Il est fort probable que les États-Unis comptabiliseront plus de morts liés à l’épidémie de la Covid-19 que lors de la grippe espagnole il y a un peu plus d’un siècle. Le nombre de morts avaient été évalué à 675 000 morts, mais la comptabilisation n’était pas aussi précise qu’aujourd’hui. Au 11 février ; le décompte macabre du nombre de morts atteint 475 000 morts et il augmente au rythme de 2700 morts supplémentaires chaque jour (moyenne des 7 derniers jours)
Certes la population américaine actuelle est à peu près trois fois plus importante qu’il y a cent ans: 106 millions en 1918/19 et 330 millions aujourd’hui). Néanmoins, la comparaison est frappante en particulier lorsque l’on compare les dépenses de santé et infrastructures hospitalières. Aujourd’hui, les États-Unis consacrent environ 18 % de leur PIB en dépenses de santé contre une moyenne de 11,5 % pour 10 pays analysés par l’OCDE (Canada, Allemagne, Australie, Royaume-Uni, Japon, Suède, France, Pays-Bas, Suisse, Danemark). En 1918, on peut évaluer les dépenses de santé à 1 ou2 % du PIB, car elles étaient de 4,4 % en 1950 selon The New England Journal of Medecine. On peut imaginer assez facilement que le nombre de morts ait été beaucoup plus élevé si la Covid-19 avait frappé le monde et les États-Unis il y a cent ans. Ou inversement, si l’infrastructure de santé était comparable en 2020 à celle existant cent ans plus tôt, il est assez probable que l’épidémie que l’on connaît actuellement aurait fait les mêmes ravages. Pas d’oxygénation, pas d’intubation, des traitements à la poudre de perlimpinpin.
Dans leur petit pamphlet contre les institutions, notamment médicales, Renaud Girard et Jean-Loup Bonnany (quand la psychose fait dérailler le monde, Tracts, Gallimard, n°21 publié en octobre 2020, donc juste après l’été où les chiffres pouvaient laisser à penser que l’on avait maîtrisé l’épidémie en France), s’émeuvent que l’on s’émeuve de Covid. « Rappelons juste qu’à l’hiver 1968-69, alors que nous étions un pays moderne, la grippe de Hong Kong a fait un million de morts dans le monde, dont trente-cinq mille en France. Aucune mesure particulière n’avait été prise et la société n’en garda aucun traumatisme ». Il est toujours difficile d’analyser un phénomène qui n’est pas terminé. Aujourd’hui, nous en sommes à 80 000 morts en France avec tous les efforts qui ont été faits. Dans le monde, nous approchons des 2,5 millions de morts. Si l’on n’avait rien fait, combien en dénombrerait-on ? Trois fois, quatre fois plus ?
Si l’on compare le nombre de décès, l’indicateur le plus important, la comparaison entre la France et les États-Unis tourne aujourd’hui à l’avantage de la première, mais pas de manière déterminante (encore une fois, il faudra finaliser le jugement lorsqu’épidémie sera terminée, car sa cinématique est très différente en fonction des pays) : 120 pour 100 000 habitants en France, 144 pour 100 000 habitants aux États-Unis.
Evolution du nombre de morts et de cas par jour aux Etats-Unis
Evolution du nombre de morts et de cas par jour en France
La bonne nouvelle aux États-Unis est que la situation semble s’améliorer, sans trop savoir pourquoi. L’immunité collective ne peut être atteinte, même si l’on ajoute les personnes ayant contracté la maladie et celles qui ont été vaccinées. Actuellement, les États-Unis observent une décrue plus rapide que celles que l’on connaît. Le nombre (moyenne sur 7 jours) de cas est passé sous la barre des 100 000 par jour alors qu’il avait dépassé les 250 000 début janvier. Il en est de même pour la mortalité même si la baisse en est moins rapide : 2700 morts par jour (moyenne sur 7 jours) contre un peu plus de 4000 à la mi-janvier. En France, le nombre de cas est sur un plateau depuis plusieurs semaines sans évolution perceptible, ni à la baisse, ni à la hausse.
Parmi les questions que l’on peut se poser : pourquoi les pays développés occidentaux ont d’aussi mauvais résultats ?
1 Commentaire