Le régime politique américain est fondé sur un système bipartisan, aujourd’hui le part républicain et le parti républicain. Une situation qui semble inscrite dans le marbre. Et pourtant, 63 % des Américains sont actuellement d’accord sur l’idée que les partis républicain et démocrate font « un si mauvais travail » pour représenter le peuple américain qu’« un troisième grand parti est nécessaire ». C’est le niveau le plus élevé depuis que Gallup a posé la question pour la première fois en 2003. Cette année-là, 40% des Américains appelaient à un tiers parti alors que 56% pensaient que les partis faisaient « un travail adéquat de représentation du peuple américain ».
Au cours des deux dernières décennies, la majorité des adultes américains ont généralement convenu qu’un troisième parti est nécessaire. La dernière fois que ce n’était pas le cas, c’était en 2012.
En règle générale, les indépendants politiques sont les plus susceptibles d’être favorables à l’existence d’un troisième parti, et c’est le cas cette année, 75% d’entre eux exprimant ce point de vue. Depuis 2013, pas moins de 70% des indépendants ont déclaré qu’un troisième parti américain était nécessaire depuis 2013.
Le plus souvent, le soutien à un troisième parti parmi les démocrates et les républicains est minoritaire. Cependant, le sondage de cette année montre que 58% des républicains soutiennent un troisième parti politique américain, contre 45% il y a un an. Est-ce le résultat du total dysfonctionnement du parti républicain dont le dernier épisode est la révocation du speaker républicain Kevin McCarthy, la première fois de l’histoire des Etats-Unis.
La seule autre fois où plus de républicains que maintenant ont exprimé leur soutien à un troisième parti était lors d’une réunion fin janvier / début février 2021 menée après les émeutes du 6 janvier, la deuxième destitution de Donald Trump et l’investiture présidentielle de Joe Biden. Il y a également eu une légère augmentation du soutien à un troisième parti parmi les démocrates cette année, passant de 40% à 46%, bien que moins d’une majorité soutienne l’idée.
Depuis plus d’une décennie maintenant, la plupart des Américains ont exprimé le désir d’un troisième grand parti politique, mais aucune réelle organisation n’a émergé. On pense toutefois que des candidats tiers ont joué les trouble-fête dans des États clés lors des élections présidentielles précédentes, notamment Ralph Nader en 2000 et Jill Stein en 2016. Ainsi, il n’est pas clair dans quelle mesure les Américains désirent réellement un troisième parti, au lieu d’exprimer simplement leur frustration à l’égard des deux partis qui contestent les élections et gouvernent dans le système bipartite américain.
À l’approche de l’élection présidentielle de 2024, l’ex-professeur de religion et d’histoire des Afro-Américains à l’université de Princeton, Cornel West a déclaré sa candidature à l’investiture du Parti vert, et le Robert F. Kennedy Jr, neveu de l’ancien président mais surtout antivax et complotiste, devrait annoncer sa candidature présidentielle indépendante. En outre, l’organisation « No Labels » prépare le terrain pour présenter un candidat tiers représentant le centre politique. Cet effort est en partie conçu pour répondre à l’opinion publique en faveur d’un tiers parti et à l’insatisfaction face à une revanche de l’élection de 2020 entre Donald Trump et Joe Biden, qui sont tous deux impopulaires auprès des adultes américains.
L’idée d’un troisième parti n’est pas vraiment réaliste. Et si l’on en juge par les récentes élections, son existence n’est pas vraiment de créer un candidat ayant quelques chances de gagner mais d’influer sur le résultat en poussant l’un des deux candidats. Ce fut peut-être le cas en 2016 ou en 2000, même si aucune preuve définitive n’a été apportée. En 2016, les candidatures de Jill Stein, parti des verts, a peut-être causé la défaite d’Hillary Clinton tout comme celle de Ralph Nader, représentant également le parti des verts, a peut-être causé celle d’Al Gore.
Le candidat qui a réalisé le meilleur score en tant que candidat d’un parti tiers est Ross Perot qui, en 1992, a récolté près de 19 % des votes populaires. Mais la structure du système est telle qu’il n’a réussi à remporter aucune voix de grands électeurs.