Dans une interview sur CNN, la candidate Kari Lake, pro-Trumper parmi les pro-Trumpers, a refusé de déclarer qu’elle accepterait le résultat des élections dans l’hypothèse où elle les perdrait. Cette prise de position est désormais très largement partagée parmi les candidats républicains
Elle est cohérente avec l’idée, également largement partagée chez les républicains, que les élections de 2020 ont été frauduleuses et que Joe Biden n’est pas légitime.
Dans l’édition du 16 octobre de ses Letters from an American, Heather Cox Richardson, professeur d’histoire au Boston College, nous rappelle que cette attitude n’est pas nouvelle.
En 1993, lorsque les démocrates ont voté la loi National Voter Registration Act of 1993, les républicains ont décrit cette loi « as special efforts to enroll core Democratic constituencies in welfare and jobless-benefits offices ». Et le chef de la minorité des républicains à la Chambre des représentants Newt Gingrich a prédit « a wave of fraudulent voting by illegal immigrants ». Et lorsqu’il est devenu Speaker, à la suite des élections de 1994, il a continué à pousser ce message.
En 1994, le républicain Michael Huffington refusait de reconnaître sa défaite face à diane Feinstein lors des élections sénatoriales. Face à Larry King, il avait déclaré : « I think, frankly, the fraud is overwhelming ».
En 1998, rappelle Heather Cox Richardson, le Congrès de Floride a adopté une loi pour « maintenir » les listes électorales de l’État, en utilisant une société privée pour purger les fichiers électoraux des noms présumés appartenir à des criminels condamnés, à des personnes décédées, à des doublons, etc. La loi imposait le fardeau de rester sur les listes électorales aux individus, qui devaient justifier leur droit d’y figurer. La loi a purgé jusqu’à 100 000 électeurs légitimes de Floride, la plupart d’entre eux des électeurs noirs présumés voter démocrate, avant l’élection de 2000, dans laquelle le candidat républicain George W. Bush a remporté l’État par 537 voix, lui donnant le collège électoral bien qu’il ait perdu le vote populaire.
Cette chimère d’élections faussées a été démultipliée en 2013 à la suite de la publication de l’arrêt Shelby County v. Holder par la Cour Suprême. Cet arrêt a vidé de sa substance la disposition de la loi de 1965 sur le droit de vote exigeant la supervision du gouvernement fédéral sur les élections dans les États ayant des antécédents de discrimination raciale afin qu’ils ne modifient pas leurs lois électorales. Aujourd’hui, moins d’une décennie plus tard, le gouverneur républicain de Floride, Ron DeSantis, a ouvertement envisagé de supprimer les votes démocrates, en décidant d’assouplir les restrictions de vote pour trois comtés républicains dévastés par l’ouragan Ian, mais de refuser d’ajuster les restrictions dans le comté d’Orange, durement touché et à tendance démocrate.
Dans cette prise de position de refuser le résultat des élections en cas de défaite, le grand maître à tous est évidemment Donald Trump, qui près de 20 mois après les élections de 2020 n’accepte toujours pas sa défaite. Une attitude qui a désormais fait tache d’huile.
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