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Time Magazine : Zelensky, homme de l’année

Le magazine américain Time a sélectionné Volodymyr Zelensky, homme de l’année 2022 (pardon personne de l’année). Rarement, un choix n’aura été aussi indiscutable, tant l’ancien acteur, vedette de la série Serviteur du Peuple où il jouait son propre rôle, à venir. Une manifestation exemplaire de ce que l’on appelle une prophétie autoréalisatrice.

On se souvient au début de la guerre d’invasion des troupes russes, le 24 février dernier, les Etats-Unis avait proposé au président ukrainien de l’exfiltrer de son pays et de le placer en sécurité. Il avait répondu assez sèchement : « Le combat est ici. J’ai besoin de munitions, pas d’un chauffeur ».

Depuis, le président élu en 2019, qui avait du mal à appliquer sa promesse de campagne de lutter contre la corruption, s’est transformé en véritable chef de guerre et a galvanisé une nation tout entière. A l’occasion de cette guerre, le sentiment national encore fragile de l’Ukraine s’est largement consolidé.

Le choix (très américano-centré : 62 sont Américains sur 107[1]) du magazine Time n’est pas facile et un peu arbitraire. D’ailleurs, des choix antérieurs sont plus que discutables, parfois rétroactivement parfois sur le moment. On pourrait en citer quelques-uns dans cette catégorie : Elon Musk en 2021, Greta Thunberg en 2019, Joe Biden en 2020, Donald Trump en 2016 et Barack Obama en 2008 et 2012 (simplement parce qu’ils ont été élus président), George W. Bush en 2004 (après la catastrophique guerre en Irak).

Dans la liste des personnalités récemment retenues, Vladimir Putin en 2007 apparait aujourd’hui totalement déplacé même si à l’époque le choix pouvait être défendu. Quoique. Il suffit de relire son discours prononcé à la Conférence de Munich le 10 février 2007 pour exprimer quelques doutes ? Certes il y critiquait non sans fondement le monde unipolaire sous la bannière des États-Unis mais il y a prononcé des formules qui pourraient faire sourire (jaune) aujourd’hui :

« (…) Bien entendu, cela n’a rien à voir avec la démocratie, car la démocratie, c’est, comme on le sait, le pouvoir de la majorité qui prend en considération les intérêts et les opinions de la minorité.

Nous sommes témoins d’un mépris de plus en plus grand des principes fondamentaux du droit international

Il faut rechercher un équilibre raisonnable des intérêts de tous les acteurs du dialogue international.

Le rôle de la diplomatie multilatérale s’accroît considérablement dans ce contexte.

Le passage à la démocratie n’a-t-il pas été pacifique dans notre pays ?

Pourquoi donc faut-il bombarder et pilonner aujourd’hui à tout bout de champ ? Manquerions-nous de culture politique, de respect pour les valeurs démocratiques et le droit, en l’absence d’une menace d’extermination réciproque ? »

Et le leader russe citait alors Franklin Roosevelt : « « Où que la paix soit rompue, c’est le monde entier qui est menacé ».

Parmi les autres choix qui, rétroactivement, peuvent faire sursauter :  

  • Khomeni en 1979
  • Stalin en 1942
  • Adolf Hitler en 1938
  • Pierre Laval en 1931

Comme pour rattraper le temps perdu, en 1975, le magazine américain sélectionnait pas moins de 12 femmes (Susan Brownmiller, Kathleen Byerly, Alison Cheek, Jill Conway, Betty Ford, Ella Grasso, Carla Hills, Barbara Jordan, Billie Jean King, Carol Sutton, Susie Sharp, and Addie Wyatt) comme personnes de l’année

Autre curiosité, Franklin Roosevelt a été personne de l’année à trois reprises, 1932, 1934 et 1941.


[1] Time’s Person of the Year, 1927-Present

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