Is it more of the same or is there any major change in the american foreign policy ? Telle est la question centrale à laquelle ont essayé de répondre John Negroponte, ancien secretaire d’Etat adjoint et ancien ambassadeur des Etats-Unis aux Nations Unies et en Iraq et François Bujon de l’Estang, président de Citigroup France, ancien ambassadeur de France à Washington et deux journalistes américains, Edward Cody du Washington Post et Axel Krause, à l’occasion du cycle de séminaire sur les Etats-Unis organisé par l’Ifri et la French-American Foundation.
Première remarque à laquelle on ne peut qu’adhérer : la montagne des problèmes auxquels est confrontée l’administration en place, An Himalaya of problems pour reprendre l’expression de François Bujon de l’Estang.
Pourquoi ne faut-il pas s’attendre à un changement radical de la politique étrangère américaine et cela pour deux raisons majeures. D’abord, celle-ci est définie par la défense des intérêts américains, ensuite elle est déterminée à « 90% » par les événements. Sur ce point, ce qui se passe actuellement en Iran est exemplaire. Qui aurait pu prévoir les événements qui ont suivi les élections en Iran ? Dans le cadre d’une politique générale sur cette question, il a bien fallu que Barack Obama prenne une position. Et il l’a fait d’une manière qui n’a pas manqué de surprendre en ne prenant pas vraiment parti pour l’un ou pour l’autre.
Et pourtant, c’est une prise de position plutôt subtile car soutenir Mir Hossein Moussavi n’aurait fait que donner des arguments au parti de Mahmoud Ahmadinejad en le présentant comme le candidat des Etats-Unis et donc en le diabolisant. Ce que n’a pas manqué de faire le guide suprême Ali Khamenei, mais l’argument est tombé à plat et n’a fait que renforcer les opposants au régime.
Toutefois, dans une certaine continuité, Barack Obama a su montré une nouvelle voie. « S’il est un peu tôt pour porter un jugement, on ne peut que constater que le nouveau président est moins idéologue et plus pragmatique que son prédécesseur », commente John Negroponte. Si l’on voulait faire des comparaisons, on pourrait associer Obama à Franklin D. Roosevelt alors que George Bush serait plus proche de Woodrow Wilson qui voulait exporter le modèle américain au prétexte que les peuples désirent la démocratie.
Sur trois dossiers importants, Edward Cody n’observe pas de changements majeurs : l’Afghanistan, la Chine et le Corée du Nord. La guerre en Afghanistan s’intensifie ou s’enlise selon le point de vue. Certes les Américains se désengagent de l’Irak, mais ils renforcent leur présence militaire et civile en Afghanistan sans aucun signe d’amélioration. Concernant la Chine, les émissaires américains se bousculent sur ce formidable marché sans aucune contrepartie au niveau de l’avancée de la démocratie et des droits de l’homme. Quant à la Corée du Nord, elle continue tranquillement son programme de développement d’armes nucléaires augmentant fortement l’instabilité de la région.
Selon John Negroponte, cinq mois permettent de voir de grandes différences. Un effort pour régler la situation en Irak, la réactivation de discussions avec la Russie sur le désarmement et le problème de la prolifération de l’arme nucléaire, la main tendue à l’Iran sans préalable, la volonté de chercher à nouveau une solution avec la nomination de George Mitchell au Proche-Orient.
François Bujon de l’Etang replace la présidence dans un nouveau cycle qui met fin à une longue période de politique dominée par les Républicains – malgré l’intermède de Bill Clinton. Au-delà des qualités propres de l’homme, Barack Obama suscite un intérêt et de la sympathie de la part du monde entier. Face à l’immensité des problèmes qui auraient pu engendrer une sorte de paralysie tant il y à faire, de nombreuses initiatives ont été prises : dans le désordre, le G20, le sommet de Prague, la visite en Turquie et au Caire, le sommet des Amériques, le processus de paix au Moyen-Orient…
Et des premiers résultats peuvent être observés :
– L’image des Etats-Unis dans le monde qui est sensiblement améliorée ;
– L’engagement d’un dialogue avec le monde musulman ;
– La rupture d’une approche unilatérale ;
– Une nouvelle ambition diplomatique clairement affichée ;
– La volonté de reprendre le leadership dans certains problèmes comme le changement climatique, le contrôle des armements, les régulations financières… ;
– Bref, une sorte de New Deal de la politique étrangère américaine est en train de se dessinée.
Certes, le niveau d’approbation des Américains envers leur président a baissé un peu selon le dernier sondage réalisé par Gallup, mais il reste néanmoins assez élevé – aux alentours de 60 % – étant données les circonstances actuelles. Ce qui donne à Barack Obama la légitimité nécessaire pour entreprendre les initiatives de grande envergure nécessité par la situation actuelle.
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