Depuis quelques semaines, l’écart favorable à Donald Trump semble se réduire. Il est désormais dans l’épaisseur du trait (41,6%-40,9%) sachant qu’un sondage à l’échelle nationale ne donne pas beaucoup d’indications et que nous sommes à six mois des élections. Sachant que cette élection va se jouer dans six ou sept États. Pour l’heure, le plus intrigant est la position qui, avec un peu plus de 10 % des intentions de vote, peut jouer un rôle déstabilisateur. On ne sait pas encore contre qui d’ailleurs. Un vote pour RFK Jr est-il un vote pour Donald Trump ou Joe Biden ? La question reste posée. Tout dépendra aussi du nombre d’États dans lequel son nom sera inscrit sur les bulletins de vote.
Joe Biden a du mal à transformer les bons résultats, en matière économique et législative notamment, en un sentiment positif se traduisant sur le bulletin de vote. L’idée n’est pas nouvelle mais elle persiste (Good Economy, Negative Vibes: The Story Continues). Selon un sondage réalisé en avril par Echelon Insights, 57 % n’approuve pas Joe Biden en matière économique et plus d’Américains font plus confiance à Donald Trump sur ce sujet (48%-40%). L’inflation, qui est souvent présentée comme ses détracteurs comme un point faible, est réelle. Mais la politique de Joe Biden en est-elle la principale responsable ? Si l’on prend le coût de l’énergie, l’essence par exemple, ce sont plutôt les compagnies pétrolières qui doivent être mises en cause. L’article de Matt Stoller Monopoly Round-Up: Did Texas Join OPEC? l’illustre clairement.
En matière législative, Joe Biden fait état d’un bilan que peu de président peuvent présenter. Et certaines de ces lois ont été votées avec le soutien de républicains, cassant ainsi la stratégie des radicaux républicains dont le seul objectif est de détruire les démocrates.
A savoir :
– The American Rescue Plan (Mars 2021) pour relancer l’économie après la période du Covid ;
– The Infrastructure Investment and Jobs Act (septembre 2021) qui, comme son nom l’indique vise à la rénovation des infrastructures américaines ;
– The Inflation Reduction Act (août 2022), assez mal nommée et concernant la transformation écologique, la santé et la fiscalité ;
– The CHIPS and Science Act (août 2022) visant la compétitivité et l’innovation dans le domaine des semiconducteurs ;
– The Electoral Count Reform Act (décembre 2022) révise la loi de 1877 pour éviter que les événements du 6 janvier de comptage des voix des grands électeurs ne se reproduisent.
Côté Trump, le procès-bouffe Donald aux enfers (à l’instar de l’opéra-bouffe) poursuit son cours avec présentation des témoins, gag orders avec amendes de 9000 dollars et déclaration de hold in contempt avec menace de prison.
A six mois des élections, Time magazine a publié un numéro spécial explorant ce que deviendrait les Etats-Unis “If He Wins”. Une analyse (How Far Trump Would Go) qui est fondée sur une série d’interview dont le magazine publie également la transcription (Read the Full Transcripts of Donald Trump’s Interviews With TIME). Cette vision pour un deuxième mandat présidentiel (un troisième puisqu’il a gagné les élections de 2020), qui verrait une présidence impériale remodeler les États-Unis et leur rôle dans le monde. L’article commence par un constat : “Donald Trump thinks he’s identified a crucial mistake of his first term: He was too nice”. La fin de l’article est tout aussi troublante : Whether or not he was kidding about bringing a tyrannical end to our 248-year experiment in democracy, I ask him, Don’t you see why many Americans see such talk of dictatorship as contrary to our most cherished principles? Trump says no. Quite the opposite, he insists. “I think a lot of people like it.”
Lincoln Project’s Stuart Stevens: Complete Collapse of Moral Authority in GOP
Les plans de Trump comprennent une opération de déportation pour expulser plus de 11 millions de personnes du pays, en utilisant des camps de détention pour migrants et en déployant l’armée américaine. Il permettrait également aux États « rouges » de surveiller les grossesses et de poursuivre les personnes qui enfreignent les interdictions d’avortement, et serait disposé à licencier un procureur américain qui n’exécute pas ses ordres.
Trump envisage également des grâces pour tous ses partisans accusés d’avoir attaqué le Capitole des États-Unis le 6 janvier 2021. Il pourrait ne pas venir en aide à un allié attaqué en Europe ou en Asie s’il estimait que ce pays ne payait pas suffisamment pour sa propre défense. Trump réduirait la fonction publique américaine, déploierait la Garde nationale dans les villes américaines comme bon lui semble, fermerait le bureau de préparation aux pandémies de la Maison Blanche et nommerait des partisans qui soutiennent son big lie selon laquelle l’élection de 2020 a été truquée.
Donald Trump n’est que Donald Trump. Le personnage a été décrit dans les moindres détails et toute l’Amérique le connaît autant que Hulk, Iron Man ou Batman. Mais pour que son projet réussisse, il n’est pas seul. Il a une base de disciples qui lui est acquise, quoi qu’il arrive, et une armée de soldats, plus loyaux les uns que les autres, qui mettent en place son projet, méthodiquement, méticuleusement consciencieusement et presque religieusement. Et un parti qui lui obéit sans broncher, par peur ou par espoir d’obtenir une place, fusse un strapontin.
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