Tous les pronostiqueurs (indépendamment de leurs opinions politiques) craignent d’écrire toutes les semaines Joe Biden est favori pour finalement avoir à publier que Donald Trump est élu président des Etats-Unis. C’est le syndrome de 2016.
Sept semaines avant les élections du 3 novembre prochain, Joe Biden solidifie un peu son avance sur Donald Trump. Sur le plan national, le candidat démocrate a 6,9 points d’avance mais on le sait l’élection ne se jouera pas au plan national mais seulement une dizaine d’états qui feront basculer l’élection dans un sens ou dans l’autre.
Peu importe que la Californie ou l’état de Washington accorde 60 ou 65 % de ses voix à Joe Biden ou que la plupart des États du Sud votent à 65 ou 70 %. L’élection se jouera dans les États du Minnesota, du Michigan, de la Pennsylvanie, de l’Arizona, de la Floride, de la Caroline du Nord, de l’Ohio…
Alors que le vote de la communauté noire est plié comme on dit trivialement – Donald Trump aura moins de 10 % -, le vote de la communauté hispanique est toujours susceptible de quelques modifications et il peut avoir une importance majeure dans certains états comme la Floride.
Autre indicateur qui n’est pas favorable à Donald Trump : un taux de popularité de 42 % qui ne devrait pas permettre son élection si l’on en croit les précédentes élections. Les candidats-présidents en exercice qui ont été réélu avait tous, au mois de septembre précédent l’élection, un taux d’approbation largement supérieur à celui dont bénéficie Donald Trump. Celui qui a été réélu avec la plus faible popularité a été Barack Obama avec 49 %. A l’inverse, George H.W. et Jimmy Carter étaient en dessous des 40 % et n’ont pas été réélus.
Pendant les quatre années de son mandat, quoi qu’il fasse et quoi qu’il dise, Donald Trump a bénéficié d’un taux de popularité extrêmement stable car il suscite une polarisation extrêmement forte : les pro Trump et les anti Trump. Dans les pro Trump, on trouve les hard-core Trump qui le considèrent quasiment envoyé par Dieu et les anti antiTrump qui ne supporte pas les démocrates et ceux qui critiquent Trump. Donald Trump avait lui-même théorisé cette attitude lorsqu’il avait déclaré pendant la campagne de 2016 : « I could stand in the middle of Fifth Avenue and shoot somebody and I wouldn’t lose any voters ». Une déclaration pour le moins extravagante.
Au début de la crise sanitaire, comme la plupart des dirigeants du monde, Donald Trump avait bénéficié du phénomène « round the flag effect ». Mais la gestion calamiteuse de la crise, ses déclarations fausses ou incohérentes et son comportement erratique l’a rapidement ramené à son étiage habituel. Une occasion d’autant plus ratée que s’il avait fait preuve d’un peu plus d’empathie et de cohérence, il aurait sans doute eu une adhésion beaucoup plus forte, maximisant ainsi ses chances de réélection.
Ce taux de popularité stable, même à un niveau faible, est néanmoins une force dans la mesure où il est rassurant pour le président. Il ne peut rien perdre mais seulement gagner un peu. D’ailleurs, bien qu’il soit président des Etats-Unis, il s’adresse la plupart du temps à sa « base » et lui donne des gages en permanence. Par exemple, cette semaine, il n’a pas hésité à déclarer que si l’on excluait les « Blue States », le taux de mortalité lié au Coronavirus des Etats-Unis serait un des plus faibles au monde. Une affirmation totalement impensable dans la bouche d’un président des Etats-Unis sachant qu’en plus elle est fausse.