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La Californie à la croisée des chemins

Article écrit fin avril 2010

Tous les États des États-Unis connaissent depuis quelques mois de grandes difficultés, notamment en raison de l’effondrement des recettes fiscales. Selon le Center on Budget and Policy Priorities (CBPP), un think tank qui se présente comme non partisan, la moyenne nationale des déficits budgétaires des Etats prévus pour l’année 2010 s’établit à 28 %, résultat de cinq trimestres consécutifs de diminution d’impôts. Evidemment certains états sont plus touchés que d’autres et trois d’entre eux affichent un déficit budgétaire supérieur à 50 % : le Nevada (50,3%), l’Arizona (52,2%) et la Californie (56,2%). Il est à remarquer d’ailleurs que ces trois États sont tous situés à l’extrême Ouest du pays et ont des frontières communes. Mais il ne s’agit là que d’un hasard de la géographie et les raisons de leurs difficultés sont spécifiques. Le Nevada par exemple est frappé du syndrome espagnol de l’effondrement de l’immobilier dont les prix ont baissé de 50 % depuis 2006. Le pari de porter l’industrie du jeu à un niveau de gigantisme jamais atteint va donc devoir être sérieusement revu à la baisse. Quant aux mesures de rigueur proposées par le gouverneur républicain Jim Gibbons, elles n’ont rien à envier à celles décidées par le gouvernement grec.

Au passage, la situation des collectivités locales – municipalités ou comtés – n’est pas meilleure. La ville de Harrisburg est en quasi cessation de paiement. La capitale de l’Etat de Pennsylvanie affiche une dette de 600 millions de dollars et envisage de se placer sous la protection du chapitre 9 de la loi sur les faillites réservées aux municipalités. Cette facilité lui permettrait de se protéger et de renégocier ses dettes. Une telle situation est extrême mais pas si rare. De 1970 à 2009, une cinquantaine de collectivités ont du recourir à une telle procédure dont deux assez médiatisées en Californie : le comté d’Orange dans le sud de Los Angeles en 1994 et la ville de Vallejo en mai 2008. Située au Nord de San Francisco et forte de 117 000 habitants, cette dernière est la ville la plus importante de Californie à avoir pris une telle initiative. Elle allait se retrouver au début de son exercice fiscal avec un déficit de 16 millions de dollars, sans aucune réserve et se trouvait dans l’incapacité de payer les retraites de ses fonctionnaires.

The Ungovernable State

Dans ce trio d’Etats mauvais élèves, la situation de la Californie est particulièrement préoccupante en raison de son importance dans l’économie américaine. Pour paraphraser une formule bien connue : “lorsque la Californie éternue, les Etats-Unis s’enrhument”. Car la Californie n’est pas un état comme les autres. Avec 37 millions d’habitants, c’est le plus peuplé des Etats – place qu’il occupe depuis 1963 – et dont le PIB, s’il était un état indépendant, en ferait le septième pays de la planète. La Californie représente en effet 13,4 % du PIB des Etats-Unis en 2008, soit l’équivalent des 22 états les moins importants.

Who Killed California? Should we Let California Go Bankrupt? Greetings from California; Letter from a State in Crisis. End State: Is California Finished? The Ungovernable State? California government has failed us? What Ever Happened to California? Tels sont quelques titres d’articles publiés ces derniers mois. Aucun Etat de l’Union ne possède une telle image et n’a suscité autant de rêves. Et pourtant, en 2010, la réalité est bien différente, même si le Golden State reste à la pointe de l’innovation.  Quelques statistiques donnent une idée de la situation calamiteuse dans laquelle se trouve l’Etat de Californie.

Selon le Commonwealth Fund, une fondation qui étudie les questions de santé, la Californie est assez mal placée en ce qui concerne les soins médicaux. Selon le classement State Scorecard que cette fondation réalise chaque année, la Californie se situe au 31e rang des Etats au classement général, au 41e pour l’accès aux soins, 42e pour la prévention et les soins. Bref, pas de quoi pavoiser pour l’Etat le plus puissant de l’Union.

Côté emploi, la situation n’est guère plus brillante. Alors que la moyenne nationale est à 10 %, le taux de chômage est en mars 2010 de 12,2 %, l’un des plus élevés du pays. Cette situation est d’ailleurs chronique pour la Californie dont le taux de chômage a été régulièrement plus élevé que la moyenne nationale. En 1949, lorsque le taux de chômage était à 14 %, largement au-dessus de la moyenne nationale, Carey McWilliams, l’éditeur du magazine The Nation, se demandait si la situation d’exception de la Californie était arrivée à son terme. En 1990, alors que les dépenses militaires étaient drastiquement réduites, le taux de chômage était à 9,9 %, deux points et demi au-dessus de la moyenne nationale. Cette année-là, la société Kemper Securities (rebaptisée Everen Securties) plaçait la Californie au dernier rang des États pour ce qui concerne les opportunités d’investissement. Est alors arrivée la révolution de ce que l’on a appelé les dotcoms et celle des biotech et la Californie est repartie.

