Du côté républicain, il n’a échappé à personne que Donald Trump a reçu Viktor Orbán, Premier ministre de la désormais très démocratique Hongrie, dans sa résidence de Mar-a-Lago. Celui-ci s’est ensuite rendu à Washington non pas pour rencontrer un membre du gouvernement, ce qui aurait semblé logique, mais les responsables du Think Tank Heritage Foundation, l’auteur du document Project 2025 que beaucoup considère comme la feuille de route du second mandat de Donald Trump. Il y a rencontré Kevin Roberts, le président du Think Tank, et le candidat aux primaires Vivek Ramaswamy qui ne manque plus une occasion de se faire remarquer, peut-être dans l’objectif d’obtenir un portefeuille dans le cabinet Trump, lui qui disait ne pas vouloir être VP car « il avait l’habitude d’être numéro un ». L’orgueil se couche souvent devant l’intérêt. Rappelons par ailleurs que le CPAC (la conférence des républicains conservateurs devenus aujourd’hui le club Mickey des républicains MAGA) s’est tenu à plusieurs reprises à Budapest.
Après cette visite, Donald Trump a loué les qualités du grand dirigeant Hongrois : « Il n’y a personne de meilleur, de plus intelligent ou de meilleur dirigeant que Viktor Orbán. Il est fantastique… C’est un grand leader »
En Hongrie, Orbán a sapé la démocratie, vidant la fonction publique de sa substance et la remplissant de loyalistes ; s’est attaqué aux immigrants, aux femmes et aux droits des personnes LGBTQ+ ; a pris le contrôle d’entreprises pour les amis et la famille, et éloigné le pays de l’ordre international fondé sur des règles soutenues par l’Organisation du Traité de l’Atlantique Nord (OTAN).
Les idées développées dans le document Project 2025 reprennent ces principes et sont organisées en quatre grands chapitres :
« Restaurer la famille (traditionnelle) en tant que pièce maîtresse de la vie américaine et protéger nos enfants » ;
« Démanteler l’État administratif et rendre l’autonomie gouvernementale au peuple américain » ; « Défendre la souveraineté, les frontières et la générosité de notre nation contre les menaces mondiales » ;
« Assurer la protection des droits individuels que Dieu nous a donnés de vivre librement, ce que notre Constitution appelle « les bénédictions de la liberté » ».
Sur près de 1 000 pages, le document explique ce que ces politiques signifient pour les Américains ordinaires. Restaurer la famille et protéger les enfants signifie faire de « l’autorité, de la formation et de la cohésion de la famille » une priorité absolue et utiliser « le pouvoir gouvernemental… pour restaurer la famille américaine. Selon le document, cela signifie l’élimination de tous les mots associés à l’orientation sexuelle ou à l’identité de genre, au genre, à l’avortement, à la santé reproductive ou aux droits reproductifs de toute règle, réglementation ou loi gouvernementale. Toute référence au transgendérisme est de la « pornographie » et doit être interdite.
Joe Biden lui-même a commenté la réunion, affirmant qu’Orbán – un autocrate qui a effectivement démantelé la démocratie hongroise – « cherchait la dictature ». Il est étonnant que les républicains new look s’inspirent du modèle hongrois. Abraham Lincoln, Theodore Roosevelt et Ronald Reagan doivent se retourner dans leur tombe.
Pour Viktor Orbán, la recherche d’alliances aux États-Unis avec des alliés idéologiques partageant les mêmes idées a été une mission importante. Pendant l’ère Trump, le gouvernement d’Orbán a mené l’une des campagnes de lobbying les plus importantes aux États-Unis. C’était dans une certaine mesure compréhensible : avec Trump installé à la Maison Blanche, la Hongrie est devenue le partenaire préféré des États-Unis en Europe, notamment pour le modèle autoritaire qu’Orbán a établi pour Trump. (Comme l’a dit Trump a déclaré à propos d’Orbán la semaine dernière : « Il n’y a personne de meilleur, de plus intelligent ou de meilleur dirigeant que Viktor Orbán. Il est fantastique… C’est un grand leader. Selon la base de données Foreign Agents Registration Act, ou FARA, du ministère de la Justice, Budapest a signé des accords avec huit cabinets d’avocats ou de communications américains distincts pendant la présidence de Trump – une explosion d’activité sans précédent. Alors que les think tanks américains ont vu une série de flux de financement douteux ces dernières années, on n’a jamais rien vu de tel que le partenariat entre Heritage et le Danube Institute.
