2019 sera-t-elle l’« annus horribilis » de Donald Trump ? C’est ce que pensent certains observateurs en ce début d’année. C’est en tous cas la thèse de l’historien Jon Wiener dans un article qu’il vient de publier et intitulé « 2019 will be the worst year of Donald Trump’s Life ». Année qui lui fera peut-être regretter le temps où il était à la tête de ses affaires, tranquille, à l’abri de toutes enquêtes sur sa vie professionnelle et privée.
1974 est la mauvaise année de Richard Nixon, celle où à la suite de l’enquête du Watergate, il est contraint de démissionner alors même que la procédure d’Impeachment avait été lancée mais sans avoir aboutie. En 1998, l’année Monica, Clinton est sorti indemne, voire renforcé, de la procédure d’Impeachment.
Dans les deux cas, en parallèle à l’affaire proprement dite qui les concernait, Nixon et Clinton ont été confrontés à une accusation d’entrave à la justice.
La question est de savoir si Donald Trump finira comme Nixon ou comme Clinton. L’affaire de Nixon était grave – cambriolage du siège du parti démocrate – celle de Clinton relevait plus du théâtre de boulevard et de la vie privée que de l’affaire d’État. En comparaison des deux autres cas, celui de Donald Trump (s’il est avéré) semble beaucoup plus grave.
En particulier il s’agit de savoir s’il y a eu entente avec une puissance étrangère avec un échange de bons (en fait mauvais) procédés : être aidé pour gagner l’élection contre une réduction des sanctions.
Le 116e Congrès commence dans un climat on ne plus conflictuel entre la Chambre des représentants et la Maison-Blanche.
Quelle qu’en soit l’issue, les deux années à venir ne vont pas être un long fleuve tranquille pour Donald Trump avec :
- Une Chambre des représentants désormais contrôlée par les démocrates ;
- Des enquêtes en pagaille : pas moins de 17 en cours et de nouvelles qui vont être ouvertes par les différentes commissions de la Chambre des représentants sur les différentes activités du candidat et du président Trump ;
Dans une tribune du New York Times (Trump’s Big, Beautiful List of Scandals), David Leonhardt liste les scandales qui font actuellement l’objet d’investigations :
– “A complete guide to all 17 (known) Trump and Russia investigations,” by Garrett Graff, Wired.
– “The Steele Dossier: A retrospective,” by Sarah Grant and Chuck Rosenberg, Lawfare.
– “How Donald Trump got caught in a legal vise,” by Timothy O’Brien, Bloomberg Opinion.
– “Adam Schiff’s plans to obliterate Trump’s red line,” by Jeffrey Toobin, The New Yorker.
– A five-part video series by CNN’s Marshall Cohen explaining the Mueller investigation.
– A recent episode of “The Daily” podcast explaining how two Trump scandal story lines — Mueller’s Russia investigation and the pre-election hush payments to women — have become entwined.
- Une situation générale, notamment économique, qui sera peut-être beaucoup moins confortable. Le retournement spectaculaire de la bourse est-il un signe avant-coureur ? Il faut noter que la situation de l’emploi est encore très bonne avec 312 000 emplois créés en décembre.
Étant donné l’amoncellement les faits déjà établis qui ne sont sans doute que la pointe de l’iceberg, on imagine assez mal comment en sortir indemne. Les républicains ont fait le choix de s’aligner derrière leur nouveau chef, le doigt sur la couture du pantalon, prêts à supporter toutes ses fantaisies, ses extravagances, ses frasques, ses mensonges, ses moqueries, ses absurdités… Et sa base semble, elle aussi, prête à le soutenir contre vents et marées et à en faire un martyr dans l’hypothèse où preuves qui pourront être apportées contre lui. Les News ne sont plus que ces fake news, les preuves seront alors des fake preuves.