La première visite d’état d’Emmanuel Macron aux États-Unis, il y a quatre ans, ce fut avec le président Trump. La seconde est à l’invitation de Joe Biden. Sur le plan de la symbolique – une dimension qui ne coûte pas grand-chose pourrait-on ajouter de manière un peu désabusée – tout avait été fait pour séduire et caresser dans le sens du poil le président français : présentation de tous les corps militaires, 21 coups de canon, diner privé en ville, diner officiel, décoration flamboyante supervisée par Jill Biden, prestation du jazzman Jon Batiste… Bref, il est loin le coup de Jarnac de l’accord stratégique AUKUS.
Mais c’est une visite d’état qui a retenu assez peu l’attention des médias à audience nationale. Les Unes du New York Times, du Washington Post ou USA TODAY le jour de l’arrivée du couple présidentielle et de la pléthorique s’intéressent plus à la condamnation de Stewart Rhodes, fondateur de la milice Oath Keeper, pour sédition et conspiration, ou loi Respect for Marriage Act qui vient d’être votée par le Sénat (61-36 avec 12 voix seulement d’élus républicains) pour la protection du mariage gay et interracial.
« Europeans have only themselves to blame for their industrial and strategic failings (…) It’s gotten cold in Europe, the economy is tanking and the natives are getting restless. There’s only one answer: Blame America ». C’est ce qu’écrivait Matthew Karnitschnig dans un article intitulé Europe’s anti-American itch (la démangeaison anti-américaine de l’Europe) publié par le magazine en ligne Politico et résumant ce que pensent nombre d’Américains dont sans doute leur président Joe Biden :
Joe Biden a expliqué que les deux pays partageaient l’essentiel même si parfois quelques divergences, légères, se faisaient jour : « we we share the same values and will remain the core common agenda that we I address all challenges together. And occasionally we have some slight differences but never in a fundamental way ».
On ne sait pas trop ce que ce sont dit les deux présidents pendant leur réunion en tête à tête et accompagnés de leur délégation, mais on a bien entendu les messages pendant la conférence de presse. Celle-ci a été structurée sur deux thèmes principaux : la guerre en Ukraine et le protectionnisme américain.
Sur le premier, une entente parfaire affichée par les deux présidents. Sachant que les Etats-Unis apportent l’aide militaire la plus importante qui permet à l’Ukraine de tenir tête à l’armée russe qui passait être la deuxième du monde. Mais il n’est pas question de forcer le président Zelensky à négocier avec Poutine : « we have to respect the Ukrainians to decide the moment and the conditions in which they will negotiate about their territory and their future », expliquait Emmanuel Macron.
D’ailleurs, faut-il négocier avec Vladimir Poutine ? « There’s one way for this war to end the rational way Putin to pull out of Ukraine number one, but it appears he’s not gonna do that. He’s paying a very heavy price for failing to do it. But he’s inflicting incredible, incredible carnage on the civilian population of Ukraine, bombing, nurseries, hospitals, Children’s homes, it’s sick what he’s doing. But the fact of the matter is I have no immediate plans to contact Mr Putin. Mr Putin is choose my words very carefully. I’m prepared to speak with Mr Putin. If in fact there is an interest in him deciding he’s looking for a way to end the war. He hasn’t done that yet » a expliqué Joe Biden.
En clair, je suis prêt à négocier si Vladimir Poutine l’est aussi, mais il ne l’est pas.
Sur le second point, le protectionnisme américain, les deux présidents sont d’accord sur leur désaccord. Avant de rencontrer Joe Biden, Emmanuel Macron avait fait part de son agacement sur les conséquences des deux lois votées cet été (IRA et Chips Act) : « Les choix faits, dont je partage les objectifs, en particulier l’Inflation Reduction Act, sont des choix qui vont fragmenter l’Occident », a déclaré Emmanuel Macron en qualifiant alors ces mesures de « super-agressives ».
Le jour de la conférence de presse, le président avait mis les formes pour arrondir le propos.
Répondant à la question sur ces conséquences de ces lois pour l’industrie européenne, Joe Biden n’a pas cillé : « The United States makes no apology and I make no apologies since I wrote it for the legislation you’re talking about. But there are occasions when you write a massive piece of legislation and that has almost $368 billions dollars for the largest investment of climate change on all of all history. And so there’s obviously gonna be glitches in it and need to reconcile changes in it ».
L’objectif étant de rapatrier les emplois industriels sans faire de tort aux entreprises européennes : « we’re going to continue to create manufacturing jobs in America, but not at the expense of europe ».
Donc, il peut y avoir des ajustements à la marge mais pas de changements de cap en profondeur. Le message de Joe Biden à l’Europe : « Faites comme les Etats-Unis ».
Message reçu par Emmanuel Macron : « The United States of America adopted a piece of legislation for their country, for their industry, which with a comma an objective goal that we share, creating jobs, creating opportunities for the middle class and succeeding in implementing the energy transition. The reality is that the consequences, as we’ve seen in our discussions, it is certainly not the intention of the United States, but as a matter of fact projects that were growing being developed in Europe (…) therefore I believe we need to re synchronize as I say, find a new policy to clarify our goals and continue together (…) We want to succeed together, not one against the other »
On est donc d’accord : ajustements à la marge, oui, en profondeur non.
Dans ces conditions, où est le problème ?
1 Commentaire
Arnulfo
Bel article, je l’ai partagé avec mes amis.