Pendant les deux premières années de son mandat, Joe Biden avait les coudées relativement franches dans la mesure où il bénéficiait d’une majorité au Congrès. Avec la majorité des républicains à la Chambre des représentants. Dès leur entrée à la Chambre, les républicains sont revenus à leur refrain habituel : pas de hausse d’impôts et baisse des dépenses. Un début de chantage dans la décision à venir du rehaussement du plafond de la dette. Ils ont déjà oublié que, par trois fois, il l’avait mis cette décision à exécution pendant le mandat du président précédent. Comme les dépenses décidées par des démocrates comptaient double. Lors de son discours sur l’Etat de l’Union, Joe Biden a subtilement pris au piège les républicains en avançant l’idée qu’ils voulaient réduire les programmes sociaux, principalement Medicare et Social Security (Retraite). Tollé des républicains qui a conduit le président à conclure qu’il y avait donc accord sur ce point avec les démocrates.
Comme prévu par la procédure d’élaboration du budget, le président vient de publier son projet de budget 2024 qu’il a présenté comme un « a blue-collar blueprint to rebuild America
in a fiscally responsible way that leaves no one behind ». Ce message de défense des classes moyennes est celui que ne cesse de répéter Joe Biden depuis qu’il est président. Joe Biden développe les idées que Donald Trump avait lui aussi mis en avant : « For too long, though, the backbone of America, the middle class, has been hollowed out. Too many American jobs were shipped overseas (…). Once-thriving cities and towns have become shadows of what they were. My economic vision is about investing in those places and people who have been forgotten. That is what we have done in these historic past 2 years ».
Pour Donald Trump et les républicains MAGA et autres populistes de droite, il s’agit principalement d’attirer les voix de ces « blue-collar voters ». Rien de plus. Pour ensuite, mettre en place une politique traditionnelle de baisse des impôts. Joe Biden, lui, en tire les conclusions pour définir une politique dans laquelle le gouvernement à un rôle à jouer comme ce fut le cas avec Franklin Roosevelt ou Lyndon Johnson.
Joe Biden a donc publié un budget de 6 880 milliards de dollars dont l’idée de base est que les classes aisées et les entreprises paient « une juste part ». Côté dépenses, Joe Biden propose 885 milliards de dollars de dépenses globales de défense, à la fois pour aider à financer la guerre contre la Russie en Ukraine et pour renforcer le budget d’approvisionnement du Pentagone. Pour les programmes nationaux, une priorité absolue traditionnelle pour les démocrates, il demande encore plus, proposant quelque 1 000 milliards de dollars pour les dépenses discrétionnaires dites non liées à la défense. Les dépenses obligatoires – pour la sécurité sociale, Medicare, Medicaid et d’autres programmes – constituent toujours la majeure partie du budget fédéral et Biden propose plus de 4 200 milliards de dollars de dépenses l’année prochaine.
Pour atteindre ses priorités en matière de dépenses, qui comprennent le renforcement de Medicare et la protection de la sécurité sociale, Biden compte sur les dépenses déficitaires et envisage un déficit de 1 800 de dollars l’année prochaine.
Joe Biden a cherché à présenter son budget comme un réel effort pour réduire les déficits, affirmant qu’il réduirait les dépenses globales déficitaires de 3 billions de dollars au cours de la prochaine décennie. Il espère atteindre cet objectif avec une nouvelle taxe sur les milliardaires, les obligeant à payer au moins 25% de tous leurs revenus, y compris les actifs appréciés, en impôts. Il veut également quadrupler la taxe sur les rachats d’actions des sociétés et augmenter le taux global des sociétés de 21% à 28%.
Pour les Américains dont les revenus sont supérieurs à 400 000 dollars, le taux d’imposition de Medicare passerait de 3,8% à 5%, ce qui, selon Biden, prolongera la solvabilité du programme de 25 ans. Comme dans les propositions budgétaires précédentes, il veut augmenter le taux d’imposition maximal de 37% à 39,6%, inversant ainsi un projet de loi fiscal de l’ère Trump.
Dans la présentation de son budget (THE BUDGET MESSAGE OF THE PRESIDENT), Joe Biden rappelle les actions de la première moitié de sont mandat avec trois lois phares (Bipartisan Infrastructure Law, CHIPS and Science Act, and Inflation Reduction) ont réuni une enveloppe de 3 500 milliards pour rénover les infrastructures, et développer les industries du futur, en particulier les énergies propres.
La réaction à cette publication du budget des républicains ne s’est pas fait attendre à commencer par Kevin McCarthy, Speaker de la chambre des Représentants mais pas seulement.
Cette proposition budgétaire qui détaille les priorités et les dépenses prévues pour 2024, ainsi que les sources de financement va être qui est soumise au Congrès. Elle sera examinée par plusieurs comités, tels que le Comité des finances du Sénat et le Comité des voies et moyens de la Chambre des représentants. Ces comités peuvent proposer des amendements et des ajustements au budget proposé par le président.
Une fois que les comités ont examiné la proposition budgétaire auront formulé leurs recommandations, le budget est soumis à la Chambre des représentants et au Sénat pour adoption. Chacune des chambres doit adopter une résolution budgétaire avant de pouvoir entamer la rédaction d’un projet de loi de dépenses.
Il y aura ensuite la conférence de réconciliation. Si les budgets adoptés par la Chambre des représentants et le Sénat diffèrent, une conférence de réconciliation peut être organisée pour résoudre les différences et parvenir à un accord. Cette période risque d’être tendue entre les républicains – désormais sous influence MAGA – et les démocrates. Avec toujours en toile de fond, la décision à venir du rehaussement du plafond de la dette.
Après les cris d’orfraies qu’ils ne se sont pas manqué de pousser, les républicains vont maintenir passer à l’étape de la construction où ils vont devoir faire leurs propositions et indiquer dans quels programmes ils veulent faire des coupes (sombres ?).