Une enquête auprès de chefs d’entreprises place la Californie en dernière position des 50 états pour conduire des affaires. De telle sorte que de grandes entreprises ont déserté l’Etat pour des terres plus favorables. En janvier dernier, Northrop Grumman annonçait qu’elle déménageait son siège social dans les environs de Washington D.C. Et la Californie qui fut un temps le centre du secteur aérospatial, a vu ses champions émigrer vers d’autres cieux. Malheureusement, ce n’est pas le seul secteur économique. La finance a suivi un chemin comparable : Bank of America, Security Pacific Bank, Countrywide, First Interstate ont elles aussi déménagé leur siège dans d’autres Etats. Perte de siège sociaux, perte d’emplois, perte de revenus fiscaux, une spirale infernale est en train de se mettre en place.

Alors qu’elle fut un temps au premier plan pour le taux de scolarisation et les résultats scolaires, la Californie fait désormais partie des mauvais élèves. Le pourcentage d’adultes qui n’a pas de diplôme d’éducation secondaire est le second plus élevé du pays. Un temps parmi les meilleurs du pays, les résultats des élèves de classe de 3e (dernière année de ce que l’on appelle la middle school) sont devenus très médiocres et classent la Californie au 17e rang des 20 états les plus importants. Selon les statistiques du ministère de l’éducation, le test NAEP (National Assessment of Educational Progress), les éléves californiens de 4e étaient au 48e rang des Etats en compréhension de texte et 49e en mathématiques. Au niveau du lycée (high school), la situation est encore moins bonne et la Californie se classe au 18e rang.

Des infrastructures en piteux état

Si, dans les années 70, les infrastructures de l’Etat faisaient la fierté de ses habitants, elles se sont singulièrement dégradées avec le temps, notamment en raison des déficits budgétaires successifs. Le constat de l’American Society of Civil Engineers (ACSE) qui effectue régulièrement un audit des infrastructures sur l’ensemble du pays est édifiant concernant la Californie et montre la dégradation intervenue depuis une trentaine d’années. Quelques chiffres suffiront pour s’en convaincre : le réseau de distribution d’eau nécessiterait un investissement de 28 milliards de dollars sur les 20 prochaines années pour une simple remise à niveau, 66 % des routes principales sont dans un état médiocre ou mauvais, il faudrait chaque année 2 milliards de dollars supplémentaires pour la maintenance et la réhabilitation des infrastructures routières, 30 % des ponts sont structurellement déficients, il y a 687 barrages (sur les 1247 que compte la Californie) qui peuvent être classés à haut risque.

C’est au niveau des digues et autres ouvrages de protection contre les inondations que la situation est la plus alarmante et l’avis de l’ACSE est sans appel : “There is a real potential for catastrophic disaster to life and property in California. This is due to the fragile condition of our Levee system. These fragile levee systems protect thousands of homes and billions of dollars in critical infrastructure.” (Il y a un risque élevé de catastrophes mettant en danger de nombreuses vies et propriétés en Californie en raison du mauvais état de notre système de digues. Ces digues protègent des milliers d’habitants et des milliards de dollars d’infrastructures stratégiques). Le montant annuel des investissements nécessaires non pas à la remise en état mais seulement pour réduire le danger de catastrophes potentielles est estimé à 4,2 milliards de dollars.

En 2006, la note attribuée par l’association des ingénieurs à l’ensemble des infrastructures californienne était C- ce qui selon l’échelle de notation américaine (A, B, C, D et F) est très médiocre. Et ce n’est pas le fait que les Etats-Unis dans leur ensemble soient notés D (au lieu de C- dans le précédent rapport) dans le dernier rapport de 2009 par la même association qui soit de nature à réconforter les Californiens. Bref, la situation générale de la Californie n’est pas reluisante.

2010, l’année de tous les dangers

C’est dans un tel contexte dégradé que l’on doit replacer les enjeux des échéances électorales de novembre prochain. On dit souvent que les États-Unis sont en élections permanentes, ce qui n’est pas tout à fait faux. Le 2 novembre 2010 seront élus 36 gouverneurs (16 Républicains et 20 Démocrates), l’intégralité de la Chambre des Représentants et 36 sièges de Sénateurs. En Californie sont en jeu le poste de gouverneur, celui de Lieutenant Governor (sorte de vice président pour le poste de gouverneur), les 80 sièges de l’Assemblée et la moitié des sièges du Sénat de l’Etat (20 sièges), les 53 sièges de la Chambre des représentants des États-Unis dont dispose la Californie et un siège du Sénat des États-Unis.

