La Chambre des Représentants vient de voter à 216 contre 208 la loi H.R. 51 qui consacrerait l’arrivée de Washington D.C. comme 51e état des Etats-Unis. C’est la deuxième année que la Chambre des représentants à majorité démocrate vote une telle loi. La loi va maintenant être passée au Sénat où elle a relativement peu de chances d’obtenir les 60 voix pour être soumis à la signature de Joe Biden. Il faudrait en effet 10 voix de sénateurs républicains ce qui très peu probable.
L’état serait appelé Washington Douglas Commonwealth en mémoire de l’abolitionniste Frederick Douglass qui y a habiter pendant 17 ans et il ne comprendrait pas les bâtiments et les monuments fédéraux.
La critique selon laquelle ce nouvel état n’est pas assez peuplé ne tient pas puisque Washington DC abrite 705 000 âmes alors que les états du Vermont et du Wyoming compte respectivement 623 000 et 578 000 habitants.
« Taxation without representation » telle est la formule inscrite sur certaines plaques minéralogiques des voitures de Washington DC mettant en lumière le fait que les habitants de la ville paient bien des impôts mais ne sont pas représentés au Congrès. Ils élisent un représentant n’ayant qu’un rôle d’observateur et n’élisent personne au Sénat. Depuis 1961, ils ont cependant le droit de vote aux élections présidentielles, grâce au XXIIIe amendement : le district envoie trois grands électeurs. Une situation jugée anormale et qui reprend des critiques très anciennes lorsque les Etats-Unis n’étaient que 13 colonies dépendant de la couronne britannique. Lors de la révolte du Boston Tea Party, Samuel Adams, John Hancock et James Otis formule l’idée qu’un « impôt ne peut s’appliquer qu’aux citoyens qui y ont consenti en élisant des représentants au Parlement. Les colons n’étant pas représentés au Parlement britannique, celui-ci ne peut pas leur imposer de façon légitime une quelconque taxation » (Question fiscale et révolution : l’exemple américain – Christian Monjou).
Ce projet a évidemment l’approbation des démocrates qu’ils considèrent comme une question de droits civiques mais à qui ils apporterait deux sénateurs supplémentaires comme à tous les états et un représentant en fonction de la population comme c’est le cas pour le Vermont, le Delaware, le Wyoming, l’Alaska, le Dakota du Nord et le Montana. La ville de Washington est a très grande majorité démocrate. Aux dernières élections présidentielles, les habitants de la ville ont voté à 92 % pour Joe Biden et 5 % pour Donald Trump.
De leur côté, les républicains y sont farouchement opposés et les membres de la commission on Oversight and Reform et de la sous-commission on Government Operations, James Comer (R-Ky.) et Jody Hice (R-Ga.) ont qualifié l’initiative de « Unconstitutional Power Grab » que les Pères Fondateurs n’avaient certainement pas envisagés. Ah les Pères Fondateurs, que ne leur ferait-on pas dire et penser ! « Today’s hearing is all about creating two new Democratic senate seats » a expliqué James Comer dans ses propos introductifs de l’audition sur le sujet.
Ce à quoi les démocrates rétorquent que les Républicains ont bien poussé l’admission de six nouveaux états en quelques mois entre 1889 et 1890 : Les deux Dakotas, le Montana, l’état de Washington, l’Idaho et le Wyoming. Et ne s’étaient pas cachés alors que des nouveaux états devraient leur donner une majorité permanente.
H.R. 51—D.C. statehood—is plan B of the Democratic Power Grab. Plan A was to eliminate the filibuster in the Senate, but since it appears Joe Manchin isn’t going to play these dirty Democrat games, now Speaker Pelosi is stepping in with an unconstitutional bill to make Washington, D.C.—a city smaller than Columbus, Ohio that just happens to be 90% Democrat—the 51st state.D.C. statehood is a key part of the radical leftist agenda to reshape America, along with the Green New Deal, defunding the police and packing the Supreme Court.
James Comer (R-Ky.)
Certains élus vont plus loin en attribuant d’autres arrière-pensées aux démocrates, notamment celle de modifier l’équilibre des forces à la Cour Suprême. Dans cette offensive, il ne surprendra pas grand monde que le sénateur Ted Cruz a été aux avant-postes : « You didn’t see Republicans when we had control of the Senate try to rig the game. You didn’t see us try to pack the court. There was nothing that would have prevented Republicans from doing what they’re doing other than respect for the rule of law, other than basic decency, other than recognizing that democracy matters, and packing the court and tearing down the institutions that protect our rights is fundamentally wrong. »
Parmi les candidats à l’admission dans l’Union, Porto Rico figure aussi en première ligne. Le 6 novembre 2012 (en même temps que l’élection présidentielle américaine, à laquelle ils ne peuvent participer), les citoyens de Porto Rico ont adopté par référendum à 61 % la possibilité de devenir le 51e État. En novembre 2020 (encore lors de l’élection présidentielle américaine), cette décision est confirmée par 52 % des votants. Ces résultats sont toutefois non contraignants, une telle décision devant être approuvée par le Congrès des États-Unis.
Ordre d’admission des 50 états des Etats-Unis