Les États-Unis sont toujours perçu comme l’acteur le plus influent dans le monde devant l’Europe et la Chine, mais les personnes interrogées considèrent que son influence va fortement diminuer au cours des cinq prochaines années. Telle l’une des conclusions de l’édition 2022 du Transatlantic Trends Public Opinion in Times of Geopolitical Turmoil publié par le Think Tank German Marshall Fund of the United States. Un rapport basé sur le sondage d’échantillons représentatifs dans 14 pays : Canada, France, Allemagne, Italie, Lituanie, Pays-Bas, Pologne, Portugal, Roumanie, Espagne, Suède, Turquie, Royaume-Uni et Etats-Unis. Il ne surprendra personne que les citoyens qui perçoivent cette influence comme la plus influente sont les Américains eux-mêmes.
Mais cette influence devrait être amenée à diminuer fortement dans les 5 prochaines années : 64 % aujourd’hui, 37 % dans cinq ans. Cette baisse devrait profiter à la Chine mais dans des proportions relativement modestes. Les Américains eux-mêmes ne croient pas vraiment à cette montée en puissance de la Chine.
Sur ces deux questions, la comparaison entre les opinions françaises et américaine est intéressante et montre une différence d’appréciation importante mais qui suit la même tendance, c’est-à-dire une baisse significative de l’influence des Etats-Unis dans le monde.
Parallèlement à cette évolution, l’influence des Etats-Unis sur la marche du monde est considérée positive. Paradoxalement, les Américains eux-mêmes ne sont pas les plus favorables. Ce sont la Pologne et la Lituanie qui expriment le jugement le plus positif. Le pays qui formule la position la plus défavorable est la Turquie, qui rappelons-le est membre de l’OTAN depuis 1952, c’est-à-dire trois ans seulement après la création de l’organisation internationale. Mais la Turquie de cette époque et celle d’Erdogan sont bien différentes. A noter que la Turquie exprime les mêmes réserves sur l’Union européenne.
Les opinions de ces 14 pays sur la Chine et la Russie sont défavorables pour la première et très défavorables pour la seconde. Il faut préciser que, concernant la Russie, le sondage a été effectué avant l’invasion de l’Ukraine.
Après près de deux ans d’exercice présidentiel, Joe Biden bénéficie d’un taux d’approbation à l’étranger satisfaisant (55 % contre 32 %), en tous cas supérieur à celui de son prédécesseur qui avait donné une mauvaise image des Etats-Unis à l’étranger, à l’exception de quelques exceptions dont la Russie. Là encore, ce sont les Turcs qui ont l’approbation la moins favorable de Joe Biden : 24 % favorables, 65 % défavorables.
Quant aux relations entre les Etats-Unis et l’Union Européenne, le sondage ne prévoit pas beaucoup de modifications : 27 % relations plus étroites, 50 % identiques et 14 % plus distantes. Mais là encore, cette situation pourrait être amener à changer de manière assez radicale en fonction des élections présidentielles de 2024. Imaginons un instant que Donald Trump soit réélu et ce que pourrait être un « America First on steroids ».
Quels sont les défis en matière de sécurité les plus importants ? Il faut rappeler que le sondage a été réalisé en juin et juillet, c’est-à-dire après l’invasion russe en Ukraine. Dans ces conditions, que la Russie ne soit mentionnée que par 17 % des personnes interrogées est plutôt surprenant, les deux autres défis sont la guerre entre les pays et le changement climatique. L’importance de l’OTAN s’est accentuée ce qui ne surprendra personne (78 % en 2022 contre 67 % en 2021). Même la Turquie qui vient au dernier rang est convaincue de l’importance de L’Organisation du traité de l’Atlantique Nord (pour 65 % des personnes interrogées).
Le désir d’implication des États-Unis dans la défense de l’Europe a généralement augmenté à la suite de l’invasion de l’Ukraine. Une majorité écrasante à travers les pays interrogés (72%) veulent les États-Unis quelque peu ou très impliqué, alors que 19 % préféreraient exclure. L’augmentation est la plus forte en Suède (72 % en 2022 vs 45% en 2021) ce qui ne surprendra personne.