Pour l’heure, l’attention est largement portée sur l’élection du futur gouverneur de la Californie qui va devoir s’atteler à une tâche immense, à commencer par équilibrer un budget qui, année après année, n’a fait qu’accuser des déficits importants.

Se lancer dans la course au poste de gouverneur nécessite un certain courage lorsqu’on observe le taux de satisfaction des Californiens pour leurs instances politiques. Un sondage réalisé au début de l’année 2010 par l’association Public Policy Institute of California révélait que le taux de satisfaction était fixé à 30 % pour le gouverneur, à 18 % pour l’ensemble de la Législature (l’Assemblée ou chambre basse et le Sénat).

En ce début de mars 2010, les deux candidats les plus probables (il faudra attendre les primaires de juin) sont Meg Whitman côté républicain et Jerry Brown côté démocrate, sachant qu’il y a d’autres postulants dans les deux principaux partis mais aussi dans d’autres (en mars 2010, on comptait une vingtaine de candidats) ; la Californie ayant le chic pour favoriser le développement de formations politiques diverses, parfois exotiques. Pour l’heure, les autres partis en lice sont l’American Independent Party, le Green Party, le Libertarian Party et le Peace and Freedom Party.

Ces deux candidats ont des profils très différents. Plutôt novice en politique, Meg Whitman – eMeg comme certains la surnomment – est issue du monde de l’entreprise. Elle était jusqu’en 2008, CEO de la société eBay, l’un des pionniers de l’Internet dont la Silicon Valley a été l’une des terres les plus fertiles. Il n’est plus besoin de citer Google et Yahoo!, mais il y en a tant d’autres dont les plus récentes et les plus connues sont sans doute Facebook et Twitter. En 1998, elle est appelée par Jimmy Omidyar, le fondateur d’eBay, pour prendre le poste de CEO. A l’époque, eBay est juste une sorte de garage sale (vide grenier) sur Internet qui emploie 30 personnes, et réalise un chiffre d’affaires de 4 millions de dollars. Lorsqu’elle quitte l’entreprise en 2008, eBay est une des plus belles réussites de l’Internet avec 15 000 salariés et un chiffre d’affaires de 7,7 milliards de dollars.

A l’inverse Jerry Brown est un vieux routier de la politique. Il est actuellement Attorney General (ministre de la Justice) de l’État, mais il a surtout été gouverneur de Californie de 1975 à 1983, prenant la succession de Ronald Reagan. Les Brown sont à la Californie ce que les Bush ont été aux Etats-Unis : une dynastie. En effet, Pat Brown, le père de Jerry, fut, lui aussi, gouverneur de Californie, de 1959 à 1967, juste avant Ronald Reagan. Jerry Brown a été aussi maire de la ville d’Oakland de 1998 à 2006. Ironie de l’histoire, c’est pendant le mandat de Jerry Brown que fut votée la fameuse et calamiteuse Proposition 13, en partie responsable de la débâcle budgétaire de la Californie depuis plusieurs années. Et c’est peut-être sous son mandat – s’il venait à être élu – que cette proposition pourrait être supprimée. O tempora, o mores !

Comment en est-on arrivé à cette situation catastrophique ?

Lancée par Howard Jarvis et par l’association à son nom regroupant des contribuables, l’Initiative populaire de limitation de la taxation sur la propriété (People’s Initiative to Limit Property Taxation) s’inscrit dans la révolution libérale et conservatrice dont les deux grands portes drapeaux furent chronologiquement Margaret Thatcher et Ronald Reagan. Baptisé Proposition 13, cet amendement fut voté en 1978.

Sur les 30 années d’existence de cette proposition, on évalue le manque à gagner à quelque 500 milliards de dollars en recettes non perçues avec les effets qu’on imagine facilement sur les réductions des dépenses sociales ou d’éducation. Bien sûr, sur un plan individuel, cette mesure a fait de nombreux heureux qui ont vu ainsi leurs taxes foncières rester à un niveau nettement inférieur à ce qui se pratique dans la plupart des autres états. En 2003, le milliardaire Warren Buffet avait indiqué qu’il avait payé 14 410 dollars en taxe foncière pour sa maison du Nebraska évaluée à quelque 500 000 dollars et seulement 2 264 dollars sur sa coquette demeure Californienne de 4 millions de dollars : la comparaison des taux d’imposition est sans appel : 2,9 % dans le Nebraska et 0,056 % en Californie.

La Proposition 13 est un texte qui fut voté lors d’un référendum d’initiative populaire en Californie en 1978 et qui a été ajouté à l’article 13 de la constitution de l’État de Californie le 6 juin 1978. D’où son appellation Proposition 13.

