Les Américains seraient, eux, plutôt aux 3 hamburgers et deux portions de frites.
Les Américains mangent mal, ce n’est pas nouveau, mais n’a pas toujours été. Dans les cinquantaines dernières années, les Etats-Unis se sont transformés en une « fast food nation » selon la formule d’Eric Schlosser. Ces nouvelles habitudes alimentaires déplorables trouvent leur source dans plusieurs facteurs. D’abord, les familles (les femmes pour dire les choses plus simplement) passent de moins en moins de temps à la cuisine et font appel aux produits tout préparés pour leur repas par l’industrie agro-alimentaire. Les produits en question ne répondent pas aux meilleurs critères diététiques pour la transformation des produits et de nombreux additifs sont utilisés pour conserver les produits, mais aussi pour masquer leur faiblesse nutritive ou leur carence de goût.
Ensuite, les chaînes de restauration rapide – les fameux fast food qui pourraient aussi s’appeler bad food – se sont développées considérablement. Je me souviens la première fois où je suis allé aux Etats-Unis (en 1977), McDonald annonçait fièrement sur ses panneaux 25 milliards de hamburgers servis. Le nombre a augmenté régulièrement et est devenu tellement grand que la marque aux arches affiche tout simplement des milliards et milliards de hamburgers vendus. D’ailleurs, la crise profite plutôt bien à ces entreprises. McDonald sert près de 60 millions de repas par jour.
Enfin, un troisième facteur pourrait être lié à la présence constante de la publicité alimentaire sur les chaînes de télévision.
Le résultat est simple et sans appel : près d’un Américain sur trois est obèse. Bien sûr, la chirurgie et la pharmacie peuvent être très utile. La petite pilule bleue Alli ne va-t-elle pas arriver de ce côté-ci de l’Atlantique dans les jours à venir. Il y a aussi tous les équipements qui permettent de faire de l’exercice en regardant la télévision. Mais, il y a peut-être mieux à faire dont les deux axes sont simples à définir : d’un côté, un comportement alimentaire sain et de l’autre la pratique régulière de l’exercice physique.
Le 20 mars, en compagnie d’une classe de CE2, Michelle Obama a organisé dans le jardin de la Maison Blanche la plantation d’un jardin potager bio (« organic ») d’une centaine de mètres carrés dont la conception a été pensée avec une grande précision. Mais au-delà de la communication et d’une certaine image que Michelle Obama souhaite donner, cette initiative ne doit pas être sous estimée. En tous cas le message est simple : les produits frais sont irremplaçables et sont bons pour la santé (en supposant qu’ils aient été cultivés dans des conditions acceptables, mais c’est encore là une autre question). Des précédents ont montré que de telles initiatives, visibles et médiatisées, peuvent avoir une certaine influence sur les citoyens.
L’article du magazine The Nation (Michelle Obama’s Fresh Food Revolution) nous rappelle que pendant la deuxième Guerre mondiale, Eleonor Roosevelt a lancé l’initiative « Victory gardens » demandant aux Américains de transformer leur yard en jardin potager afin de permettre aux fermiers (on ne parlait pas d’agriculteur à l’époque) de se concentrer sur l’effort de guerre et de produire l’alimentation nécessaire aux forces alliés. Cela en opposition avec le ministère de l’Agriculture. Mais cette idée a eu une forte résonnance l’esprit des Américains qui se sont volontiers ralliés à cette cause. Et le résultat a été loin d’être ridicule puisque les « victory gardens» ont permis de produire la moitié de la consommation de fruits et légumes de la nation. Michelle Obama pourra-t-elle inspirée à son tour une révolution verte d’une même ampleur ?