Le meurtre de George Floyd par un policier blanc va-t-il faire basculer l’Amérique sur les questions raciales ou est-ce une nouvelle affaire comme il en arrive si souvent qui émeut quelque temps et puis est chassé par une nouvelle actualité ? D’abord, voilà dix-huit jours que des manifestations sont organisées dans tout le pays et bénéficient d’un soutien assez général, dépassant la seule communauté noire. Des leaders démocrates, mais aussi républicains ont apporté leur total soutien à cette cause réactualisée des droits civiques. Et l’enquête que vient de publier le Pew Research Center montre bien que les questions soulevées par ce sombre événement – droit des minorités, remise en cause des attributions de la police, racismes – trouvent un consensus relativement large qui intègre une proportion importante de républicains (Amid Protests, Majorities Across Racial and Ethnic Groups Express Support for the Black Lives Matter Movement).
Une majorité de républicains et de démocrates partagent la même colère à propos de la mort de George Floyd, sont d’accord sur l’existence de tensions entre les Noirs et la police et soutiennent le mouvement Black Lives Matter.
Les relations entre les races ont été un sujet qui a attiré une très forte attention (7 Américains sur 10), allant de la conversation en famille ou avec des amis jusqu’à la participation à une manifestation représentant 6 % de la population, soit entre 10 et 15 millions d’Américains, ce qui est très significatif. Les jeunes de 18 à 29 ans ont été particulièrement actifs puisque 13 % indiquent avoir participé à une de ces manifestations.
Même si, finalement, ce n’est peut-être pas le moyen le plus efficace pour améliorer la situation à moyen et long terme. Les solutions résident plus dans des mesures ayant trait à la vie quotidienne : partager le même travail, former des groupes de parole mélangeant les communautés, favoriser la participation des minorités aux différents postes électifs, notamment sur le plan local.
Le problème des relations raciales est profond et ancré dans la vie quotidienne. Par exemple, alors que 20 % des Blancs rapportent avoir été dans des situations où des personnes autour d’eux étaient suspicieuses à leur égard, les Noirs sont 80 % a avoir fait la même expérience. De même, 9 % des Blancs considèrent avoir été arrêté injustement par la police contre 45 % des Noirs. Au-delà des problèmes des minorités, il y a un problème spécifiquement lié aux Noirs aux États-Unis, car les Hispaniques ou les Asiatiques n’éprouvent pas des inquiétudes aussi prononcées. Le poids de l’histoire est difficile à soulever.