Donald Trump n’a sans doute pas la subtilité de Suetone qui dans la Vie des douze Césars écrivait : « On voit dans ses lettres autographes quelques locutions remarquables qui lui étaient familières en conversation. Par exemple, veut-il caractériser de mauvais débiteurs, il dit “qu’ils paieront aux calendes grecques ».
Or les calendes grecques n’existent pas dans le calendrier romain.
L’avantage avec Donald Trump est qu’il affiche ses turpitudes au grand jour. Pas besoin de chercher dans des manigances compliquées ou des intentions cachées.
En 2016, il avait gagné les élections grâce à un système électoral archaïque. Trois états, lui avaient donné la majorité des grands électeurs, mais il avait près de trois millions de voies populaires de moins que son opposante. Son égo en a pris un coup. Qu’à cela ne tienne, trois millions de votes illicites ont donné à Hillary Clinton cet avantage.
Dans les mois qui ont précédé, l’élection de 2020, Donald Trump a commencé à expliquer qu’i gagnerait les élections et que, s’il les perdait, c’est parce qu’elles étaient frauduleuses. Il a perdu les élections – toujours de justesse à cause de ce même système électoral. Quelques milliers de voix dans trois ou quatre états clés lui auraient permis de gagner. Mais comme il a perdu et que donc les élections étaient frauduleuses, il était tout à fait légitime à demander au secrétaire d’état de Géorgie de lui trouver 11 780 voies pour lui donner la victoire de l’état.
Les différentes initiatives pour invalider les élections n’ayant pas abouti, il a tout simplement décidé de ne pas concéder sa défaite et qu’il avait gagné les élections de 2020. Et depuis le 20 janvier 2021, il répète inlassablement ce message (ci-dessous message publié par Donald Trump sur son réseau social).
En novembre 2022, il a déclaré sa candidature aux élections de 2024. Cette position de candidat pourra toujours servir d’assurance-vie en cas de problème.
Depuis, la justice est en train de passer avec des inculpations en cascade. La plus grave à ce jour étant celle des documents confidentiels et top secret. Non seulement, l’ex-président a subtilisé ces documents mais il a mené en bateau le ministère de la Justice lorsque ce dernier a demandé qu’on lui restitue.
Dans les méandres de la Justice que Donald Trump et ses avocats connaissent parfaitement (On évalue à plus de 4 000, le nombre de procès dans lesquels il a été impliqué), ces derniers ont fait une demande que l’on peut qualifier d’extraordinaire et que l’on peut résumer simplement : « attendre que les élections de 2024 soient passées ». L’argument est écrit noir sur blanc, sans détour ni fioritures :
« This extraordinary case presents a serious challenge to both the fact and perception of our
American democracy. The Court now presides over a prosecution advanced by the administration of a sitting President against his chief political rival, himself a leading candidate for the Presidency of the United States. Therefore, a measured consideration and timeline that allows for a carefuland complete review of the procedures that led to this indictment and the unprecedented legal issues presented herein best serves the interests of the Defendants and the public ».
« Based on the extraordinary nature of this action, there is most assuredly no reason for any expedited trial, and the ends of justice are best served by a continuance » expliquent les avocats de Donald Trump en poursuivant « The Court should, respectfully, before establishing any trial date, allow time for development of further clarity as to the full nature and scope of the motions that will be filed, a better understanding of a realistic discovery and pre-trial timeline, and the completion of the security clearance process. »
De telle sorte que le président deviendra alors intouchable. Il pourra alors se pardonner lui-même.
La réponse du conseiller spécial Jack Smith ne s’est pas fait attendre. La demande est à la « limite du frivole ». Cette demande « is no basis in law or fact ».