Donald J Trump n’assistera pas à la cérémonie d’investiture de Joe Biden le 20 janvier prochain. Comment en aurait pu en être autrement puisqu’il ne reconnaît pas la légitimité de son successeur et continue à proclamer que les élections ont été frauduleuses. Cette posture avait commencé avant les élections puisqu’il ne pouvait pas envisager de perdre. « Si je perds les élections, c’est qu’elles auront été truquées » tel était le message diffusé de manière répétitive lors de ses différentes interventions. Il a maintenu cette posture après les élections.
Dès le 3 novembre au soir, DT a déclaré sa victoire alors que le dépouillement n’était pas terminé. Et à partir du vendredi midi, alors que les médias ont déclaré la victoire de Joe Biden, il s’est lancé dans une dénégation systématique des résultats sous prétexte de prétendues fraudes. Et alors qu’il perdait ses recours en justice – y compris devant la Cour Suprême – Il s’enfonçait toujours plus dans le déni.
Donc, il ne sera pas présent pour l’investiture de son successeur. Tant mieux pourrait-on dire un peu rapidement d’autant que cette décision a le mérite de la cohérence. Mais cette absence pose le problème d’une transition du pouvoir non assumée par le 45e président et encore contestée par les deux tiers des républicains. D’autant que Donald Trump est le seul président à ne pas avoir concédé la victoire à son opposant. Dans la très grande majorité des cas, cette concession se fait par un discours juste après l’élection. Al Gore avec attendu le 13 décembre pour faire son discours, mais cela faisait suite à la contestation sur les résultats de Floride. Et, là encore malgré des conditions autrement plus problématiques que l’élection de 2020, Al Gore avait eu un respect de la démocratie remarquable d’autant que c’est lui qui, en tant que président du Sénat, avait dû certifier les votes des grands électeurs :
« (…) Now the U.S. Supreme Court has spoken. Let there be no doubt, while Istrongly disagree with the court’s decision, I accept it. I accept the finality of this outcome which will be ratified next Monday in the Electoral College. And tonight, for the sake of our unity as a people and the strength of our democracy, I offer my concession. I also accept my responsibility, which I will discharge unconditionally, to honor the new President-elect and do everything possible to help him bring Americans together in fulfillment of the great vision that our Declaration of Independence defines and that our Constitution affirms and defends ».
Losing Candidate | Concession Date | Election Date | |
2020 | Donald Trump | NONE (see footnote-1) | November 3 |
2016 | Hillary Clinton | November 9 | November 8 |
2012 | Mitt Romney | November 7 | November 6 |
2008 | John McCain | November 4 | November 4 |
2004 | John Kerry | November 3 | November 2 |
2000 | Albert Gore, Jr. | December 13 | November 7 |
1996 | Robert Dole | November 5 | November 5 |
1992 | George Bush | November 3 | November 3 |
1988 | Michael Dukakis | November 8 | November 8 |
1984 | Walter F. Mondale | November 6 | November 6 |
1980 | Jimmy Carter | November 4 | November 4 |
1976 | Gerald Ford | November 3 | November 2 |
1972 | George McGovern | November 7 | November 7 |
1968 | Hubert H. Humphrey | November 6 | November 5 |
1964 | Barry Goldwater | November 4 | November 3 |
1960 | Richard Nixon | November 9 | November 8 |
1956 | Adlai Stevenson | November 7 | November 6 |
1952 | Adlai Stevenson | November 5 | November 4 |
1948 | Thomas Dewey | November 3 | November 2 |
(Source : The American Presidency Project)
Dans l’histoire, ce passage de témoin incomplet où celui qui doit transmettre le bâton n’est pas présent est arrivé très rarement et jamais depuis la Deuxième guerre mondiale. Trois présidents seulement n’auraient pas assisté à la cérémonie d’investiture de leur successeur.
Selon la White House Historical Association, le deuxième président John Adams n’a pas assisté à l’inauguration de Thomas Jefferson. Il a quitté la Maison-Blanche à 4 heures du matin le matin de l’investiture de son successeur. Bien que John Adams n’ait jamais expliqué la raison de son départ, il aurait peut-être voulu éviter de provoquer des violences entre fédéralistes et républicains démocrates, car c’était la première fois que la présidence était transférée à un parti adverse. Il n’a jamais non plus été officiellement invité par Jefferson et ne voulait peut-être pas s’imposer. Mais l’élection de Jefferson n’était pas non plus totalement fluide.
Les deux candidats totalisaient le même nombre de grands électeurs, c’est la Chambre des représentants qui pris la décision en élisant Thomas Jefferson après 36 tours de scrutin. Cette élection marquait aussi le déclin du parti fédéraliste et la domination des démocrates-républicains.
Comme son père, John Adams, le président John Quincy Adams n’a pas assisté à l’inauguration de son successeur. Le président élu Andrew Jackson est arrivé à Washington le 11 février 1829. Il n’a pas appelé le président Adams, pas plus qu’Adams n’a invité Jackson à la Maison-Blanche. Plus tard ce mois-là, le président Adams a déménagé dans un manoir sur Meridian Hill à Washington, DC, et a officiellement quitté la Maison-Blanche le soir du 3 mars, la veille de l’investiture du président Jackson. Là encore, Andrew Jackson, en tant que membre du nouveau parti démocrate, prenait sa revanche sur John Quincy Adams au terme d’une campagne. Jackson était vilipendé sous le sobriquet péjoratif de « jackass » (crétin).
En 1865, Andrew Johnson devenu président à la suite de l’assassinat d’Abraham Lincoln devenait président des Etats-Unis. Les relations entre le président et le Congrès se détériorèrent en raison d’une politique trop laxiste vis-à-vis des Etats du Sud. La rupture intervint en mars 1866 lorsque le président exerça une nouvelle son droit de veto sur les droits civiques (Civil Right Act) en faveur des Noirs, tout en déclarant qu’il y voyait une mesure discriminatoire aux dépens des Blancs. Il termina son mandat dans l’infamie après avoir subi une procédure de destitution. Il échappa de justesse à la condamnation par le Sénat à qui il manqua une voix pour atteindre la majorité des deux tiers. Il n’assista pas à la cérémonie d’investiture de son successeur Ulysse Grant.