Comme pour la chanson d’Hervé Vilard qui avait été un tube cet été de 1965, la Covid c’est fini dans l’esprit des Américains.
Capri c’est fini
Nous n’irons plus jamais
Où tu m’as dit “je t’aime”
Nous n’irons plus jamais
Tu viens de décider
Nous n’irons plus jamais
Ce soir c’est plus la peine
Nous n’irons plus jamais
Comme les autres années
Hervé Vilard
Les Américains se sentent de plus en plus optimistes à propos de Covid-19, seulement 8% la mentionnent désormais comme le problème le plus important aux États-Unis, le point le plus bas depuis le début de la crise sanitaire. Et la chute est pour le moins brutale : 7 points en mai, 5 points en avril. Le pourcentage le plus élevé citant COVID-19 était de 45% en avril 2020.
Ce chiffre peut paraître très relatif et pourtant c’est l’un des plus élevés, tous problèmes confondus, enregistré par l’institut Gallup.
Pour la première fois depuis le début de la pandémie, le coronavirus n’est pas l’un des deux principaux problèmes des États-Unis. De telle sorte que la vie semble reprendre ses droits et que les Américains retrouvent leurs préoccupations habituelles/ Par odre d’importance décroissante : le gouvernement – c’est-à-dire l’administration Biden et le Congrès à courte majorité démocrate, les relations entre les races, l’immigration et l’économie. Il faut dire que sur toutes ces questions, les républicains ont repris leurs vieilles habitudes de critique systématique. A commencer par Donald Trump qui donne le la et, comme à son habitude fait dans la nuance : “Joe Biden is destroying our nation right before our very own eyes” déclarait-il lors de son meeting de Wellington, près de Cleveland dans l’Ohio. Quant à Tucker Calrson, il n’a pas hésité à appeler le general
La question du gouvernement a dominé la liste des problèmes nationaux de 2017 au début de 2020, mais en avril 2020, COVID-19 l’a déplacée. Le pic pendant la pandémie pour ce thème « gouvernement », qui comprend un mélange de préoccupations concernant le président, le Congrès et le dysfonctionnement du gouvernement, était de 29% en janvier, à peu près au moment où les manifestants ont violemment pris d’assaut le Capitole des États-Unis. Le sommet historique des mentions du gouvernement comme problème le plus important est de 35% en février 2019, juste après la fin de la plus longue fermeture (shutdown[1] du gouvernement américain).
Comme pour de nombreux aspects de la vie aux États-Unis, il y a peu d’accord partisan sur le problème le plus urgent de la nation. Bien que le gouvernement soit le principal problème national pour les partisans de tous bords, les républicains (30 %) sont plus susceptibles de le citer que les démocrates (23 %) et les indépendants (17 %). « government is not the solution to our problem; government is the problem.” On ne le sait que trop depuis Ronald Reagan. Mais comme le fait remarquer Heather Cox Richardson dans sa Letter from an American du 28 juin, “while Reagan limited that statement with the words “in this present crisis,” Republican leaders since the 1980s have worked to destroy the liberal consensus and take us back to the world of the 1920s, a world in which business leaders also ran the government”. En un mot, il en ont fait une généralité et une vérité applicable en tous lieux et en tous temps.
Le sondage a été mené alors que les sénateurs des deux partis négociaient un projet de loi sur les infrastructures et qu’un projet de loi sur les élections parrainé par les démocrates (HR1 « For the People Act ») a échoué au Sénat. Alors que l’immigration est le deuxième problème le plus mentionné parmi les républicains, les relations raciales se classent au deuxième rang pour les démocrates. Les démocrates sont également plus susceptibles que les républicains de nommer la Covid-19.
Certes les chiffres – nombre de cas, d’hospitalisation, de décès – sont en forte baisse (11 000 cas et un peu de 300 décès en moyenne sur les 7 derniers jours) mais le virus est toujours présent. Et comme les Américains ne considérent plus la Covid-19 comme un problème important, la motivation pour se faire vacciner se réduit comme peau de chagrin et s’ajoute dangereusement à la vague des anti-vaccins. De telle sorte que l’immunité collective dont on ne connait toujours pas le seuil réel (au moins 70 % de la population totalement vaccinés) ne serait pas atteinte cette année. Sans parler de l’immunité collective au niveau mondial. A ce jour, un peu plus de 10 % de la population mondiale est totalement vaccinée.
[1] Government shutdowns, in United States politics, refer to a funding gap period that causes a full or partial shutdown of federal government operations and agencies. They are caused when there is a failure to pass a funding legislation to finance the government for its next fiscal year or a temporary funding measure.