A ce jour, un peu moins d’un Américain sur deux est pleinement vacciné (48 %), c’est-à-dire qu’il a reçu ses deux doses. Après un démarrage en trombe, l’opération de vaccination patine et est confronté au plafond de verre d’une opposition à une mesure de santé publique. C’est là un phénomène assez général.
Certains états des États-Unis sont plus avancés que d’autres. C’est le petit état du Vermont qui décroche la première place avec 67 % des Vermontois vaccinés, devant le Massachusetts, le Maine, le Connecticut, le Rhode Island, le Maryland, Le New Hampshire et le New Jersey. On remarque qu’il s’agit des États du Nord-Est. A l’inverse, en queue de peloton, on trouve le Tennessee, la Géorgie, la Louisiane, l’Arkansas, le Mississippi et l’Alabama (Le nombre de cas reste modeste dans le Tennessee (460 en moyenne par jour) mais le variant Delta y trouve un terrain très favorable pour s’y développer, +475 % dans les deux dernières semaines). Et il n’est pas besoin de faire des études statistiques approfondies pour découvrir que la fracture entre les deux groupes est béante : Vaccin et appartenance politique sont assez fortement corrélés : les vaccinés en bleu, les non vaccinés en rouge.
D’ailleurs, cela ne fait que refléter les déclarations récentes d’élus républicains qui, après avoir félicité leur ex-président d’avoir réussi le prodige de développer un vaccin en moins d’un an et ainsi de sauver le monde, diffuse des messages qui jette une forte suspicion sur l’efficacité ou la dangerosité de la potion. L’autre grand argument avancé par les opposants à la vaccination est que l’incitation à la vaccination est une atteinte à la liberté. Le Washington Post a fait un montage des déclarations de Mitch McConnell, à l’époque chef de la majorité au Sénat et aujourd’hui de la minorité, Ron Johnson, (R-Wis.) et Ronny Jackson, à l’époque médecin de Donald Trump et aujourd’hui, représentant républicain du Texas (Under Trump, Republicans touted the coronavirus vaccines. Now, under Biden, they’re questioning them). La différence de tonalité est saisissante. La différence, Donald Trump était président, aujourd’hui c’est Joe Biden. Et donc, dans l’approche de politisation à outrance, il est préférable qu’il échoue.
Face aux vagues de désinformation qui touchent les réseaux sociaux, notamment Facebook, La réaction de Kevin McCarthy, le leader de la minorité à la Chambre des représentants est assez représentatif de la pensée républicaine, tendance Trump.
Dans un tel contexte, le Tennessee se distingue par la prise de mesures à tout le moins plutôt surprenante. Le département de la santé de l’état diffusait des messages indiquant aux teenagers qu’ils étaient éligibles au vaccin contre la Covid-19. Puis, la responsable des programmes de vaccination de l’état, Michelle Fiscus a diffusé un mémo qui suggérait que les teenagers pouvaient être vaccinés sans le consentement de leur parent. Et cette semaine, Elle a informé qu’elle avait été licenciée à la suite de plaintes des élus républicains sur les efforts jugés trop importants pour informer les jeunes des possibilités d’être vaccinés. Mais elle ne serait pas la seule dans cette situation. Selon le bulletin d’informations de la Kaiser Foundation, plus de 180 responsables de santé dans 38 états ont été contraints de quitter leur poste depuis le mois de décembre par suite de pressions.
Mais l’état du Tennessee ne s’est pas arrêté en si bon chemin. Selon le Tennessean, le quotidien de Nashville, le département de la santé de l’état vient d’arrêter les programmes de vaccination des enfants et ce pour toutes les maladies. Des mails obtenus par le New York Times indiquent que l’agence de santé de l’état a révisé ses programmes de vaccination ces dernières semaines. Cette situation est la conséquence d’audition à la mi-juin de Lisa Piercey, la responsable de l’agence de santé de l’état, devant le Congrès du Tennessee où des élus ont mis en question les efforts de l’agence de vacciner les mineurs. Les élus accusant l’agence de squeezer les parents dans leurs efforts pour vacciner les mineurs. L’agence a alors retiré des messages pro-vaccination sur sa page Facebook et son compte twitter. Pour aller ensuite dans une révision des programmes de vaccination.