Kelli Ward, la présidente du parti républicain pour l’état de l’Arizona (Chairwoman @AZGOP, mom, military wife, family physician, & former AZ State Senator #FightForTrump #KeepAmericaGreat #ProLife #ProFamily #ProFreedom) n’a pas hésité en conseillant à « franchir le Rubicon ». L’expression qui rappelle l’épisode où Jules César revenant victorieux de la guerre des Gaules a donc, elle, franchi l’Atlantique, pour atteindre l’Ouest Américain. Pompée qui dirigeait les affaires à Rome avait ordonné que tout général devait impérativement déposer les armes et disperser ses armées avant de revenir dans Rome, précisément au niveau du fleuve Rubicon. Mais il en fallait plus pour arrêter César qui décida de contrevenir aux ordres de Pompée. En franchissant ce petit fleuve, il s’engageait dans une action irréversible pouvant conduire le pays dans une nouvelle guerre civile. « Alea jacta est » avait-il alors déclaré dans une des célèbres formules que tout écolier de France connaît. C’est effectivement ce qui est arrivé. Pompée dû s’enfuir de Rome avant de perdre la bataille de Pharsale contre César. Rome était instable depuis des décennies. Dans les années 80 av. J.-C., Sylla a été le premier à instaurer un système politique où le pouvoir était largement concentré. César allait poursuivre ce mouvement et transformer Rome en dictature.
Est-ce vraiment ce que souhaite Donald Trump, transformer la démocratie américaine en dictature ? Car dans les faits, c’est ce qu’il a évoqué lors d’une réunion avec ses nouveaux conseillers, Michael Flynn, ex-conseiller à la sécurité nationale, pardonné par Donald Trump alors qu’il avait plaidé coupable à la suite de faux témoignages au FBI, Sidney Powell, nouvelle égérie dans l’univers des faits alternatifs qui affirme que les élections ont été truquées par une conspiration fomentée notamment par Hugo Chavez mort en 2013, Rudy Giuliani et Patrick Byrne, CEO de la société Overstock. Après de dizaines de recours devant les tribunaux et une fin de non-recevoir de la Cour Suprême, il constitue dans son déni de reconnaître la victoire de son opposant et est ouvert à toutes les suggestions, même les plus farfelues.
Ici, il ne s’agissait pas moins que de décréter la loi martiale dans certains états qui ont voté majoritairement pour Joe Biden et de réorganiser des élections. Sachant que nous avons passé la date du 14 décembre selon laquelle les votes des grands électeurs ont été officialisés. Sans même parler de la faisabilité de cette idée tant elle est saugrenue, sa formulation peut sans être hyperbolique être baptisé de « fomentation d’un coup d’état ». Une idée pour le moins surprenante pour le pays régit par la plus ancienne Constitution écrite du monde. Voilà donc où on en est arrivé avec Donald Trump alors que le pays est plongé dans une crise sanitaire la plus grave depuis 1918 avec la grippe espagnole et de la crise économique et sociale qui s’en suit.
Étant donné la personnalité et l’histoire de Donald Trump, un tel comportement ne surprendra pas trop. Il est rendu possible par une emprise sans précédent sur une frange de la population, ceux qui représentent sa base de supporter inconditionnelle, qui ont échangé leur appartenance partisane pour une dévotion et une adulation qui pourraient conduire à s’interroger sur le bien-fondé de la démocratie. De leur côté, les élus républicains, pris en étau entre le marteau Trump et l’enclume des supporters, n’ont pas d’autres choix que de se soumettre et de garantir une complaisance coupable ou de risquer leur mort politique. Peu ont choisi la deuxième solution. Certains parce qu’ils soutiennent totalement Donald Trump, d’autres par peur.
Comme l’a déclaré Mitt Romney tout ceci ne mènera nulle part, mais c’est là où « nous en sommes ». Plus le temps passe indiquant chaque jour plus que le précédent que le 20 janvier à midi, Joe Biden deviendra le 46e président des États-Unis et plus le comportement de celui qui est encore président et dispose de tous les pouvoirs sera chaotique, voire dangereux. A tel point peut-être qu’il faudra actionner le 25e amendement. Mais comme cela n’arrivera pas, Donald Trump se présentera alors comme un grand perdant. Il ne franchira alors pas le Rubicon, mais plutôt la Bérézina battant retraite après une cuisante défaite.