Les Américains sont un peuple optimisme, confiant et sûr d’eux-mêmes, dit-on couramment. Mais un peu rapidement car c’est de moins en moins vrai.
Moins de la moitié des Américains (44 %) déclarent avoir confiance (a great deal/ a fair amount) dans les personnes qui détiennent ou se présentent à des fonctions publiques, rivalisant avec le record de 42 % enregistré en 2016. Parallèlement, une petite majorité (55 %) exprime un niveau de confiance similaire dans les jugements du peuple américain sur le système démocratique, le plus bas niveau que Gallup a mesuré à ce jour (In U.S., Trust in Politicians, Voters Continues to Ebb).
Pour l’institut Gallup, le manque de confiance des Américains envers le gouvernement peut être lié, en partie, à une baisse régulière de la confiance envers les élus qui sont en fin de compte responsables du fonctionnement du gouvernement, mais aussi dans électeurs qui les ont nommés, c’est-à-dire eux-mêmes.
L’institut Gallup, qui mesure le niveau de confiance des Américains sur leurs élus depuis les années 1970), montre une baisse continue de la confiance dans les politiciens et les électeurs au cours des décennies suivantes. Les Américains ont toujours été plus susceptibles d’exprimer leur confiance dans les électeurs que dans les personnes qui occupent ou se présentent à des fonctions publiques, mais les deux tendances ont généralement diminué dans les années 2000 et à nouveau dans les années 2010. Mais statistiquement, les deux variables sont largement corrélées entre elles. Cela peut d’ailleurs se résumer dans l’expression « we the people » qui englobe le gouvernement et les citoyens et s’exprimer par la réflexion un peu triviale : « on a le gouvernement que l’on mérite ».
Il est vrai que le doute instillé dans les esprits après les dernières élections par l’ex-président, largement secondé par nombre des membres du parti républicain, ont de quoi bousculer l’opinion publique. Les révélations qui sortent chaque jour sur les différentes initiatives pour inverser le résultat des élections laissent planer un doute sur la résilience de la démocratie américaine face à des acteurs qui se seraient engagés dans un travail de sape généralisée.
La confiance dans les politiciens est en baisse de 24 points de pourcentage par rapport à son pic de 1974, tandis que la confiance dans les jugements du peuple américain est en baisse de 31 points par rapport à son pic de 1976.
La confiance dans le peuple américain pour porter des jugements dans le cadre du système démocratique a diminué dans tous les groupes d’identification au parti au cours des deux dernières décennies. De plus en plus, ce niveau de confiance est lié à l’appartenance partisane. Depuis 2001, les républicains ont exprimé une plus grande confiance dans les électeurs américains lorsqu’un président républicain occupe la Maison Blanche, notamment de 2001 à 2008 et de 2017 à 2020, et les démocrates ont exprimé plus de confiance dans les électeurs lorsqu’un démocrate est président.
Au début des années 2000, les républicains et les démocrates exprimaient des niveaux de confiance similaires dans les personnes qui détiennent et se présentent à des fonctions politiques. Mais après l’élection de Barack Obama à la Maison Blanche en 2008, la confiance des républicains dans les élus s’est effondrée et n’a pas encore retrouvé son niveau antérieur.
La confiance des Américains dans les institutions, le gouvernement et ses agences a souffert au cours de la dernière année, mais ces notes sont également faibles dans une perspective à long terme. Ces conclusions collectives reflètent un plus grand cynisme envers les institutions gouvernementales et les personnalités qui les représentent et les dirigent, ainsi que les électeurs américains qui les placent dans des rôles décisionnels.
Les républicains et les indépendants, en particulier, sont devenus encore moins confiants envers les élus au cours des 13 dernières années, créant une grande distance entre eux et leurs homologues démocrates.
Face à une telle évolution, l’institut Gallup avait réalisé un sondage sur les réformes à entreprendre il y a quelques années. Parmi celles-ci, on peut citer : référendums nationaux, réforme du financement des campagnes électorales et fonder les résultats de l’élection présidentielle sur le vote populaire. Cette dernière devient de plus en plus impérative pour éviter les contestations qui deviennent de plus en plus fréquentes.
Aucune de ces réformes, bien sûr, n’est devenue réalité – laissant aujourd’hui les conclusions persistantes selon lesquelles les Américains ont un faible niveau de confiance dans leur gouvernement fédéral et dans eux-mêmes.