A cet égard il faut rappeler que les recettes fiscales de l’État de Californie proviennent à près de 85 % de deux sources : l’impôt sur le revenu et la TVA. Elles sont donc fortement cycliques et liées à l’activité économique. En revanche, les dépenses, elles, sont beaucoup plus stables et en général évoluent à la hausse.

En 2009-2010, les recettes de l’Etat se répartissent en 49,1% d’impôts sur le revenu, 34,6 % sur la TVA, 10,7% d’impôts sur les sociétés et 5,6% en impôts divers. Par ailleurs, l’impôt sur les revenus est fortement progressif : 1% de la population paye 48% de cet impôt. Et chez ces Californiens les plus fortunés, une part importante provient de bonus, de plus-values ou encore de stock options.

Sept mois avant le vote pour élire le prochain gouverneur, il serait totalement illusoire de faire un  quelconque pronostic sur le résultat d’autant que les sondages sont pour l’instant relativement équilibrés entre les deux candidats les plus probables. Et même s’ils ne l’étaient pas, de nombreux renversements de situation sont possibles. Qui aurait prédit en mai 2008 que Barack Obama serait élu président des États-Unis ? Toutefois, le passé donnerait un sérieux avantage aux Républicains pour le poste de gouverneur. En 2010, les Républicains auront gouverné l’état pendant 23 des 28 dernières années et 84 des 109 dernières. C’est  là une curieuse situation dans la mesure où la législature de l’État de Californie (Assemblée et Sénat) a été dominée depuis 1970 par les Démocrates (sauf au Sénat où les Républicains ont eu la majorité pendant une très courte période entre 1995 et 1996).

De même, au niveau national, les Californiens penchent ces dernières années du côté démocrate. Ainsi, depuis 1992, les Californiens ont toujours voté bleu, même en 2000 et 2004 alors que le pays élisait George W. Bush. En revanche, entre 1948 et 1988, ils ont toujours votés républicains sauf en 1964. Il faut se souvenir que ce fut une élection exceptionnelle où quelques mois après l’assassinat de John Kennedy Lyndon, Johnson remportait 44 états sur 50 et plus de 61 % du vote populaire.

Vers une nouvelle Constitution ?

A l’occasion des élections de novembre prochain, une initiative populaire sera proposée pour mettre en marche la tenue en 2011 d’une Convention destinée à modifier la constitution de Californie. L’idée d’une telle initiative a été lancée par le biais d’un article dans le San Francisco Chronicle le 21 août 2008 signé de Jim Wunderman, CEO du Bay Area Council, une association qui regroupe 275 entreprises parmi les plus importantes que compte la région de San Francisco. “Il est de notre devoir de déclarer que le gouvernement de Californie est non seulement détraqué, mais qu’il met en danger notre avenir”, s’exclamait-t-il dans cet article. Cette initiative est notamment portée par le site Internet CaliforniaRepair.org.

Dans cet article, l’auteur rappelle que la Californie a été le seul état à ne pas avoir voté son budget en 2008. Et ce n’est pas là une très grande surprise dans la mesure où un tel accident s’est produit 18 fois sur les 22 dernières années. La raison en est simple, affirme Jim Wundermann, la Californie partage avec le Rhode Island et l’Arkansas, la nécessité d’une majorité qualifiée des deux tiers pour voter un budget. Ce qui est possible dans les deux autres états cités peuplés de respectivement 1 et 3 millions habitants est devenu totalement impossible en Californie et ses presque 40 millions d’habitants.

Cette convention se tiendra-t-elle ? Et si elle se tient, apportera-t-elle les modifications souhaitées à la constitution ? Pas sûr car cette démarche est une véritable course d’obstacles. D’abord, il faut que le projet recueille 1,4 million de signatures. Ensuite, il faut qu’une majorité d’électeurs se prononce en sa faveur à l’occasion du vote du 2 novembre prochain. Enfin, il faut que cette constitution puisse se réunir, mène les travaux à leur terme et propose un nouveau texte. Et last but not least, il faut que le nouveau texte soit voté par une majorité d’électeurs californiens.

Si elle se tenait la Convention de Californie ne serait que la troisième depuis le rattachement de l’Etat à l’Union en 1850. La première convention s’est tenue en 1849 précisément pour rédiger la constitution de ce qui allait devenir le 31e état des Etats-Unis. La deuxième fois, ce fut en 1878. La Constitution a également été révisée par le biais d’une “Constitution Revision Commission” de 1964 à 1976. Lorsque cette Commission s’est réunie pour la première fois, le texte de la Constitution avait enflé pour atteindre 75 000 mots et était la plus longue de tous les constitutions à l’exception de celle de la de Floride. Par comparaison, la Constitution des Etats-Unis tient en moins de 8000 mots. Cette inflation verbale a été divisée par deux à l’occasion de quatre votes successifs dans les années 1966, 1970, 1972 et 1972. Ainsi qu’en 1978, avec le vote de la proposition 13 dont on a vu les effets ravageurs.

