Quand Sleepy Joe se réveillera, l’Amérique se décrispera et se réconciliera ! On peut rêver.
Ce samedi 7 novembre à 17h25, quatre jours après les élections, CNN annonce officiellement (selon ses calculs internes car le dépouillement que Joe Biden est président élu et donc que Kamala Harris devient la première femme, de couleur, fille d’immigrants, un père d’Inde et une mère de Jamaïque, à devenir vice-présidente des États-Unis. Quelques minutes plus tard, Van Jones n’arrive pas à retenir ses larmes d’émotion et de colère de ces quatre années pendant lesquels le président en place n’a pas arrêté de diffuser des paroles racistes et dégradantes. Rick Santorum, ardent supporter de Donald Trump et commentateur de CNN, félicite vice-président Biden devenu président. Un fair-play que de nombreux républicains devraient suivre. Même si modifie son discours sur les craintes que l’élection de Joe Biden laisse planer sur les « gens de son côté ».
Donald Trump restera en plein déni, à 16h55, il tweetait qu’il avait largement gagné.
Même si une circulaire avait été diffusée dans les rédactions de Fox News de ne pas qualifier Joe Biden du titre de President-elect, c’est pourtant ce qui est arrivé. Vendredi 6 novembre vers 16h, heure française, alors que les quelque 50 000 bulletins comptés dans la région de Philadelphie donnèrent l’avantage, CNN commençait à parler de Joe Biden en tant que president-elect. Mais toujours en gardant le conditionnel. Les chiffres avaient quasiment parlé et Joe Biden était en voie de gagner les quatre états encore incertains : Géorgie, Arizona, Nevada et Pennsylvanie.
Il ne manque pas de sel que ce soit la Pennsylvanie qui ait joué un rôle aussi déterminant. En effet, Joe Biden est un enfant du pays, il est né à Scranton. De même l’Arizona et la Géorgie ont donné une majorité à Joe Biden contre un Donald Trump qui n’a pas arrêté de critiquer le héros respectif de ces deux états : John Lewis, le champion des droits civiques dans les années 60 aux côtés de Martin Luther King, et John McCain, l’ex-sénateur qui n’était pas un héros parce qu’il avait été fait prisonnier pendant la guerre du Vietnam.
Si cette victoire se concrétise avec le gain des quatre derniers états en cours de dépouillement se réalise, Joe Biden atteindra les 306 voix de Grands Electeurs, le même niveau que Donald Trump il y a quatre ans. Avec une différence majeure, Donald Trump était minoritaire en voix populaires, près de 3 millions de moins que son opposante, Joe Biden aura un avantage de 6 voire 7 millions de voix sur son opposant républicain. Donald Trump avait qualifié sa victoire de « landslide », comment Joe Biden pourra-t-il qualifier la sienne. Ce qu’il ne fera pas.
L’étape du dépouillement est donc quasiment finie et a parlé. C’est maintenant l’heure des litiges et des démarches judiciaires. Et il est clair que Donald Trump ne va pas s’en priver et tirer dans tous les sens. Et entraîner avec lui tout son entourage dans une catastrophique chute un peu comme Jim Jones, le leader du Temple du peuple Il a déjà dépêché des bataillons d’avocats dans les quatre états mais on ne voit pas vraiment comment elles pourraient aboutir. Car la situation est très différente de l’élection de 2000 entre George W. Bush et Al Gore. A l’époque, le litige était concentré sur un seul état, la Floride et sur quelque 500 voix de différences.
Pour Joe Biden, qui a commencé sa carrière il y a près d’un demi-siècle, c’est la consécration et le résultat d’une opiniâtreté sans pareille. La première fois qu’il a été nommé sénateur, Richard Nixon était à la Maison-Blanche. Sept mandats de sénateurs avant de devenir vice-président de Barack Obama pendant huit ans. C’est là sa troisième tentative, la première en 1988 et la deuxième en 2008. On ne peut s’empêcher de penser à Jacques Chirac et à François Mitterrand qui ont dû aussi s’y reprendre à trois fois pour accéder à la plus haute fonction du pays.
Le plus dur reste à faire car Donald Trump a profondément divisé et stressé le pays. La transition ne sera pas facile et la situation est plus que difficile avec une crise sanitaire, économique, sociale et raciale très marquée. Sans doute plus difficile que la situation dont a hérité Barack Obama en 2008. Et puis, Donald Trump ne va pas lâcher prise et pourrait passer les quatre prochaines années à faire tout son possible et mettre toute son énergie pour maintenir les républicains sous son emprise et ruiner la vie de Joe Biden.