Après un demi-exil dans sa résidence de Floride, Donald Trump doit prendre la parole ce dimanche à la Conservative Political Action Conference. Avec un message simple : je suis toujours le patron et malheur à ceux qui oseront se mettre en travers de ma route. Et peut-être un second selon lequel il est le candidat naturel pour 2024.
Donald Trump à la conférence CPAC 2019
La question est de savoir quel est le poids actuel des républicains anti-Trump ou qui préféreraient tourner la page et celui des fidèles inconditionnels. Si ces derniers l’emportent, alors le parti républicain deviendra le parti trumpoblicain et les opposants n’auront plus d’autre choix que de le quitter ou de se soumettre. La force de Donald Trump est le soutien sans faille de sa base qui constitue une grande partie des 74 millions d’électeurs qui ont voté pour lui. Si au contraire la résistance à la vague Trump prédomine, alors ce dernier a toujours la possibilité de créer son propre parti, le nom a déjà été suggéré, le Patriot Party. Après la crise financière de 2008, le Tea Party a tenté de prendre le pouvoir au sein du parti républicain. En choisissant Sarah Palin, John McCain avait donné de la visibilité à ce nouveau courant avant même qu’il existe. Le candidat républicain avait par la suite déclaré qu’il regrettait ce choix. Mais il n’est resté qu’un courant du parti, certes puissant pendant un temps, mais qui a vu son influence diminuer. Et puis, Donald Trump est apparu en 2015. Il fut d’abord rejeté par l’establishment du parti, mais son élection a tout changé, notamment en raison d’un soutien sans réserve d’une base solide qui s’est à nouveau manifestée en votant massivement pour lui en 2020.
Christine O’Donnell, une des égéries malheureuses du Tea Party
Si Donald Trump créait ce nouveau parti, près de la moitié des électeurs républicains se déclarent prêts à abandonner leur propre parti pour le suivre selon un sondage réalisé par Suffolk University pour le quotidien USA Today. Pire, seulement 27 % affirment qu’ils resteraient dans leur parti. Le quart restant étant encore indécis. On le voit donc, la menace est grande. Et comme la vengeance – un des ressorts de l’ex-président – est un plat qui se mange froid, Donald Trump va s’attacher à placer des opposants dans les primaires républicains aux représentants et sénateurs qui ont osé voter le deuxième impeachment. Et il ne va pas se gêner pour critiquer les leaders du parti qui espèrent tourner la page, Mitch McConnell, le leader de la minorité républicaine au Sénat. Il n’est pas impossible qu’il concentre ses critiques sur le parti républicain plus que sur l’administration Biden. Déjà, les propos de son communiqué après le vote sur l’Impeachment du sénat étaient sans ambiguïté :
« The Republican Party can never again be respected or strong with political “leaders” like Sen. Mitch McConnell at its helm (…) Mitch is a dour, sullen, and unsmiling political hack, and if Republican Senators are going to stay with him, they will not win again. He will never do what needs to be done, or what is right for our Country. Where necessary and appropriate, I will back primary rivals who espouse Making America Great Again and our policy of America First. »
Sur ce terrain, les électeurs ont « le petit doigt sur la couture du pantalon ». 80 % d’entre eux affirment qu’ils seront moins enclins à voter pour un représentant ou un sénateur qui aurait soutenu l’impeachment.
Mais, car il y a toujours un mais, toutes ces possibilités qui s’ouvrent à Donald Trump de garder la mainmise sur la politique américaine sont conditionnées par ses déboires avec la justice. Sur ce point, Donald Trump vient de subir un revers de taille. La Cour Suprême vient de rejeter sa demande de ne pas avoir à fournir ses déclarations fiscales à la Cour du Southern District of New York. Et si l’on en croit son ancien Michel Cohen, qui connaît assez bien le dossier, l’ancien président a du souci à se faire. Parmi les diverses corruptions, il y a le paiement caché à l’ancienne actrice de film pornographique Stormy Daniels pour ne pas révéler les relations sexuelles qu’ils avaient eues avant les élections de 2016.
Mais ce n’est certainement pas le plus grave. Les malversations financières pourraient être les plus graves, en particulier les différences dans l’appréciation de ses propriétés immobilières, surévaluées pour des demandes de prêts et sous-évaluées au fisc pour payer moins d’impôts.
Lorsque, lors d’un des trois débats pour la campagne de 2016, Hillary Clinton avait fait remarquer qu’il n’avait pas payé d’impôts sur le revenu pendant plusieurs années, il avait répondu sans aucune retenue : That makes me smart ». Mais il y a certainement des limites à l’intelligence. En tout cas, si l’on en croit le communiqué publié après la décision de la Cour suprême (voir ci-dessous), il n’y pas de limite à l’imagination. « I could shoot somebody and I wouldn’t lose any voters ». Cela serait sans doute vrai aussi s’il était condamné.
Michael Cohen Says ‘It Does Not Look Good’ For The Former President’s Taxes
Trump fires back at Supreme Court ruling in statement