La présidente de l’Université de Pennsylvanie, Liz Magill, a démissionné de son poste samedi après avoir fait l’objet de vives critiques de la part de la Maison Blanche, des législateurs et des anciens élèves pour avoir semblé esquiver une question lors d’une audience du Congrès sur l’antisémitisme sur le campus.
« Je vous écris pour vous informer que la présidente Liz Magill a volontairement remis sa démission en tant que présidente de l’Université de Pennsylvanie », a écrit Scott Bok, président du conseil d’administration de Pennsylvanie, dans un message à la communauté de Pennsylvanie samedi. « Elle restera membre titulaire du corps professoral de Penn Carey Law. » Peu de temps après que Scott Bok a informé la démission de Liz Magill, il a également annoncé qu’il démissionnerait de son poste (voir courrier ci-dessous)
Today, following the resignation of the University of Pennsylvania’s President and related Board of Trustee meetings, I submitted my resignation as Chair of the University’s Board of Trustees, effective immediately. While I was asked to remain in that role for the remainder of my term in order to help with the presidential transition, I concluded that, for me, now was the right time to depart.
Former President Liz Magill last week made a very unfortunate misstep—consistent with that of two peer university leaders sitting alongside her—after five hours of aggressive questioning before a Congressional committee. Following that, it became clear that her position was no longer tenable, and she and I concurrently decided that it was time for her to exit.
The world should know that Liz Magill is a very good person and a talented leader who was beloved by her team. She is not the slightest bit antisemitic. Working with her was one of the great pleasures of my life. Worn down by months of relentless external attacks, she was not herself last Tuesday. Over prepared and over lawyered given the hostile forum and high stakes, she provided a legalistic answer to a moral question, and that was wrong. It made for a dreadful 30-second sound bite in what was more than five hours of testimony.
I wish Liz well in her future endeavors. I believe that in the fullness of time people will come to view the story of her presidency at Penn very differently than they do today. I hope that some fine university will in due course be wise enough to give her a second chance, in a more supportive community, to lead. I equally hope that, after a well deserved break, she wants that role.
Lors d’une audition à la Chambre mardi, Liz Magill et ses homologues de l’Université Harvard et du MIT ont été interrogées sur la façon dont leurs institutions ont réagi à la montée de l’antisémitisme depuis le 7 octobre.
Dans leurs témoignages, les trois présidents ont chacun condamné l’antisémitisme. Le tollé s’est concentré sur un échange controversé avec la représentante Elise Stefanik (R-N.Y.) qui a demandé si « appeler au génocide des Juifs » violerait le code de conduite de chaque école.
Au lieu de répondre directement à la question de Stefanik par oui ou par non, Liz Magill a déclaré que cette décision serait « dépendante du contexte ». « Si le discours se transforme en comportement, il peut s’agir de harcèlement », a-t-elle déclaré.
On ne voit pas comment les présidentes de Harvard et du MIT pourrait échapper à la démission volontaire. La présidente de Harvard, Claudine Gay, a répondu à la question de Stefanik dans des termes similaires. Elle a témoigné que lorsque « le discours empiète sur la conduite, cela va à l’encontre de nos politiques ». La présidente du MIT, Sally Kornbluth, a déclaré qu’elle n’avait pas entendu parler d’étudiants sur son campus appelant au génocide des Juifs, ajoutant qu’une telle rhétorique ferait l’objet d’une « enquête en tant que harcèlement si elle était omniprésente et grave ».
Deux contournements à une question pourtant relativement simple. Mais c’est là l’hypocrisie de la situation dans laquelle la notion de Free Speech se veut très large aux Etats-Unis et quasiment sans limites sauf quand la politique s’en mêle. Il faudrait conseiller à nos amis américains de voter l’équivalent des lois Gayssot en France, cela leur donnerait un cadre juridique plus précis.
Dans un message vidéo de deux minutes publié mercredi soir sur la plate-forme de médias sociaux X, Liz Magill a élaboré sa réponse et condamné les appels au génocide du peuple juif en termes plus clairs.
« J’étais concentré sur la défense de l’idée de Free Speech. Je n’étais pas concentrée, mais j’aurais dû l’être, sur le fait irréfutable qu’un appel au génocide du peuple juif est un appel à certaines des violences les plus terribles que les êtres humains puissent perpétrer », a-t-elle déclaré dans la vidéo (pour visionner le message vidéo)
Les échanges entre les présidents de l’université et Stefanik sont devenus viraux sur les médias sociaux et ont suscité de vives critiques de la part des dirigeants politiques des deux partis, ainsi que des défenseurs de la communauté juive, des anciens élèves et des donateurs.
Dans un communiqué publié mercredi, le porte-parole de la Maison-Blanche, Andrew Bates, a déclaré : « C’est incroyable que cela doive être dit : les appels au génocide sont monstrueux et antithétiques à tout ce que nous représentons en tant que pays. Toute déclaration qui prône le meurtre systématique des Juifs est dangereuse et révoltante – et nous devrions tous nous y opposer fermement, du côté de la dignité humaine et des valeurs les plus fondamentales qui nous unissent en tant qu’Américains ».
Dans cette démission, les déclarations tous azimuts ont pesé lourd mais les décisions de certains soutiens financiers ont sans doute joué un rôle non négligeable. Ross Stevens, un ancien élève de Penn et PDG de la société financière Stone Ridge Holdings, a envoyé une lettre à l’université jeudi menaçant de retirer 100 millions de dollars d’actions de sa société détenues par l’université à moins que Liz Magill ne quitte son poste. La menace du portefeuille est parfois très efficace.
Parmi les critiques les plus médiatisés de Magill figurait l’investisseur milliardaire Bill Ackman, qui a appelé à plusieurs reprises à son éviction de X. « Maintenant, l’attention se tourne vers les présidents Gay et Kornbluth et les conseils d’administration de Harvard et du MIT », a-t-il tweeté samedi à la suite de la sortie de Liz Magill.
Elise Stefanik, diplômée de Harvard, poursuit deux lièvres à la fois dans cette affaire : les présidentes d’Universités et les Universités en général, coupables de wokisme à ses yeux.
Et lorsqu’il s’est agi du cas de George Santos, elle s’est montré beaucoup plus clémente en votant contre son expulsion de la Chambre des représentants.