La présidence de Donald Trump est tout sauf normale mais pouvait-il en être autrement ? Certes un nouveau président ne l’a jamais été par définition. Il y a donc une courbe d’apprentissage mais certains sont mieux préparés que d’autres. Donald Trump est allé au-delà de cette évidence en arrivant à la Maison Blanche sans expérience politique, aucune. Idem pour ses plus proches conseillers : Reince Preibus, Steve Bannon, Jared Kushner son gendre en sont tous aussi démunis. Même dans le cabinet de Trump, on trouve plutôt des milliardaires et des généraux. Le seul des proches qui a une longue expérience est Mike Pence. Et de nombreux postes de l’administration pour « faire tourner la machine » ne sont pas encore pourvus.
Donald Trump a passé toute sa vie professionnelle dans son entreprise familiale non cotée en bourse donc peu habitué à communiquer des informations et à rendre des comptes à un quelconque Conseil d’administration ou de surveillance. Son caractère est que fantasque et le personnage ne semble pas connaitre de limites et avoir de grosses difficultés avec les faits et la vérité.
Du coup, les premières semaines ont été chaotiques. Avec deux problèmes majeurs en suspens : quelles ont été les véritables relations entre l’équipe de campagne du candidat et des représentants du gouvernement russe ? La question des conflits d’intérêt ne fait plus la Une des journaux mais elle reste entière.
Le premier est grave avec beaucoup plus de questions que de réponses. Et il a déjà fait des dégâts. Un conseiller à la sécurité nationale forcé à démissionner pour avoir menti sur ses échanges avec l’ambassadeur russe aux Etats-Unis, un ministre de la Justice qui a lui aussi menti – sous serment – lors de son audition devant le sénat et dont les démocrates demandent la démission. Un dossier contre Donald Trump qui aurait été constitué par les russes selon une pratique courante baptisée Kompromat et qui a été révélée par un ex-agent du MI6 jugé « sérieux et crédible » par les agences de renseignements américaines. Une quelconque intelligence avec le gouvernement russe n’est pas prouvée mais doit être élucidée afin d’ôter tout soupçon. Une investigation menée par un procureur indépendant pourra seule faire la lumière. Tous les républicains n’y sont pas encore favorables mais la gravité du sujet et les interrogations qui planent pourraient les amener à changer d’avis.
Concernant les conflits d’intérêts, le problème reste entier. Le transfert et la conduit de ses affaires à ses deux fils ne résout rien. Et dans ce domaine, il n’y a pas de petits profits. Le droit d’entrée du club privé de Floride Mar-a-Lago (de la mer au lac) – baptisée la Maison Blanche d’hiver par Trump – a doublé depuis que Donald Trump est devenu président passant de 100 000 à 200 000 dollars. Pendant ce temps, ses deux fils bénéficient d’un service de protection lorsqu’ils courent le monde pour signer des contrats.
Indépendamment de ces deux problèmes, la situation actuelle est caractérisée par une grande incertitude ce que traduit l’article We Know Less Than We Think We Do d’Amy Walters du Cook Political Report. Pour l’heure, les électeurs qui ont voté pour Trump semblent satisfaits et accordent toute leur confiance au président : « il fait ce qu’il avait promis ». Sauf que pour l’instant, cela relève plus de la gesticulation et de la communication que de l’action. Et ce ne sont pas les régulières et nombreuses photos où l’on voit le président à son bureau signant des décrets, entouré de chefs d’entreprise ou des présidents des universités noires qui doivent faire croire le contraire. Entre le Congrès et le président, c’est ce dernier qui a la confiance des Américains : En cas de désaccord entre Donald Trump et les républicains du Congrès, 54 % donneraient raison au premier, 34 % au second. De leur côté, les démocrates et une partie des indépendants sont horrifiés.
Dans un tel contexte, quelle attitude vont adopter les démocrates : Etre le parti du « no » ou trouver des compromis sur certains sujets ? La question n’est pas réglée. En tous cas, la base démocrate semble avoir fait son choix ; Près des trois-quarts des électeurs ou sympathisants démocrates s’inquiètent que leurs représentants ne fassent pas assez pour s’opposer à Trump et à sa politique.
Quelles sont les relations entre Trump et les Républicains du Congrès ? Selon Amy Walters, beaucoup d’entre eux sont assez inconfortables avec certains aspects de son programme et avec son style (même si Trump a fait l’effort de se comporter en président lors de son discours au Congrès) mais ils sont satisfaits d’avoir un hôte à la Maison Blanche qui partagent certaines de leurs priorités : augmenter les dépenses militaires, réduire les impôts ou supprimer l’Obamacare. Sauf que cela n’est pas compatible avec la réduction des déficits et de la dette.