Alors que la réforme de la santé vient à peine d’être votée -aux derniers soubresauts près qui n’ont pas réussi à remettre en cause le projet : le Sénat a voté la loi dite de réconciliation à 56 contre 43 et la Chambre des Représentants à 220 contre 207- l’institut Gallup a sondé les Américains sur le sujet : 49 % pensent que c’est une bonne chose contre 40 % une mauvaise. Cela contredit la propagande que diffusent les Républicains selon laquelle Barack Obama n’écoute pas « Joe le Plombier » et pousse ce projet pas pure idéologie.
Certes, 49% ne font pas une majorité, mais 40 % encore moins. Les Républicains devraient alors se comporter en « démocrates » acceptant la loi de la majorité. Il est vrai que la méthode dite de réconciliation permettant de ne pas avoir besoin de supermajorité des 60 sénateurs sous peine de subir la stupide pratique du filibuster. Mais rien d’illégal à quelques broutilles près que les sénateurs républicains n’ont pas manqué d’exploiter.
Au-delà de cette simple moyenne, le sondage de Gallup montre que l’adhésion à cette réforme de la santé est inversement proportionnelle à l’âge -en gros les jeunes y sont favorables et les séniors défavorables- et aux revenus – l’adhésion diminue alors que les revenus augmentent.
Désinformation et mensonge, les deux mots sont cachés par Paul Krugman dans un récent article publié par le New York Times. Il est vrai que les républicains n’ont pas lésiné sur les moyens -Le FBI a même fait état de menaces proférés à l’encontre de certains parlementaires qui ont voté la loi- pour intimider les esprits convaincus par le bien-fondé de cette réforme.
Le prix Nobel d’économie 2008 rappelle 3 mythes à propos de cette réforme devenue loi malgré les dernières tentatives de certains républicains pour mettre en évidence des défauts de procédure à propos de complexe opération de reconciliation.
1. Obama met sous la coupe du gouvernement un sixième du PIB, la part que l’économie américaine consacre à la santé
Réguler et subventionner n’est certainement pas synonyme de mise sous tutelle (take over). Déjà les Medicare, Medicaid et autres programmes financent déjà les soins de la moitié des Américains alors que les compagnies privées ne prennent en charge qu’un tiers, le reste étant payé par les citoyens eux-mêmes.
La réforme concerne principalement les citoyens -pas les immigrants illégaux comme l’on fait croire les républicains- qui ne sont pas couverts par leur entreprise et qui doivent s’assurer eux-mêmes. « Et ce marché est un véritable désastre : pas de couverture pour les personnes ayant des problèmes de santé, des contrats annulés en cas de maladie, des cotisations qui augmentent démesurément en période de crise ». La réforme vise à résoudre ces problèmes.
2. La réforme ne prévoit rien pour contrôler les coûts
Selon Paul Krugman, ceux qui revendiquent cette affirmation se fondent sur un rapport de Medicare qui prévoit que les coûts de santé devraient augmenter d’ici 2019. L’augmentation est de 1 % alors que 34 millions de personnes supplémentaires vont être couverts. « Le jeu n’en vaudrait-il pas la chandelle » s’exclame Paul Krugman. Les mauvais esprits ou les mauvaises langues -qui sont souvent les mêmes- mettent en doutent le CBO (Congressional Budget Office), pourtant un augmentation non partisan.
3. La réforme est fiscalement irresponsable
Mais, là encore, il s’agit d’une simple déclaration selon laquelle il est impossible de maîtriser les coûts de la santé. Certes, deux effets poussent dans ce sens : l’espérance de vie n’arrête pas de s’allonger (ce qui est une bonne nouvelle) et les techniques médicales sont de plus en plus sophistiquées et donc chères. Ce qui peut paraître évident, mais ne l’est peut-être pas tant que cela. Car il est possible de penser que de nouveaux médicaments ou traitements permettent d’éviter des interventions onéreuses. Il suffit de se souvenir ce ce qu’a pu coûter la tuberculose lorsqu’il fallait envoyer des malades dans des sanatoriums pendant neuf mois. Aujourd’hui, tout cela à disparu. Imaginons que l’on trouve un vaccin contre le sida.
De même, les thérapies géniques pourront, dans certains cas, remplacer des interventions chirurgicales très coûteuses. Bref, sophistication n’est pas nécessairement synonyme de coûts élevés.
La deuxième voie d’économies potentielles concerne une meilleure gestion de la santé avec la généralisation de l’utilisation des technologies de l’information. Clairement, nous n’en sommes qu’au tout début.
« C’est un plan raisonnable, responsable » conclut Paul Krugman. Malheureusement, les républicains (aucun n’a voté la loi ni au Sénat ni à la Chambre des représentants) ne sont ni raisonnables, ni responsables.