Près d’un habitant sur six, soit environ 700 millions de personnes dans le monde émigreraient dans un autre pays si elles en avaient la possibilité, soit plus que la population des deux Amériques. C’est ce que révèle une enquête réalisée par l’institut Gallup dans quelques 135 pays dans le monde.
C’est chez les habitants des pays subsahariens que le désir est le plus intense puisque la proportion de personnes souhaitant émigrer est la plus élevée avec 38 % soit environ 165 millions. A l’inverse, c’est en Asie qu’elle la moins élevée avec 10 % ce qui, étant donnée la densité de population, représente 250 millions de personnes.
Partir, mais pour aller où ?
Quelles sont les destinations les plus convoitées ? Les Etats-Unis viennent largement en tête et recueille 24 % des suffrages, soit quelque 165 millions de personnes. Viennent ensuite le Canada, le Royaume-Uni et la France avec 45 millions devant l’Espagne (35 millions), l’Arabie Saoudite (30 millions) et l’Australie (25 millions). Globalement, l’Europe et l’Amérique du Nord sont les deux destinations les plus désirées, 210 millions d’habitants les déclarent comme l’endroit où ils auraient envie d’aller vivre.
Par construction les Etats-Unis sont une terre d’immigration et cela ne se dément pas. Dès l’origine, les Etats-Unis ont été une terre d’immigration. C’est là une des grandes différences avec de très nombreuses autres nations.
Certes, il y a eu des périodes d’immigrations plus ou moins fortes. En particulier, de 1924, (date d’une loi très restrictive limitant fortement l’immigration), en passant par les années 30 avec la « Grande crise » et une politique d’isolationnisme à la fin des années 50 (avec la période du maccarthisme), l’immigration s’est singulièrement ralentie. L’immigration de masse a été relancée en 1965 avec la nouvelle loi Immigration Act signée par le président Lyndon Johnson le 3 octobre de cette année-là.
De 1820 à l’an 2000, l’immigration a représenté 75 millions d’habitants, c’est-à-dire plus du quart de la population actuelle de Etats-Unis, ou encore la moitié de la croissance démographique. Aujourd’hui, 13 % des américains présents sur le sol des Etats-Unis sont nés à l’étranger, une proportion qui est à peu près la même qu’à la veille de la guerre de 1914-1918.
Cette caractéristique d’Eldorado n’est d’ailleurs pas sans montrer l’image contradictoire que les Etats-Unis suscitent dans le Monde. D’un côté, ils génèrent une assez forte hostilité, même si, sur ce point, l’arrivée de Barack Obama, la situation s’est nettement améliorée. Mais, en même temps, c’est le pays qui a attiré sur son sol et qui attire encore le plus grand nombre d’immigrants.
Les Etats-Unis sont un des rares pays développé dont la population s’est accrue de façon très importante dans les cinquante dernières années. La population a quasiment doublé depuis que John Kennedy a été élu en 1960 : 179 millions contre plus de 304 millions en 2008.
Et cette tendance ne semble pas se ralentir, au contraire elle devrait s’accélérer. Entre 2005 et 2050, la population devrait passer de 296 à 438 millions d’habitants (Immigration to Play Lead Role In Future U.S. Growth U.S. Population Projections: 2005-2050 by Jeffrey Passel and D’Vera Cohn, Pew Research Center – February 11, 2008). Cette évolution distingue nettement les Etats-Unis de tous les pays occidentaux développés. En 1900, la population française représentait près de 50 % de la population américaine. En 2050, cette proportion ne sera plus que de 16 %.
Sauf changement majeur dans la politique d’immigration, à l’horizon 2050, près d’un américain sur cinq sera un immigrant contre environ 12 % actuellement. C’est la population hispanique qui va être amenée à croître la plus vite et de très loin. Déjà aujourd’hui, c’est la minorité la plus importante avec 14 % de la population. Et elle devrait tripler d’ici là, ce qui lui permettra de représenter plus de 25 % de la population. De telle sorte que les Blancs non hispaniques ne seront plus majoritaires et ne représenteront plus que 47 % de la population. Certes, les Etats-Unis ne sont pas organisés en fonction de telle race, telle religion ou de telle culture, mais il semble assez clair que ces évolutions des différentes communautés dans la représentation démographique joueront un rôle important dans l’évolution de ce pays.
Parmi les nombreux films sur l’immigration vers les Etats-Unis, Sin Nombre est le plus récent et montre avec force la dureté des la situation. Conçu un peu comme un road movie, ce film retrace le voyage de trois honduriens qui tentent le voyage jusqu’à la frontière du Mexique et des Etats-Unis. Un quatrième personnage s’ajoute à ce groupe qui a la particularité d’être poursuite par le gang dont il fait partie au motif qu’il a exécuté l’un de ses chefs. Un film qui met en scène toute la violence physique et psychologique qui remplit cet univers impitoyable.