L’expérience des précédentes conventions

Même si leur médiatisation a rarement atteint ce côté-ci de l’Atlantique, les conventions constitutionnelles sont une pratique relativement courante. Quelque 230 de ces assemblées se sont tenues depuis l’indépendance

Selon Vladimir Kogan, professeur à l’université de Stanford (1), l’expérience des conventions qui se sont tenues dans les 45 dernières années montre que la mise en place d’une telle opération nécessite une importante et minutieuse préparation afin de faire les bons choix : durée de la convention, organisation des débats, choix et nombre des délégués, autant d’éléments qui sont décisifs au succès d’une telle organisation. La Convention californienne ne fera pas exception.

Mais un facteur qui semble prédominant à la réussite d’une telle initiative est la limitation du périmètre des changements sur lequel la constitution doit se prononcer. Le Council of State Governments, une organisation nationale au service des Etats, classe les conventions en deux catégories : Limited pour celles qui ont un périmètre précis de changement et Unlimited pour celle dont le champ de réforme est circonscrit. L’histoire récente montre que sur les 47 Unlimited Conventions qui se sont tenues depuis 1939, 25 n’ont pas abouti alors que sur les 15 Limited Conventions qui ont été organisées sur la même période, 2 seulement ont fait l’objet d’un vote négatif.


La Californie ingouvernable

La Californie est souvent présentée comme étant à l’avant-garde de l’innovation et cela dans tous les domaines : technologiques, économiques, sociaux, etc. des Etats-Unis (on peut citer par exemple l’article de Frédérick Douzet, La Californie : avant-garde de l’Amérique, Politique Américaine, Choiseul, 2008) à la fois laboratoire d’idées et de nouvelles pratiques.

Parmi les différents Etats de l’Union, la Californie possède un statut unique articulé sur les deux axes de la démocratie représentative et de la démocratie directe. Pour passer, le budget doit recueillir une majorité des deux tiers (deux autres Etats sont dans la même situation, le Rhode Island et l’Arkansas). A l’instar de 12 autres Etats, impôts et budgets sont votés séparément et toute augmentation d’impôts doit recueillir une majorité qualifiée des deux tiers. Ce qui est quasiment impossible.

La combinaison de ces deux règles font de la Californie un Etat à part que certains qualifient d’ingouvernable. D’autant que les amortisseurs en temps de crise sont assez faibles depuis l’adoption de la proposition 13. Quand l’activité économique va bien, tout va bien, mais quand surgit une crise, l’impact sur les recettes fiscales est immédiat. Et c’est précisément ce qui se passe depuis la crise que nous traversons et dont on fixe souvent le début au 15 septembre 2008, jour de la faillite de la banque Lehman Brothers.

A cette situation unique, il faut ajouter l’existence de la démocratie directe (comme 24 autres Etats), c’est-à-dire la possibilité de référendum d’initiatives populaires. Et la Californie en fait une consommation assez forte et a un peu dévoyé le système ces dernières années.

En  2003, Le prédécesseur d’Arnold Schwarzenegger, le gouverneur démocrate Gray Davis en a fait les frais en subissant une procédure dite de recall (révocation) initiée par une pétition demandant sa destitution. En 1911, lorsque le gouverneur Hiram Johnson a introduit cette possibilité, explique le magazine anglais The Economist, c’était pour réduire l’emprise de la Southern Pacific Railroad et rendre un peu de pouvoir aux citoyens. Mais qui ce qui pouvait être bon à cette époque, ne l’est plus nécessairement cent ans plus tard.

Aujourd’hui, la Californie héberge 37 millions d’habitants et la plupart des initiatives ne sont pas le fait de citoyens mais plutôt celui de lobbies de la Silicon Valley et d’Holywood, ou de groupements d’intérêts comme les syndicats de gardiens de prisons ou d’enseignants.

L’Université de Californie bousculée par la crise

Dans les mesures de réduction budgétaires prises par le gouverneur Schwarzenegger, l’éducation a sans doute été parmi les postes les plus touchés avec des coupes budgétaires de 2,8 milliards de dollars dont plus de 800 millions de dollars pour le système de l’université de Californie (University of California).

L’University of California est sans doute l’un des plus importants systèmes universitaires publics des Etats-Unis avec plus de 225 000 étudiants sur 10 campus et l’une des plus grandes réussites. A une tendance de fond selon laquelle les dépenses publiques ont été réduites de 40% sur les 20 dernières années, s’est ajoutée désormais la crise que traverse l’Etat de Californie.

