L’assimilation dans le discours ambiant entre riches et job creator est devenue courante et l’un des grands arguments pour ne pas augmenter les impôts. Une telle mesure serait de nature à démobiliser les entrepreneurs à créer des emplois et en France de les inciter à s’exiler pour aller sous des cieux plus bienveillants sur le plan fiscal s’entend. Le mouvement Occupy Wall Street (OWS) et la scénographie du peuple des 1 % a pris corps dans la mesure où les inégalités n’ont fait que s’accroître depuis quelques années. Les chiffres sont indiscutables et ont plus à voir avec la logique de Gecko dans le film Wall Street pour qui « greed is good » qu’à une quelconque juste rémunération des compétences ou de l’expertise.
Au-delà du fait qu’il ne faut pas taxer les riches par principe, leurs défenseurs ont toutes les bonnes justifications pour ne pas le faire : une trop forte pression fiscale les inciterait à alors sous des cieux plus favorable, ne les inciterait pas à investir, à créer des emplois… En fait, selon MarketWatch et l’économiste Edward Wolff, moins de 4 % des 1 % les plus riches sont des entrepreneurs.
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Eric Cantor, le chef de la majorité républicaine à la Chambre des Représentants, qui expliquait il y a deux ans qu’il s’opposait à l’augmentation des impôts pour les riches, alias Job Creator, et qu’il fallait exclusivement baisser les taxes.
L’évasion fiscale est un des sports favoris des grandes fortunes qui préféreraient le terme d’optimisation fiscale. De fait, un montant équivalent à la moitié du PIB américain est placé dans des paradis fiscaux. Le Tax Justice Network estime entre 21 et 32 mille milliards de dollars est caché hors des Etats-Unis. Les dix Américains les plus riches ont reçu un revenu cumulé de 50 milliards de dollars en une année représentant environ le salaire annuel d’un million d’infirmières ou de professeurs.
Les entreprises ne sont pas en reste dans cette activité. Entre 1987 et 2008, les entreprises américaines payaient en moyenne 22,5 % de leurs bénéfices en impôts. Depuis 2008, ce taux est tombé à 10 % représentant une perte de 250 milliards de dollars.
L’égalité des conditions avait déjà frappé Alexis de Tocqueville lors de son voyage aux Etats-Unis dans les années 1830. Mais avec la vague d’industrialisation des années 20, la classe moyenne s’est largement développée aux Etats-Unis avec une réduction assez forte des inégalités. Or depuis les années 80, la vague de dérégulation lancée par le gouvernement Reagan et la financiarisation de l’économie, la société américaine est redevenue beaucoup plus égalitaire. Aujourd’hui, seulement 4 pays sur 150 présentent une société plus inégalitaire que les Etats-Unis : La Namibie, le Zimbabwe, le Danemark (surprenant) et la Suisse.