Pour ceux qui avaient encore quelques doutes, le témoignage de Cassidy Hutchinson, une assistance de Mark Meadows, chief of Staff de Donald Trump (équivalent du secrétaire général de l’Élysée), enfonce le clou et ne laisse plus de places au questionnement : L’ex-président et un cercle rapproché de conseillers ont fomenté un coup d’état dont le point culminant a été l’attaque et le pillage du Capitole le 6 janvier.
Le reste des supporters de Donald Trump se partagent en deux camps : ceux qui sont prêts à accepter cette vérité et ceux qui le soutiendront jusqu’au bout quoi qu’il arrive. Pour la survivance du mouvement MAGA et l’avenir du parti républicain.
Tout comme Liz Cheney, Cassidy Hutchinson (même si elle est jeune), a un pedigree conservateur impeccable qui devrait plus facilement convaincre les supporters de Donald Trump. Quant à Donald Trump, il répond avec ses arguments habituels : il ne la connait mais cela ne l’empêche pas de la dénigrer.
On sait maintenant que Donald Trump
– savait qu’il avait perdu les élections – tout son entourage immédiat ou presque lui a dit et redit
– mais qu’il n’a pas voulu l’accepter ;
– Aidé par quelques conseillers véreux (John Eastman, Rudy Giuliani, Sidney Powell), il s’est appuyé sur des groupes d’extrême-droite[1] pour organiser une attaque violente du Capitole et invalider les élections ;
– Lors de son discours le jour du 6 janvier, il était furieux parce que ses supporters n’étaient pas assez nombreux (pour la photo) car des détecteurs de métal (magnetometers) avaient été placé : « They’re not here to hurt me. Take the F’ing mags away. Let my people in. They can march to the Capitol from here » ;
– Lorsque les émeutiers ont commencé a crié : « Hang Mike Pence », Pat Cipollone, conseiller de la Maison Blanche, demanda via Mark Meadows que Donald Trump intervienne. Sa réponse est éclairante : « You heard it, Pat. He thinks Pence deserves it. He doesn’t think they’re doing anything wrong » ;
– Donald Trump aurait (le conditionnel est encore de mise car elle n’était pas directement présente) voulu rejoindre ses supporters lors de l’attaque du Capitole. Deux membres de ses services secrets l’en auraient empêché. Ils devraient témoigner sous serment prochainement, on en aura donc le cœur net.
– Alors que la foule menaçait Mike Pence, il publia un tweet blâmant le vice-président de l’avoir laissé tomber ;
– Ce n’est qu’à 4h17, qu’il publia un autre tweet demandant aux émeutiers de rentrer chez eux ajoutant « we love you ».
Depuis cette date, Donald Trump continue à diffuser le Big Lie selon lequel il a gagné les élections et que Joe Biden n’est pas un président légitime. En parallèle, il fait les poches de ses supporters en demandant de l’argent soi-disant pour financer le mouvement MAGA et les élections. A ce jour, il aurait recueilli 250 millions de dollars.
Pour résumer : « What emerged from today’s explosive hearing was the story of a president and his close advisors who planned a coup, sent an armed mob to the Capitol, approved of calls to murder the vice president, and had to be forced to call the mob off. Two of the president’s closest advisors then asked for a presidential pardon » (Source : News letter Heather Cox Richardson du 28 juin).
Aujourd’hui, ce pose deux questions :
– Cette tentative de coup d’état fut un coup d’essai qui n’a pas réussi. La prochaine fois, en 2024, ce sera peut-être un coup de maître qui ira au bout ;
– Fort des preuves accablantes qui s’accumulent jour après jour, le ministère de la Justice (DoJ) va-t-il se décider à engager une action juridique contre Donald Trump et ses associés.
Ces deux questions sont évidemment liées. La réponse à la seconde aura donc une incidence sur la possibilité pour Donald Trump de se représenter en 2024.
On dit souvent que le témoignage de John Dean du 25 juin 1973 a constitué un tournant dans le scandale du Watergate et ont accéléré la chute de Richard Nixon. Celui de Cassidy Hutchinson aura-t-il le même effet ? La différence est que les deux événements se sont déroulés à 50 ans de différence et que le parti républicain à complètement changé. Où sont les Hugh Scott, chef des sénateurs républicains, John Rhodes, chef des représentants républicains et le pourtant très conservateur Barry Goldwater qui, le 7 août 1974, sont venus dire à Richard Nixon qu’il n’avait plus le soutien de son parti ?
[1] In United States politics, the radical right is a political preference that leans towards extreme conservatism, white supremacism, and other right-wing to far-right ideologies in a hierarchical structure paired with conspiratorial rhetoric alongside traditionalist and reactionary aspirations. The term was first used by social scientists in the 1950s regarding small groups such as the John Birch Society in the United States, and since then it has been applied to similar groups worldwide (Source : Wikipedia)