On connaît la défiance quasi viscérale qu’ont les Américains envers leur gouvernement. Les difficultés que rencontre Barack Obama pour faire passer sa réforme de santé le rappelle cruellement.
Dans l’esprit de beaucoup d’Américains, le gouvernement est une sorte de mal nécessaire dont les prérogatives sont limitées aux fonctions régaliennes : les Affaires étrangères, l’Armée, la Justice, la Police pour citer les plus importantes. L’intervention importante dans l’économie qu’à du consentir Barack Obama avec le stimulus, les aides aux banques, aux entreprises comme celles du secteur automobile a tout juste été tolérée, à condition qu’elle ne s’éternise pas trop.
Les Américains craignent que les deux branches du pouvoir politique, l’Exécutif et le Législatif, n’empiètent sur leur liberté. Quant à l’Administration qui fait tourner les rouages de la machine, ils n’en n’ont pas une meilleure image.
Qu’on en juge ! En moyenne, Ils pensent que pour chaque dollar que collecte le gouvernement fédéral, 50 cents – c’est-à-dire la moitié – sont gaspillés. C’est ce une enquête que vient de publier l’institut Gallup. Ce phénomène n’est certes pas nouveau, mais il aurait tendance à s’amplifier. Il y a trente ans, cette proportion de l’argent collecté jeté par les fenêtres « n’étaient que » de 40 %. Elle a touché un plancher dans le milieu des années 80 – la période de Ronald Reagan pour qui le gouvernement était le problème. Cette période de dérégulation avait vu un recul de l’Etat dans tous les domaines.
Les quelques citations du président d’alors en disent long sur l’état d’esprit de l’époque :
« Les gouvernements ont une vision très sommaire de l’économie : Si ça bouge, taxez-le. Si ça continue à bouger, régulez-le. Si ça s’arrête de bouger, subventionnez-le. »
« Le problème n’est pas que les gens ne payent pas assez d’impôts, le problème est que le gouvernement dépense trop. »
Ou encore : « Ne demandez pas au gouvernement de résoudre votre problème, car le gouvernement est en soi le problème. »
Depuis, l’idée de gaspillage n’a fait que s’amplifier pour atteindre ce ratio de 50%, le niveau le plus élevé jamais mesuré. Bien entendu, cette idée n’est pas partagée de la même manière en fonction que l’on soit républicains ou démocrates. Pour les premiers dont l’aversion pour Washington est plus importante, la gaspillage serait de l’ordre de 54% alors que chez les démocrates il ne serait que de 41% Mais finalement ; ce sont les indépendants qui sont les plus virulents (55 cents de gaspillés pour 1 dollar collecté).
Les gouvernements des Etats et des collectivités territoriales seraient affublés des mêmes travers ? Un peu moins : 42 % pour les gouvernements des Etats et 37 % pour les collectivités territoriales.