Le premier des 10 campus et sans doute le plus prestigieux est celui de Berkeley. Créé en 1873, il regroupe quelque 15 000 étudiants – environ la moitié en undergraduate (les 4 premières années) et graduate (ceux qui préparent un Master, un MBA ou PhD). C’est aussi un des hauts lieux  de la contestation et de ce que les américains revendiquent haut et fort, c’est-à-dire le free speech. Ce mouvement de contestation é été particulièrement actif dans les années 60 et début 70 au moment de la guerre du Viêt-Nam. Le Campus de Berkeley au cœur de la sympathique et paisible ville éponyme, elle même située de l’autre côté de la baie de San Francisco. Pour  mémoire elle jouxte la ville d’Oakland, une des villes où le taux de meurtre est parmi les plus élevé du pays. Le plus récent des 10 campus est celui de Merced, qui vient tout juste de sortir de terre puisqu’il a été créé en 2005, en plein milieu de la Californie entre Fresno et Modesto.

Le palmarès de L’Université de Californie parle pour lui-même. Huit des dix campus – considérés séparément – figurent dans les 100 premières universités du classement annuel du magazine US News & World Report. L’université de Berkeley est aussi au tout premier rang du classement de Shanghai et ce dans les 5 disciplines scientifiques analysées. Elle peut aussi se targuer de compter 21 prix Nobel dans son corps professoral.

Trois des dix campus figurent dans le classement annuel du Top25 réalisé par le magazine US News and World Report au niveau undergraduate. Dans le corps enseignant, on compte 32 prix Nobel, 5 médailles Fields (l’équivalent du prix Nobel pour les disciplines qui ne sont pas couvertes par le plus prestigieux des prix) et 234 membres de l’Académie des sciences.

Voilà pour le contexte général. Mais l’Université de Californie traverse une crise budgétaire grave évidemment liée aux difficultés financières de l’Etat de Californie. Des décisions drastiques ont été prises par Mark Yudof, l’actuel président  de l’Université suite aux réductions importantes du financement provenant de l’état. Pour l’année 2009/2010, l’université de Californie voit son budget réduit de quelque 450 millions de dollars. Rappelons qu’en 2007/08, le financement de l’état représentait 3 257 millions de dollars. Cette réduction conjoncturelle liée aux très grandes difficultés que traverse le gouvernement californien s’inscrit dans une tendance générale à la baisse. En 20 ans, la dépense de l’état par étudiant a été réduite de 40%.

Globalement, le budget de l’Université de Californie s’établit à 19 milliards de dollars dont 28% sont consacrés à ce que l’on appelle le « core fund » c’est-à-dire aux activités d’enseignement.

Les réductions budgétaires ont donc obligé l’Université de prendre des mesures plutôt radicales. Parmi celles-ci :

– Le gel des plus hauts salaires ;
– La suppression des bonus et autres incitations financières ;
– La réduction des voyages professionnels ;
– La réduction et restructuration de « the Office of the President » basé à Oakland correspondant à des économies de 60 millions de dollars ;
– Une réflexion sur les possibilités de réduction des salaires des employés ;
– La diminution du nombre de freshman, les étudiants de première année, de 2300 ;
– L’augmentation de 9,3 % des frais de scolarité amenant à un montant de 7 788 dollars auxquels il faut ajouter des frais divers pour un total de quelque 8 700 dollars.

Les nouvelles réductions de l’aide de l’Etat ont obligé l’administration d’augmenter les frais de scolarité de 32 % pour l’année universitaire 2010/2011 qui dépasseront la barre symbolique de 10 000 dollars. C’est la huitième augmentation depuis 2002. En dix ans, alors que l’aide financière de l’Etat a été divisée par deux, passant de 14 000 à 7 000 dollars par étudiants, les frais de scolarité ont, eux, été multipliés par 3.

Ce qui avait logiquement provoqué la colère des étudiants qui ont organisé des manifestations et occupé des locaux pendant plusieurs jours en novembre 2009. 14 étudiants ont même été arrêtés pour avoir perturbé une réunion du Conseil d’administration. Mais imagine-t-on un instant les effets qu’aurait provoqués une telle décision en France ?

Votez, votez, il en restera toujours quelque chose

On le sait, les élections sont  beaucoup plus compliquées aux Etats-Unis qu’en France, qu’elles soient locales ou nationales. D’abord le nombre de postes électifs sont  beaucoup plus nombreux. A l’occasion des élections présidentielles, les électeurs sont amenés à se prononcer pour 15 à 20 candidats à de multiples postes. Il en est de même pour les élections du gouverneur de Californie qui incluent également des élections pour d’autres postes ainsi que de très nombreuses propositions sur des sujets très divers. Ainsi, pour les élections de juin et novembre prochains, plus de 90 propositions ont été déposées. Et entre 10 et 20 devraient être retenues sur lesquelles les Californiens vont devoir se prononcer. Parmi ces diverses propositions, on peut citer celle qui a déjà été très médiatisée qui vise à légaliser la vente de la marijuana.

