Le mot “bureaucrat” n’a pas bonne presse aux Etats-Unis (un peu l’équivalent du Rond de cuir en France, sans doute en pire). Avec l’idée que quelqu’un qui n’est pas élu puisse prendre des décisions impactant la vie de ses concitoyens. Et le siège de cette impopularité est Washington D.C., qui représente le mal absolu.
Globalement, les Américains n’aime pas trop leurs services publics. Les républicains encore moins que les démocrates. 12 agences gouvernementales et organismes publics sur 16 obtiennent l’adhésion de moins de 50 % des Américains (notés Excellent ou Good).
Dans ce concert de critiques, le service postal reste l’agence gouvernementale la mieux notée. Un peu l’image du postier “sympa” qui, avec son petit camion, distribue le courrier et n’hésite pas à tailler une “petite bavette”. Même s’il distribue de moins en moins de lettres car les Américains n’en écrivent plus (comme les Français) et de plus en plus de colis Amazon ou autres.
Le service postal américain (62 %), les services secrets (55 %), le ministère de la Défense (53 %) et la NASA (52 %) sont tous évalués comme « excellents » ou « bons » par plus de la moitié des adultes américains.
Dans le même temps, une majorité des Américains estiment que les 12 autres agences gouvernementales sont « passables » ou « médiocres ». L’IRS (le service des impôts) est considéré comme le plus bas, avec 30 % d’évaluations positives et 70 % d’opinions négatives, tandis que l’Administration des anciens combattants (VA), le ministère de la Justice, l’Agence de protection de l’environnement (EPA), le Conseil de la Réserve fédérale et la Food and Drug Administration (FDA) ne sont pas loin derrière, avec 32 % à 38 % d’évaluations positives.
On comprend aisément que le fisc, de par son activité même, soit moins populaire que la Poste ou le Ministère de la défense.
La cote de presque toutes les agences diffèrent considérablement en fonction de l’appartenance partisane. Les démocrates et les indépendants à tendance démocrate ont une opinion plus positive de 15 des 16 agences et ministères que les républicains et les indépendants à tendance républicaine. Côté républicain, une seule agence – le service postal – bénéficie d’une cote positive majoritaire. Pour ces derniers, elles font partie plus ou moins du deep state[i], celui qui
Les écarts dans les cotes des partisans sont les plus importants pour le FBI et le CDC (44 points chacun). La cote de popularité du FBI par les républicains a chuté pour la première fois en 2017 dans le cadre de l’enquête de l’agence sur l’ingérence russe dans les élections de 2016. Les enquêtes ultérieures du FBI sur l’attaque du 6 janvier 2021 contre le Capitole des États-Unis et la mauvaise gestion présumée des documents classifiés par l’ancien président Donald Trump ont également contribué à l’augmentation des notes négatives des républicains. Les critiques de Trump et d’autres responsables républicains et leaders d’opinion sur la façon dont le CDC a géré la pandémie ont également aigri les républicains de cette agence.
Par ailleurs, les évaluations largement négatives des républicains à l’égard des agences gouvernementales sont en grande partie dues au fait qu’un démocrate occupe actuellement la Maison-Blanche. En 2019, pendant le mandat présidentiel de Trump, les notes des républicains ont dépassé celles des démocrates dans la plupart des agences, mais en 2021, après l’entrée en fonction du président Joe Biden, c’est le contraire qui s’est produit. Une attitude étonnante dans la mesure l’administration doit rester neutre vis-à-vis du pouvoir politique.
[i] A type of governance made up of potentially secret and unauthorized networks of power operating independently of a state’s political leadership in pursuit of their own agenda and goals (Source : Wikipedia)