« Black Voters ain’t Black’ if they’re considering Trump » avait rétorqué à l’emporte-pièce Joe Biden à l’émission de radio The Breakfast Club avec Charlemagne Tha God. Expliquant qu’il n’y avait aucune raison pour laquelle un Noir pouvait considérer voter pour Trump. Peu après, le candidat démocrate présumé a présenté ses excuses « I shouldn’t have been so cavalier ». Pourtant les démocrates savent bien qu’ils ne doivent pas considérer pour acquis le vote des Noirs. Et pourtant, dans la réalité c’est la réalité déjà depuis plusieurs élections.
Cela n’a pas toujours été le cas. En 1956, le président candidat républicain Dwight Eisenhower avait réussi à capter 36 % du vote Noir. Quatre ans plus tard, Nixon avait obtenu 32 % des voix des Noirs ce qui ne lui avait pas permis d’être élu. Mais en 1968, alors qu’il avait lancé sa « Southern Strategy » visant à récupérer les voix des démocrates du Sud et son offensive « Law and Order » comme contre-feux aux événements de l’année 1968, il n’en avait obtenu que 15 %. Depuis cette période, le vote noir est en très grande majorité réservé aux candidats démocrates sous le double effet des initiatives répétées des démocrates de s’adresser aux minorités et des orientations du parti républicain.
Le public des meetings de Donald Trump est parlant, il réunit principalement des Blancs et le discours de Donald Trump ne fait pas dans la dentelle et est parfois ouvertement raciste. « What do you have to lose » avait-il lancé lors de la campagne de 2016 aux Noirs en leur expliquant que leur situation était la pire depuis bien longtemps. L’argument n’avait pas vraiment convaincu puisqu’il n’avait réussi à accrocher que 8 % de l’électorat noir. En 2020, la situation est encore plus tendue puisque les sondages lui donnent en moyenne 5 %. Seul John McCain avait réalisé un moins bon score avec seulement 4 % des votes noirs. Ce n’était pas tant John McCain qui avait un effet repoussoir que Barack Obama un effet attractif.
Cette très forte orientation du parti républicain sur la communauté blanche est un problème qui, s’il subsistait, devrait lui barrer la route des élections nationales, tout simplement en raison de l’évolution démographique.
« The Republican Party is increasingly a party of almost exclusively white Christians » expliquent Steven Levitsky et Daniel Ziblatt, auteurs du livre How democracies Die publié en 2018. « Many Republican voters feel like the country that they grew up in has been taken away from them. If you had to point to one factor that is driving our country’s polarization, it is the anger and fear of a declining white Christian majority. And as long as the Republicans represent only that group, I think they’re going to be a quite radical and dangerous party because it’s they’re increasingly a party that can’t win national elections. That is leading them to play dirty ».
Après la défaite de Mitt Romney, le parti républicain avait publié en 2013 un rapport intitulé Growth and Opportunity Project pour essayer de tirer les leçons des précédents échecs. Le contact était assez simple : « Republicans have lost the popular vote in five of the last six presidential elections (6 sur 7 avec l’élection de 2016 qui n’a pas pour autant empêché d’être élu). « In 1980, exit polls tell us that the electorate was 88 percent white. In 2012, it was 72 percent white… According to the Pew Hispanic Center, in 2050, whites will be 47 percent of the country…The Republican Party must be committed to building a lasting relationship within the African American community year-round, based on mutual respect and with a spirit of caring ».
La victoire a tout fait volé en éclat et le parti républicain, désormais sous l’emprise totale de Donald Trump est devenu le parti des Blancs qui semblent avoir du mal à s’accommoder à l’évolution de l’Amérique vers une plus grande diversité raciale.