Elu en novembre 2008, le sénateur démocrate Tom Ammiano avait déposé un projet de loi (référencée AB390 ; non ce n’est pas un nouvel Airbus !) destiné à légalisation la vente de cannabis pour les jeunes de plus de 21 ans. Rappelons qu’aux Etats-Unis, il faut avoir plus de 21 ans pour acheter de l’alcool.

Cette mesure permettrait d’un côté de récupérer les taxes sur les ventes et de l’autre côté de réduire le travail des forces de police. L’agence Board of Equalization qui collecte les impôts de l’Etat avait estimé qu’elle pourrait générer 1,3 milliard de dollars par an avec une taxe de 50 dollars par once (28 grammes) de cannabis vendue. L’analyse menée par cette agence considère que le prix au détail diminuerait de 50 % et que la consommation augmenterait de 40%.

Rappelons que la première loi interdisant l’utilisation de n’importe quelle drogue (sauf pour des raisons médicales) date de 1914 avec le Harrison Narcotics Tax Act.

La légalisation de la vente de produits comme le tabac, la drogue ou l’alcool n’est pas un sujet nouveau. On se souvient de la période la prohibition. Fortement marqué par cette période (il avait 21 ans en 1933), Milton Friedman, le père de l’école monétariste de l’université de Chicago, avait théorisé cette pratique.

La proposition qui doit être vote a été déposée par Robert Lee, un activiste et le directeur d’Oaksterdam University, un institut de formation sur les bonnes pratiques en matière de culture du cannabis. Cette initiative a déjà reçu plus de 700 000 signatures et a toutes les chances de figurer parmi les propositions du 2 novembre prochain.

La Californie est-elle toujours l’avenir de l’Amérique ?

En 1953, William Schockley (qui recevra le prix Nobel de physique en 1956 pour son invention du transistor), quitte les fameux Bell Labs et retourne en Californie, d’abord au California Institute of Technology et ensuite pour fonder Shockley Semiconductor Laboratory. En 1957, alors qu’il renonce à ses recherches sur le silicium, huit scientifiques et ingénieurs – connus aussi sous le nom des « huit traîtres » quittent l’entreprise pour fonder Fairchild semiconductor. Cette année 1957 est souvent considérée comme l’année de la naissance de la Silicon Valley, il y a donc un peu plus de 50 ans. Mais l’appellation Silicon Valley proprement dite remonte à 1971, année de l’introduction du premier microprocesseur par Intel.

Par la suite, chacun des huit fondateurs de Fairchild a suivi sa propre route tout en partageant en majorité le même esprit d’entrepreneuriat. Bob Noyce et Gordon Moore – connu aussi pour la loi de Moore – ont créé Intel en 1968. Eugene Kleiner a co-fondé une des plus importantes sociétés de capital risque :  Kleiner, Perkins, Caufield & Byers. Cette dernière à une telle renommée qu’elle a pu embaucher des personnalités comme Al Gore, ancien Vice President des Etats-Unis, et Colin Powell, ancien sécretaire d’état.

Mais la région de la Silicon Valley qui a bien évolué aujourd’hui s’était tout d’abord développée dans le domaine de la radio au début du 20e siècle, sachant que l’Université de Stanford existait depuis une vingtaine d’années. Après la deuxième guerre mondiale, les universités américaines ont été face à une forte demande en raison du retour des étudiants partis sur les différents fronts de la guerre. Stanford n’a pas échappé à ce phénomène et a rencontré des problèmes financiers. Pour les résoudre, le professeur Frederick Terman a créé le Stanford Research Park proposant aux entreprises de s’y installer : Varian, General Electric et Eastman Kodak sont les premiers à signer un contrat de location. Seules les sociétés de technologies pouvaient s’y installer. Il créa également une société de capital risque pour  financer le développement de start-ups technologiques. Et Hewlett-Packard, aujourd’hui numéro un mondial de l’informatique, est sans aucun doute l’un de ses plus grands succès.

Internet, biotech et cleantech

Depuis 1995, c’est un autre domaine qui s’est développé sur les fondements du silicium, celui de l’Internet et dont une des étoiles incontestées est Google. La firme créée par Larry Page et Sergey Brin – tous deux diplômés de Stanford – est un véritable phénomène : une société qui a connu une des croissances les plus rapides, une des marques les plus connues dans le monde (classement Interbrand), une capitalisation boursière étonnante supérieure à celle de HP, le numéro Un mondial de l’informatique… Trois des quatre sociétés qui sont nées avec et à cause du Web – Google, Yahoo et eBay – sont issues de la Silicon Valley. Amazon est située à Seattle. Et sur les 150 plus importantes sociétés de la Silicon Valley, référencée SV150, près de 130 sont impliquées dans les technologies de l’information.

