Les indicateurs de santé publique aux Etats-Unis ne sont pas très bons. Espérance de vie en baisse, développement de l’obésité et des maladies chroniques. On avait vu les résultats pendant la crise du Covid qui plaçait les Etats-Unis dans une position peu enviable. Et maintenant, c’est la mortalité infantile qui est pointé du doigt. Ainsi, le taux de mortalité des bébés âgés de 4 semaines à un an a augmenté de 3% l’année dernière, en se situant à 5,60 ‰, un bond significatif par rapport au chiffre de 2021. C’est la première fois depuis 20 ans que ce taux augmente selon le National Center for Health Statistics. Ce sont ainsi 20 538 nourrissons qui sont décédés en 2022 contre 19 928 bébés décédés en 2021 (Infant Mortality in the United States: Provisional Data From the 2022 Period Linked Birth/Infant Death File).
Ces chiffres placent les Etats-Unis une position au niveau international assez médiocre par rapport à des pays à développement comparable. Ils se situent loin derrière la majorité des pays européens (Slovenie = 1,8‰ ; Espagne = 2,67 ‰ ; Allemagne = 3,00 ‰ ; France = 3,60 ‰).
Ce pic est une sombre manifestation de l’état de la santé maternelle et infantile aux États-Unis. Les taux sont particulièrement élevés chez les mères noires et amérindiennes, qui sont environ trois fois plus susceptibles de mourir pendant et après la grossesse, par rapport aux mères blanches et hispaniques. Leurs nourrissons courent jusqu’à deux fois plus de risques de mourir que les bébés blancs et hispaniques.
L’augmentation de la mortalité infantile survient après un siècle d’améliorations de la santé publique, au cours desquelles les taux ont diminué de manière constante et progressive presque chaque année, à quelques exceptions près, a déclaré Danielle M. Ely, statisticienne de la santé au N.C.H.S. et auteure principale du rapport.
L’une des conclusions les plus troublantes de ce rapport est l’augmentation de la mortalité infantile chez les bébés nés de femmes âgées de 25 à 29 ans. Le taux est passé à 5,37 pour 1 000 naissances vivantes l’année dernière, contre 5,15 décès pour 1 000 naissances vivantes en 2021. La cause n’est pas connue.
Les taux n’ont pas changé pour les femmes des autres groupes d’âge, même celles qui connaissent généralement des taux de mortalité infantile plus élevés, comme les femmes de moins de 20 ans, celles de 20 à 24 ans et les femmes de 40 ans et plus.
Cette hausse s’est produite à la fin de la pandémie du Covid, après une année marquée par une forte augmentation de la mortalité maternelle et des maladies maternelles, a-t-elle ajouté. Les complications de la grossesse sont maintenant plus fréquentes, car de plus en plus de femmes commencent leur grossesse avec des problèmes de santé sous-jacents comme l’hypertension artérielle, l’obésité et le diabète.
Les complications graves qui présentent un risque pour la mère et le bébé, comme la pré-éclampsie, sont également devenues plus fréquentes. Mais il est difficile d’attribuer l’augmentation de la mortalité infantile à un seul facteur selon les auteurs du rapport.
Les nourrissons noirs ont le taux de mortalité le plus élevé des États-Unis, augmentant légèrement l’année dernière à 10,86 décès pour 1 000 naissances vivantes, contre 10,55 décès pour 1 000 naissances vivantes en 2021, une augmentation qui n’était pas statistiquement significative.
Chez les nourrissons blancs, le chiffre est passé à 4,52 décès pour 1 000 naissances vivantes, contre 4,36 décès pour 1 000 naissances vivantes en 2021. Parmi les bébés amérindiens et autochtones de l’Alaska, le chiffre est passé à 9,06 décès pour 1 000 naissances vivantes, contre 7,46 décès pour 1 000 naissances vivantes en 2021.
Les deux principales causes de décès infantiles qui étaient plus fréquentes l’année dernière étaient la septicémie bactérienne, causée par la réaction écrasante du corps à une infection, et les complications de santé maternelle.
On se souvient qu’Emmanuel Todd avait pronostiqué l’implosion de l’URSS dans son ouvrage La Chute finale publiée en 1976 en se fondant notamment sur l’augmentation de la mortalité. Que signifierait l’implosion des Etats-Unis ?