Le trublion Matt Gaetz a remporté la première manche : soumettre au vote le renvoi du Speaker Kevin McCarthy de la Chambre des représentants.
Le premier vote n’a pas permis de « tuer » la motion, le second de démettre le Speaker de ses fonctions mettant la Chambre des représentants dans une situation plutôt chaotique. Cette éviction a été possible grâce aux voix des 8 membres de l’ultra-droite (Les républicains qui ont voté non comprenaient les représentants Andy Biggs de l’Arizona, Ken Buck du Colorado, Tim Burchett du Tennessee, Eli Crane de l’Arizona, Matt Gaetz de Floride, Bob Good de Virginie, Nancy Mace de Caroline du Sud et Matt Rosendale du Montana) auxquels se sont ajoutées (évidemment) toutes celles de démocrates. Il est vrai que Kevin McCarthy ne leur avait pas laisser beaucoup de choix puisqu’il ne souhaitait nouer aucun accord avec eux.
Cet événement – la tentative de déchoir le Speaker – devait arriver tôt ou tard et pourtant il est rarissime. Il est intervenu à deux reprises seulement dans l’histoire des Etats-Unis. C’est tout sauf un événement banal même si, avec les républicains MAGA, il faut s’attendre à tout. Les raisons avancées par le trouble-fête serait la dépendance speaker vis-à-vis des démocrates pour adopter le projet de loi de financement – ce qui était nécessaire pour éviter une fermeture parce que M. Gaetz et 20 de ses collègues s’opposaient à un projet de loi de financement temporaire. Et il a accusé M. McCarthy d’avoir menti à ses membres républicains lors des négociations sur les dépenses et d’avoir conclu un « accord secret » avec les démocrates sur le financement de l’Ukraine, auquel lui et des dizaines d’autres conservateurs se sont opposés. En fait, il y avait peut-être plus de différences entre Matt Gaetz et les républicains traditionnels (disons non MAGA) qu’entre ces derniers et les démocrates. Ils ne sont d’accord sur pas grand-chose ; à commencer par l’aide apporter à l’Ukraine qu’ils souhaitent supprimer.
Il s’agit seulement de la troisième tentative dans l’histoire de la Chambre de destituer un président en exercice mais la première à avoir réussi. La première fois, il faut remonter en 1910 pour qu’une poignée de 12 rebelles tentent de démissionner le président Joe Cannon (R-Ill.). La deuxième a échoué dans un premier temps mais réussi dans un second poussant speaker John Boehner (R-Ohio) en 2015 à sa démission.
Cette destitution réussie était annoncée car le ver était dans le fruit dès son élection besogneuse. En effet, il a fallu pas moins de 15 tours pour faire émerger Kevin McCarthy comme speaker. Pour arriver à cette fonction, Kevin McCarthy a dû faire des concessions à la frange d’extrémistes de droite, en particulier en donnant la possibilité à un seul député de lancer une procédure d’éviction.
Le débat qui a eu lieu hier entre républicains avant le vote était surréaliste mais on sait que les amis d’aujourd’hui peuvent devenir les meilleurs ennemis. « Ils sont prêts à plonger cette institution (la Chambre des représentants) dans le chaos et ce pays dans l’incertitude pour des raisons qu’eux seuls comprennent vraiment », a déclaré le président des règles de la Chambre, Tom Cole (R-Okla.).
Les démocrates n’ont même pas besoin de quoi que soit pour faire état de leur jubillation car les républicains mettent au grand jour leurs différences, voire leurs désunions. De son côté, Donald Trump, qui avait aidé Kevin McCarthy à devenir speaker, n’a apparemment pas bougé le petit doigt pour surmonter cette épreuve. Il est vrai qu’il a d’autres préoccupations actuellement alors que le juge a déjà ordonné le retrait des licences commerciales dans l’Etat de New York et la dissolution de certaines de ses sociétés. Il est lui-même, face à sa propre survie.
Kevin McCarthy a annoncé aux républicains de la Chambre peu après le vote qu’il ne se représenterait pas. La Chambre commencera le vote du président le 11 octobre. Avant le vote, le chef de la minorité à la Chambre, Hakeem Jeffries (D-N.Y.), a déclaré qu’il était « maintenant de la responsabilité des membres du GOP de mettre fin à la guerre civile républicaine de la Chambre ».
Parmi les noms évoqués pour remplacer l’ancien speaker, on peut citer le chef de la majorité Steve Scalise (R-La.), le whip[i] de la majorité Tom Emmer (R-Minn.) Tom Cole (R-Okla.), Patrick McHenry (R-N.C.), Kevin Hern (R-Okla.) et Mike Johnson (R-La.). Le futur speaker n’aura pas la tâche facile car le schisme avec les extrémistes sera toujours le même.
[i] Dans les pays appliquant le système de Westminster ainsi qu’aux États-Unis, le whip est le parlementaire ou représentant chargé de veiller à ce que les élus de son parti soient présents et votent en fonction des consignes du parti (Source : Wikipedia).