Le capital risque, qui est l’un des moteurs de l’innovation dans les secteurs de la high tech, est très actif en Californie et tout particulièrement en Silicon Valley. Certes les montants investis ont été relativement réduits en 2009 mais c’est là l’effet direct de crise économique qui a refroidi les investisseurs et tari les sources de financement. Il ne faut évidemment pas comparer avec les années 1999/2000 un peu folles où les moindres projets documentés par une simple présentation (on appelait ça à l’époque le Slideware ou Vaporware) pouvaient recevoir des financements extravagants. L’explosion de la bulle Internet en 2000 a réduit les montants pendant les années qui ont suivi pour reprendre un cours « normal » à partir de 2006/2007.

Mais dans ces évolutions, la Californie reste la plus importante destination des financements. En 2009, l’Etat de Californie a attiré à lui seul la moitié des investissements du capital risque du pays : 8,8 milliards de dollars sur les 17,7 milliards investis. Et en Californie, la Silicon Valley est au centre de l’innovation en captant 80 % des fonds investis de l’Etat.

Dans les différentes vagues technologiques, l’Internet et le logiciel restent toujours très actifs. Ils sont d’ailleurs un peu transversaux dans la mesure où ils sont utilisés par d’autres industries. La première qui prend un peu le relais regroupe les biotech dont on peut observer la montée en puissance : alors qu’elles ne représentaient que 4 % des 100 milliards investis en 2000, elles en ont représenté 20 % en 2009 (certes d’un montant beaucoup moins élevé). La seconde, encore plus récente est constituée de ce que l’on appelle les cleantech qui regroupent les énergies propres et alternatives et le développement durable. Pendant la période allant de 2006 à 2008, la Californie a attiré 3 dollars sur 5 investis au niveau national, 5 fois plus que l’Etat classé en deuxième position. L’Etat a imposé de passer de 20 % en énergie renouvelable en 2010 à 33 % en 2020. Les startups Tesla, Fisker et Better Place préparent la voiture électrique de demain et pourrait bien supplanter les Big Three (GM, Ford et Chrysler).

Sur ces deux vagues technologiques, biotech d’un côté et Cleantech de l’autre, la Californie est très nettement en pointe et devraient, une nouvelle fois, incarner les technologies du futur. “La Californie n’est pas un Etat parmi d’autres”, concluait Carey McWilliams dans histoire de la Californie : la grande Exception. “C’est une révolution parmi les Etats”.

Encadré 1
Situation des Etats-Unis lors de la première élection présidentielle
à laquelle les Californiens ont pu participer (1852)

Rattachée à l’Union le 9 septembre 1850, la Californie devient le 31e état des Etats-Unis avec une situation de free state, c’est-à-dire interdisant l’esclavage. Dès l’origine, la Californie est un état différent des autres et qui aura un statut comparable à une ile puisqu’il n’est pas rattaché directement au pays. Il faudra attendre 1892 pour que la jonction se fasse par le Nord. La finalisation du projet de nation-continent se finalisera avec l’annexion le 14 février 1912 de l’Arizona, il y a moins de 100 ans.

Bibliographie

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Issue Number 1 – Fall 2009 – Steven Malanga

http://www.nationalaffairs.com/publications/detail/who-killed-california

Why California is Still America’s Future – Time Magazine –
Friday, Oct. 23, 2009

Michael Grunwald

Should We Let California Go Bankrupt? RealClearMarkets

February 25, 2009

Steven Malanga

http://www.realclearmarkets.com/articles/2009/02/should_we_let_california_go_ba.html

What Ever Happened to California? Time

Monday, Jul. 18, 1977

David De Voss

http://www.time.com/time/magazine/article/0,9171,915121,00.html

End State: Is California Finished? The New Republic

John Judis

October 26, 2009

http://www.tnr.com/article/politics/end-state

The ungovernable state

Feb 19th 2009 – The Economist

Greetings From California: Letter From a State in Crisis

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The Nation

August 17, 2009

http://www.thenation.com/doc/20090817/cooper

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http://west.stanford.edu/docs/ccr/Brief2009RecentConventions.pdf

PPIC Statewide Survey: Californians and Their Government

Public Policy Institute of California

Mark Baldassare, Dean Bonner, Sonja Petek, and Nicole Willcoxon

January 2010

http://www.ppic.org/main/publication.asp?i=924

Center on Budget and Policy Priorities

Policy Points: Recession Still Causing Trouble for States

January 28, 2010

http://www.cbpp.org/cms/index.cfm?fa=view&id=1283

California Economic Outlook: December 2009

December 31, 2009

Wells Fargo

https://www.wellsfargo.com/downloads/pdf/com/research/reg_reports/california_123109.pdf

California : Top Three Infrastructure Concerns

American Society of Civil Engineers (ASCE)

http://www.infrastructurereportcard.org/state-page/california

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