Dans le procès qui va intervenir au Sénat, les deux camps sont en place. Du côté des procureurs, Nancy Pelosi, la Speaker de la Chambre des représentants a constitué son équipe de 7 Ces sept représentants sont Hakeem Jeffries, Sylvia Garcia, Val Demings, Zoe Lofgren, Jason Crow, Jerrold Nadler et Adam Schiff, qui est « procureur en chef ».
Du côté de la défense, Donald Trump a retenu essentiellement des juristes professionnels et aucun représentant : Pat Cipollone, Jay Sekulow, Kenn Starr, Robert Ray, Alan Dershowitz, Pam Bondi et Jane Raskin. Ils sont tous des ardents défenseurs de Donald Trump et sont des habitués de la chaîne de télévision Fow News. On note la présence de Kenn Starr qui avait mené l’enquête lors de l’impeachment de Bill Clinton et qui voulait appeler la barre la terre entière et Alan Dershowitz qui se présente comme un pur juriste, totalement non partisan, dont le seul objectif est de défendre la Constitution. Il a affirmé qu’il aurait fait la même chose pour Hillary Clinton. Quand l’hypothétique peut servir d’argument, car Hillary n’est pas présidente et encore moins mis en accusation.
Mais là n’est pas le plus important. Le plus important est le point de vue adopté par l’ancien professeur de droit de l’université de Harvard qu’il entend défendre pour son client Donald Trump. Celui qui se présente comme un liberal qui a toujours voté démocrate pense que dans l’affaire ukrainienne, il n’y a pas eu abus de pouvoir. Et que même s’il y avait eu abus de pouvoir, ce n’est pas une charge que l’on peut classer dans les catégories « Treason, Bribery, or other high Crimes and Misdemeanors » qui justifieraient de déclencher une procédure d’impeachment. Il est vrai que Alan Dershowitz a écrit un livre intitulé « The Case against impeaching Donald Trump », publié bien avant l’affaire ukrainienne. De là à penser qu’il a établi une conviction qu’il ne fallait pas lancer une procédure contre Donald Trump quoiqu’il arrive…
Jeffrey Toobin, spécialiste juridique de CNN et ancien élève d’Alan Dershowitz, lui pose la question clé : « mais de quel côté êtes-vous Alan ? » Car cette position de juriste décharné et abstrait défendant un texte de 8000 mots écrits il y a 250 ans qui pourrait décrire toutes les situations et ne pas être soumis à interprétation n’a pas vraiment de sens.
Interrogé sur une chaîne concurrente, Laurence Tribe, également professeur de droit à l’université de Harvard, se demande sur quelle planète est tombé son ex-collègue Alan Dershowitz et indique, dans un langage plus fleuri, que cette position est totalement Wacko. Il faut préciser aussi que Lawrence Tribe a écrit un livre intitulé « Impeach: The Case Against Donald Trump » et publié fin novembre 2019. Ici, le point de vue de Lawrence peut se défendre, car l’affaire ukrainienne ne fait que s’ajouter à une liste déjà longue d’offenses qui justifient que Donald Trump doit être destitué.
Quant à Kenn Starr, il avait attaqué sans relâche Bill Clinton certes pour parjure, mais un parjure sur une affaire plus à classer dans les magazines people que dans les revues de relations internationales. Il choisit ici de défendre un président dans une affaire autrement plus grave d’utiliser le levier de président – suspendre un prêt de 400 millions de dollars – à des fins personnelles. On peut s’étonner que Donald Trump l’ait choisi comme avocat de la défense quand on se souvient de ce qu’il a pu dire lors de l’impeachment de Bill Clinton.
On peut s’étonner aussi de la motivation de toutes personnalités à être dans l’équipe d’avocats de Donald Trump dans cette sombre affaire, s’interrogeait un commentateur de CNN ? Car ce ne devrait pas améliorer leur CV.
Cette équipe est plus fait pour faire le show avec des vedettes, l’approche préférée de Donald Trump, plutôt que pour une défendre sobre et factuelle. C’est le point de vue de Preet Bharara, un ancien du fameux Southern District of New York qui a été viré par Jeff Sessions, l’ancien ministre de la Justice de Donald Trump au motif qu’il ne voulait pas donner sa démission comme les 46 autres US Attorney nommé par Barack Obama.