Les 22 et 23 janvier 1973 font partie de ces jours les plus marquants de l’histoire américaine. De fait que le vote Roe v. Wade a pu passer un peu au second plan par rapport aux deux autres informations tombées ces jour-là. D’abord, la nouvelle de la mort de Lyndon Johnson, décédé la veille fait la Une des journaux. Le Vice-président de John Kennedy, devenu président à la suite de l’assassinat de celui-ci et réélu en 1964, décède d’une crise cardiaque le 22 janvier 1973. La nouvelle est diffusée sur les télévisions mais elle ne fait la Une des journaux que le lendemain.
Le 23 janvier à 12h30, Richard Nixon fait une annonce à la télévision dans laquelle il annonce la fin de la guerre du Vietnam :
« At 12:30 Paris time today, January 23, 1973, the Agreement on Ending the War and Restoring Peace in Vietnam was initiated by Dr. Henry Kissinger on behalf of the United States, and Special Adviser Le Duc Tho on behalf of the Democratic Republic of Vietnam.
The agreement will be formally signed by the parties participating in the Paris Conference on Vietnam on January 27, 1973, at the International Conference Center in Paris.
The cease-fire will take effect at 2400 Greenwich Mean Time, January 27, 1973. The United States and the Democratic Republic of Vietnam express the hope that this agreement will insure stable peace in Vietnam and contribute to the preservation of lasting peace in Indochina and Southeast Asia ».
Pris en étau dans le tourbillon historique entre ces deux événements majeurs, le vote de la cour Suprême a pu passer au second plan. Et pourtant, ce vote considéré comme l’un des « most consequential decisions in the history of the Supreme Court » suscite les passions, parfois violentes, depuis près d’un demi-siècle. Et si la Cour Suprême prenait la décision de revenir sur l’arrêt de 1973, il serait certainement au centre de la campagne de mi-mandat de novembre prochain.
Sur les sept juges qui ont voté en faveur de l’arrêt, six ont été nommé par des présidents républicains (encore l’époque des républicains modérés): William Brennan et Potter Stewart par Dwight Eisenhower, Thurgood Marshall, Warren Burger (président de la Cour à l’époque) et Lewis Powell et Harry Blackmun par Richard Nixon. C’est ce dernier qui a rédigé l’opinion de la Cour (Justice blackmun delivered the opinion of the Court). A noter que William Douglas qui fait aussi parti des sept avait été nommé par Franklin Roosevelt en 1939, avant la deuxième guerre mondiale !
Au vu de l’histoire, la criminalisation de l’avortement est relativement récente. Comme le fait remarquer Elizabeth Zoller dans son livre sur les grands arrêts de la Cour Suprême des Etats-Unis, les lois qui interdisent l’avortement ou la tentative d’avortement ne sont pas anciennes, « au contraire, elles découlent de modifications législatives qui pour la plupart sont intervenues dans la seconde moitié du 19e siècle. Trois raisons ont été avancées pour expliquer historiquement l’édiction de telles lois :
– Le produit de la morale victorienne soucieuse de décourager les pratiques sexuelles illicites ;
– les raisons médicales : lorsque les premières lois furent adoptées, la procédure était dangereuse pour les femmes ;
– L’intérêt – certains disent le devoir – de l’Etat de protéger la vie prénatale. Cette raison trouve en partie sa justification dans la théorie selon laquelle la vie est présente dès la conception.
Roe v. Wade: A Legal History
As one of the most consequential decisions in the history of the Supreme Court, Roe v. Wade articulated the right to abortion as a fundamental right. But where did this landmark case originate? In Part One of a three-part documentary series, six law professors discuss how and why Roe v. Wade made it to the Supreme Court.
Part One: To the Court
Part Two: The Right to Privacy
Part Three: The Decision
Sarah Weddington, the attorney who won Roe v. Wade, talks to KPBS about the landmark case.
L’éminent juge Antonin Scalia aurait pour la suspension de Roe v. Wade
Un document du Pew Research Center
A History of Key Abortion Rulings of the U.S. Supreme Court