En novembre 2020, Joe Biden a gagné les élections en recueillant 306 voix de grands électeurs contre 232 pour son concurrent. En 2016, Donald Trump avait remporté le même nombre de voix de grands électeurs (306) et avait qualifié sa victoire de « landslide » (écrasante). Les choses ne sont pas aussi claires tant le système électoral américain est compliqué (et obsolète). Car dans certains états (Michigan, Wisconsin, Pennsylvanie, Arizona, Géorgie), la victoire de Joe Biden s’est faite grâce à un avantage de voix populaires beaucoup plus étroit. Un phénomène qui s’était déjà produit en 2016 mais Hillary Clinton avait concédé sa défaite. Mais Donald Trump n’est pas Hillary Clinton.
Depuis le 7 novembre, date de l’annonce de la victoire de Joe Biden, Donald Trump a contesté cette victoire en invoquant des fraudes électorales, totalement infondées. Cette opération qu’il même comme une croisade depuis est labellisé le « Big Lie » et sert de litmus test pour les républicains. Ceux qui soutiennent Donald Trump dans ce combat bénéficie de son adoubement, les autres sont condamnés et confrontés à un avenir politique incertain. A son test de soutien inconditionnel, il a ajouté un deuxième « Big Lie » selon lequel l’assaut du Capitole le 6 janvier 2021 était une « visite de touristes patriotes ».
Tout ceci, alors que Joe Biden avait remporté plus de 81 millions de voix populaires, soit plus de 7 millions de plus que son adversaire. Dit trivialement, il n’y a pas photo. Les démocrates étaient largement majoritaires en novembre 2020. Aujourd’hui la situation n’est pas si claire et semble avoir évolué en faveur des républicains.
A la fin de 2021, 47 % des Américains s’identifiaient plutôt comme des républicains (republicans ou leaned republicans) contre 42 % qui s’identifiaient comme des démocrates (democrats ou leaned democrats. Un renversement assez spectaculaire puisqu’au début de l’année, la situation était totalement avec un avantage aux démocrates contre les républicains : 49 % contre 40%. C’est ce qu’indique l’institut Gallup dans une note intitulée U.S. Political Preferences Shifted Greatly During 2021.
L’écart de 9 points en faveur des démocrates au début de 2021 et de 5 points en faveur des républicains à la fin de l’année sont les plus importants depuis 1991, date à laquelle l’institut de sondage pose cette question aux Américains. Ce retournement est remarquable dans la mesure où les démocrates ont bénéficient d’un avantage sur leurs concurrents républicains.
Est-ce l’effet de contradiction qui pousserait les Américains à évoluer vers les idées républicaines parce que leur président est démocrate ? « Quoi que vous fassiez, Monsieur le Ministre, pour eux, vous ferez mal. Je vous suggère une idée pour vacciner les 5 millions qui manquent à l’appel : interdisez le vaccin, ils exigeront que tout le monde se le fasse injecter » avait conseillé Claude Malhuret, sénateur de l’Allier lors du vote du pass vaccinal. Suffirait-il de dire aux Américains que Joe Biden est républicain pour qu’il se déclarent démocrates ?
Plus sérieusement, l’évolution des préférences des partis en 2021 est probablement liée aux changements de popularité des deux hommes qui ont été présidents au cours de l’année. Le républicain Donald Trump a terminé son mandat unique en janvier, après avoir été battu aux élections de 2020, avec un taux d’approbation des emplois de 34%, le plus bas de son mandat. Sa popularité avait chuté de plus de 10 points par rapport au jour du scrutin 2020 alors que les infections et les décès par COVID-19 dans le pays atteignaient des sommets alors records, il a refusé de reconnaître le résultat des élections et ses partisans se sont révoltés aux États-Unis. Avec comme point d’orgue l’assaut du Capitol le 6 janvier 2021, dans le but d’empêcher le Congrès de certifierles votes du Collège électoral 2020.
Le président démocrate Joe Biden a bénéficié d’appréciation relativement élevées après son entrée en fonction le 20 janvier, et son approbation est restée élevée au début de l’été, car les infections au COVID-19 ont considérablement diminué après que des millions d’Américains ont été vaccinés contre la maladie. Une vague estivale d’infections liées à la variante delta du coronavirus a clairement montré que la pandémie n’était pas terminée aux États-Unis, et les cotes d’approbation de Biden ont commencé à en subir les conséquences. Pendant l’été, le retrait d’Afghanistan présenté le plus souvent comme chaotique (on peut néanmoins rappeler que l’administration Biden a fait évacuer plus de 120 000 personnes en deux semaines) a fait chuter encore les notes de Biden, dans aux environs de 40 % d’opinion favorables. Puis la reprise de l’inflation et la nouvelle vague d’infections au Covid-19 liée à la vague Omicron à enfoncé le clou.
Quel que soit le parti qui a pris l’avantage dans l’opinion au cours des trois dernières décennies, les élections présidentielles ont généralement été disputées. Et le contrôle de la Chambre des représentants et du Sénat a changé à plusieurs reprises.
Globalement en 2021, alors qu’en moyenne 29 % des Américains s’identifient comme démocrates, 27 % comme républicains, 42 % se déclarent indépendants. Ni républicain, ni démocrate ou en même temps, démocrate et républicain. Sauf qu’il s’agit là une affiliation à un parti qui n’existe pas et qui n’a jamais joué aucun rôle dans les élections, sauf à faire basculer le scrutin d’un côté ou de l’autre.
Néanmoins, ce renversement de tendance est de mauvais augure pour les démocrates lors des prochaines élections de mi-mandat qui pourrait bien voir les deux chambres du Congrès changer de majorité. Ce serait alors la fin du mandat de Joe Biden qui serait alors complètement paralysé. Et pourrait servir de facilitateur pour une réélection de Donald Trump ou l’élection d’un bébé Trump.