Nombre de personnes en prison, nombre d’armes en circulation, nombre de meurtres de masse… Sur ces différents points, les États-Unis constituent une particularité dans tous les pays développés : leur nombre est anormalement élevé. Mais il en est un autre : le nombre de citoyens privés de leurs droits civiques, en particulier du droit de vote. Les African American ont acquis le droit de vote avec le 15e amendement de la Constitution ratifié en 1870. Mais il a fallu près d’un siècle pour qu’il soit appliqué partout. Il a fallu que soit votée la loi Voting Rights Act of 1965 pour que les États du Sud arrêtent d’entraver le vote des Noirs et que la majorité d’entre eux puissent voter.
15th Amendment to the U.S. Constitution
The 15th Amendment to the Constitution granted African American men the right to vote by declaring that the “right of citizens of the United States to vote shall not be denied or abridged by the United States or by any state on account of race, color, or previous condition of servitude.” Although ratified on February 3, 1870, the promise of the 15th Amendment would not be fully realized for almost a century. Through the use of poll taxes, literacy tests and other means, Southern states were able to effectively disenfranchise African Americans. It would take the passage of the Voting Rights Act of 1965 before the majority of African Americans in the South were registered to vote.
On ne rappellera jamais assez que Donald Trump a gagné les dernières élections avec trois millions de voix populaires que sa concurrente. Il a répété ensuite que des millions d’Américains avaient voté illégalement (sans preuve), précisant qu’ils étaient au moins trois millions. Ce chiffre n’est évidemment pas choisi au hasard. Mais en fait, il est un problème pour plus préoccupant : toutes les initiatives prises par certains états pour rendre difficile, voire pour interdire le droit de vote. Sur le premier point, il s’agit de mesures pour décourager certaines populations de ne pas voter : entre autres réductions du nombre de bureaux de vote, papiers d’identité nécessaires pour pouvoir voter… Sans parler du gerrymanderring qui permet de redécouper les circonscriptions pour favoriser un parti.
Sur le second, c’est tout simplement la suppression du droit de vote pour les personnes qui sont sous probation ou en liberté conditionnelle. Selon l’association The Sentencing Project, plus de 6 millions de personnes – 6,1 millions – n’ont pas le droit de vote à la suite d’une condamnation. Un nombre qui a considérablement augmenté ces quarante dernières années : 1,17 million en 1976, 3,34 millions en 1996 et 5,85 millions en 2010. Rapporté à la population en âge de voter : environ 160 millions en 1976 et 240 millions en 2017, la proportion des citoyens qui n’ont pas le droit de vote a plus que triplé passant de 0,7 % à 2,5 %.
Pendant la même période, les États-Unis, tous présidents confondus, se sont lancés dans une politique d’incarcération de masse. En 1970, les États-Unis comptaient 370 000 prisonniers, ils en comptent aujourd’hui 2,3 millions, ce qui représente 40 % de la population carcérale mondiale (la population des États-Unis représente moins de 5 % de la population mondiale). Sachant que dans le même temps, le taux de criminalité a baissé.
Trente états suppriment le droit de vote à ceux qui sont en période probatoire et trente-quatre pour ceux qui sont libérés conditionnels. Selon les états, ce déni de citoyenneté est très variable selon les états. Quatre états, la Floride (21 %), le Kentucky (26 %), le Tennessee (21 %) et la Virginie (22 %) se distinguent tout particulièrement : plus d’un citoyen sur cinq est touché. En Floride, cela représente 1,7 million d’Américains dont 1,5 million qui ont purgé leur peine, ne sont ni en situation de liberté conditionnelle ni condamnés avec sursis soit environ 10 % de la population dont un tiers est Noir. Quand on se souvient par exemple de l’élection de 2000 où 500 voix ont fait la différence de George W. Bush, on comprend facilement les conséquences de ces pratiques.
Globalement aux États-Unis, un Noir sur treize s’est vu retiré son droit de vote, un ratio environ 4 fois supérieur à celui des autres communautés. Une situation qui n’est pas prête d’être modifiée même si certains groupes ont engagé des batailles juridiques. C’est le cas dans l’Arizona où une action est menée par la League of United Latin American Citizen sur les règles qui ont été mises en place par l’État pour pouvoir voter allant contre un avis de la Cour Suprême de 2013.
2 Commentaire
Un Bambara sur le web
Le moins que je puisse dire c’est que j’ai été étonné d’apprendre que malgré toutes les années qui se sont écoulées, la ségrégation raciale est toujours aussi vivace, aux Etats-Unis, au point que soit élaborée une telle machination.
Pour le coup, je ne peux que vous dire merci pour la bonne action que vous faîtes-là en attirant l’attention du public sur cette réalité que beaucoup ne doivent même pas soupçonner.
Eu égard à la pertinence de votre article avec celui que j’ai rédigé sur le droit de vote, j’ai pris la peine d’insérer dans ce dernier un lien vers votre publication : https://hakilikan.wordpress.com/2019/05/16/pourquoi-se-deranger-pour-voter/
Grâce à vous, j’ai appris bien plus que ce je pensais apprendre. A cet effet, je vous remercie encore tout en vous souhaitant une bonne continuation !