Pour l’heure, la préoccupation principale de Donald Trump est de trouver 450 millions de dollars en liquide à déposer lundi matin dans le cadre de sa condamnation pour fraudes financières au sein de la Trump Organization. Cette caution est obligatoire s’il souhaite faire appel de la décision et s’ajoute à celle qu’il a déjà déposée (83 M$) concernant la condamnation dans l’affaire E. Jean Caroll. Alors que lui et son avocate avaient fanfaronné qu’il était milliardaire, il semble en très grande difficulté pour trouver cette somme. Aujourd’hui, les avocats de Donald Trump ont déclaré qu’ils avaient approché 30 entreprises, mais que l’obtention d’une obligation était une « impossibilité pratique », car elles auraient besoin d’un milliard de dollars en espèces, ce qu’elles n’ont pas. Tous les recours pour changer cette décision ayant échoué, il lui faudra donc être en mesure de déposer cet argent lundi. Dans le cas contraire, la procureure de l’Etat de New York a été claire : « S’il n’a pas les fonds pour payer le jugement, alors nous chercherons des mécanismes d’exécution du jugement devant les tribunaux », a-t-elle déclaré. « Et nous demanderons au juge de saisir ses biens ». Dans ce cas, Donald Trump pourra continuer son discours victimaire, un discours qui coûtera cher néanmoins.
Il pourrait aussi se déclarer en faillite mais cela porterait un coup à son égo et pourrait entraîner des conséquences politiques.
Donald Trump poursuit ses attaques contre Joe Biden en le rendant responsable de tout ce qui va mal dans le monde. Il est étonnant que Donald Trump mentionne l’Afghanistan, il a la mémoire courte puisque c’est lui qui avait signé avec les Talibans.
https://truthsocial.com/@realDonaldTrump/112141743780952751
Primaires inutiles
Les primaires se sont poursuivies dans l’indifférence générale et dans l’inutilité totale puisque les deux candidats ont obtenu le nombre de délégués nécessaires pour obtenir la nomination de leur parti. Toutefois, elles ont apporté quelques résultats intéressants, surtout côté républicain (Trump wins 5 primaries, but protest vote looms large). Dans les cinq Etats – Ohio, Illinois, Florida, Kansas et Arizona – près de 20 % voix se sont portées sur d’autres candidats que Donald Trump avec la grande majorité pour Nikki Haley. En Ohio, 18 % des votants de la primaire républicaine ont déclaré qu’ils ne soutiendraient pas Donald Trump dont 10 % qu’ils préféraient Joe Biden. Une proportion qui pourrait être suffisante pour donner l’avantage au président sortant.
David Corn slams Trump’s claim of a ‘bloodbath’ if he loses presidential election (MSNBC)
Donald Trump à Dayton, Ohio vu par le Lincoln Project
Joe Biden toujours impopulaire
Joe Biden à un niveau de popularité de 40 % relativement stable entre les deux extrêmes de 37 et 42 % depuis juillet dernier. Et lorsqu’on décline ce niveau de popularité sur différents thèmes, la situation n’est pas très favorable. Sur l’économie par exemple qui jouera un rôle important dans les élections, le niveau d’approbation est faible (33 %). La politique de Joe Biden au Moyen-Orient est le thème le plus mal jugé (27%). Les républicains (16 % d’opinions favorables) considèrent que son soutien à Israël n’est pas assez assuré, les démocrates trop (47 %). Depuis le mois d’octobre, le niveau d’approbation sur cette question ne fait que baisser chez les démocrates.
Historiquement, les candidats dont le taux d’approbation était inférieur à 50 % quelques mois avant les élections n’ont pas été réélus (Carter, G.H. Bush, Trump). Toutefois, cette règle n’est peut-être plus valide étant donné le taux extrême de polarisation.
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