Alors que le nombre de morts égrenés quotidiennement sur les chaînes d’information vient de franchir le seuil des 80 000, les Américains sont très sceptiques sur cette macabre comptabilité. En moyenne, 44 % pensent qu’il y en a plus et 23 % moins. Alors qu’un tel sujet devrait susciter un certain consensus même si la détermination de la cause première n’est pas toujours claire à définir. Par exemple, une personne déjà très affaiblie par une autre pathologie, atteinte du Covid-19 qui succombe, est-elle morte du Covid-19.
Mais la différence d’appréciation sur cette sombre statistique est importante en fonction de l’appartenance partisane. Près de deux démocrates sur trois pensent que le chiffre est plus élevé contre seulement le quart des républicains. Cette appréciation des républicains n’est en fait pas trop surprenante dans la mesure où le président lui-même avait répandu l’idée que l’épidémie n’était qu’une arnaque (hoax) conçue par les démocrates. Et elle a été reprise en boucle par la chaîne Fox News. À moins que ce ne soit l’inverse.
L’heure est clairement au déconfinement, mais tout dépend comment elle est organisée. Dans son audition (virtuelle) devant une commission du Sénat, Anthony Fauci, le conseiller médical cellule de crise de l’administration Trump sur le coronavirus (White House Coronavirus Task Force) a bien mis en garde sur une réouverture mal programmée avec une possibilité de redémarrage de l’épidémie. Là encore, les républicains l’ont vertement critiqué lorsqu’il ose critiquer le président. Et les Américains ne retournent pas au travail « la fleur au fusil », mais ont une évidente appréhension. Et de fait, la confiance des gouverneurs qui accélèrent vers le déconfinement sans prendre les précautions nécessaires en prennent pour leur grade et perdent la confiance de leurs administrés. Les cas exemplaires sont la Floride, le Texas et la Géorgie dont on se souvient que son gouverneur avait indiqué devant les caméras de télévision qu’il venait d’apprendre que les personnes asymptomatiques étaient contagieuses alors que cette information était connue depuis de longues semaines.
Avec le déconfinement, les Américains reprennent donc leurs activités, mais leur évaluation du risque est très variable : maximale pour reprendre l’avion à très faible en cas de livraison d’achats à domicile.
La confiance est aussi mise à mal par cette crise sanitaire. Mais de manière très différenciée qu’il s’agisse du gouvernement fédéral et du gouvernement de l’état. Concernant le premier, personnalisée par Donald Trump, la confiance est élevée chez les républicains, faible chez les démocrates. En revanche, au niveau des états, l’appartenance politique du gouverneur n’a pas une influence déterminante sur l’appréciation que les républicains ou démocrates.