants politiques. Cette stratégie peut créer un climat de peur et d’insécurité et décourager la contestation.
Mais il faut rester prudent, nous rappelle Le Chat de Mistral en établissant une analogie entre des processus. « Il est important de souligner que les États-Unis disposent de solides institutions démocratiques et d’une société civile active, qui ont jusqu’à présent résisté aux tentatives d’érosion de la démocratie. De plus, le processus qui a permis à Mussolini de passer d’un gouvernement démocratique à un régime fasciste était lié à des circonstances historiques et politiques très particulières, qui ne se reproduiront probablement pas à l’identique ».
Pour les républicains MAGA, l’argument ne se pose pas puisque les événements n’étaient qu’une protestation pacifique. On se souvient de l’échange de Ted Cruz et Tucker Carlson où ce dernier rappelle le sénateur du Texas à l’ordre pour avoir injustement qualifié l’événement d’attaque terroriste.
Les autres expliquent précisément que le système a bien résister. Mais en fait, il s’en est tenu à un fil pour que cette initiative – assez chaotique – ne réussisse. A commencer par l’acquiescement du vice-président Mike Pence au projet de Donald Trump de renverser le résultat des élections.