Il y a 30 ans, moins de deux ans après la chute du mur de Berlin, Mikhail Gorbachev démissionnait de son poste de président de l’URSS et le lendemain le Soviet Supreme dissolvait l’URSS et se supprimait, la République socialiste fédérative soviétique de Russie devient la Fédération de Russie mettant un terme à plus de 60 ans d’espoir pour les uns et de cauchemar pour les autres. La macabre comptabilité proposée par François Furet dans Le Passé d’une Illusion puis de l’ouvrage collectif le Livre noir du Communisme Crimes, terreur, répression donnent les éléments pour choisir facilement entre les deux branches de cette alternative.
Francis Fukuyama publiait alors un article, devenu fameux, intitulé « The End of History? » qui allait provoquer de grandes controverses. Quelques mois plus tard, il détaillait les idées ébauchées dans un livre intitulé « La fin de l’histoire et le dernier homme ». Le titre ambigu et mal interprété par certains n’était évidemment pas de dire que l’histoire était finie mais il posait deux questions :
- La démocratie libérale est-elle l’aboutissement finale de la philosophie politique ?
- La démocratie libérale peut-elle vraiment satisfaire l’homme ?
Avec une réponse sans certitude que la démocratie libérale basé sur l’égalité et la liberté constituerait l’aboutissement d’un tâtonnement de l’histoire par sa supériorité sur tous les autres modèles. Le modèle économique capitaliste serait le modèle vers lequel toutes les sociétés convergeraient. Une sorte d’avenir radieux pour les peuples du monde était à venir.
Mais force est de constater qu’il n’en a rien été. Le communisme a-t-il disparu de la terre ? Pas vraiment puisque le deuxième pays le plus peuplé de la terre, la Chine, s’en revendique ainsi que la Corée du Nord ou encore Cuba et le Viêt-Nam. D’autres pays, sous la poussée de l’islamisme, sont tombés ou se sont enfoncés dans des régimes théocratiques où l’individu doit se soumettre à la puissance divine. D’autres pays enfin ont fait un retour vers des régimes autoritaires, on parle de démocratures, de démocraties illibérales ou encore de démocraties autoritaires. Dans ce mouvement mondial des régimes politiques, les États-Unis ont pris une voie inquiétante.
La démocratie américaine s’appuie sur un régime bipartisan en dehors duquel rien ne peut se réussir. Aucun candidat indépendant ou appartenant à un parti de circonstance n’a réussi à creuser un sillon durable dans le champ politique ni à jouer un rôle important dans les élections présidentielles, tout au plus un rôle de trouble-fête. Le système électoral indirect a tendance à écraser les candidats en dehors des deux grands partis. En 1992, Ross Perot, le candidat indépendant qui a connu le plus grand succès, n’a réussi à capter aucune voix de Grands Électeurs alors qu’il était crédité de près de 19 % des voix populaires.
Pour garantir un fonctionnement démocratique, la présence de deux partis raisonnables et sensés est nécessaire. Or l’un de ces deux partis, sous l’influence de Donald Trump, a franchi la ligne jaune de la démocratie. Nombre de ses membres sont désormais en ligne avec leur nouveau leader, et les autres n’osent pas se rebiffer, pris en étau entre le chef suprême et les nombreux supporters. Les uns pervertissent le vote pour se maintenir au pouvoir pendant que d’autres ont tenté de renverser le résultat des élections, une initiative qui a commencé avec les déclarations de Donald Trump des mois avant les élections selon lesquels il ne pouvait que gagner pour aboutir au point paroxystique du 6 janvier avec l’assaut du Capitole. Et depuis, les membres du parti républicains sont soumis au litmus test du Big Lie.
« Pouvez-vous dire que l’élection de 2020 n’a pas été volée ? » demande George Stephanopoulos à son interlocuteur. A cette question simple, le sénateur Rand Paul ne peut pas répondre simplement plus d’un an après les élections. Le libertarien, devenu un support de Donald Trump et de son Big Lie, et attaquant systématique du Docteur Anthony Fauci, Monsieur anti-Covid de Donald Trump puis de Joe Biden, ne peut simplement dire que les élections de 2020 ont été intègres et Joe Biden est le président légitime.
https://youtu.be/AG4TRHkQltY
Après la chute de l’URSS, les Etats-Unis avaient donc le champ libre et devenait l’hyperpuissance selon l’expression désormais consacrée inventée par Hubert Védrine, ancien ministre des Affaires étrangères de Jacques Chirac. Et depuis l’histoire semble s’être accélérée, implosion de la bulle Internet en 2000, attaque du 11 septembre 2001, entrée de la Chine dans l’OMC la même année, une Chine qui revendique désormais le premier rang des puissances mondiales, guerre en Irak et en Afghanistan, crise financière de 2008, montée en puissance des régimes islamismes, apparition de Daesh et d’une nouvelle ère du terrorisme, crise sanitaire de la Covid qui met les sociétés sous tension, sans parler des guerres régionales dont on ne parle pas beaucoup, le surgissement de régimes populistes au Brésil, en Turquie, en Inde, aux Philippines …
De son côté, la Russie sous la férule de Vladimir Poutine tente de redorer la gloire passée de l’URSS alors qu’elle est une puissance déclinante mais toujours doté d’un arsenal nucléaire.