En attendant le déferlement de résultats du Super Tuesday, la campagne des primaires avait été marquée par une victoire pour Nikki Haley, certes symbolique mais qui ne peut pas faire de mal pour le moral. Une victoire qui lui permet d’engranger 19 délégués mais ne change pas la trajectoire de cette primaire républicaine.
Rappelons que Washington D.C. (District of Columbia) n’est pas un État, mais un district fédéral placé sous la juridiction exclusive du Congrès américain. Cela signifie que les résidents de Washington DC n’ont pas les mêmes droits que les citoyens des 50 États.
Cependant, Washington DC a des représentants au Congrès américain. Depuis 1971, le district a un délégué à la Chambre des représentants des États-Unis, qui a le droit de voter en commission mais pas en séance plénière. Depuis 1991, les résidents de Washington DC élisent également deux sénateurs « fantômes », qui ne sont pas officiellement reconnus par le Sénat américain mais qui représentent les intérêts du district auprès du Congrès.
Fidèle à son élégance habituelle, le camp Trump a réagi à ce résultat par un “While Nikki has been soundly rejected throughout the rest of America, she was just crowned Queen of the Swamp by the lobbyists and DC insiders that want to protect the failed status quo.” Donald Trump lui-même en a rajouté une couche avec un message sur le fil de son réseau social tout aussi raffiné.
Super Tuesday sans surprise
Nikki Haley aura réussi à gagner le petit Etat du Vermont et peut-être l’Utah, empêchant ainsi Donald Trump de faire un attendu grand chelem. Au sommet de cette victoire, l’Alabama où Donald Trump gagne avec plus de 70 points. Même la très démocrate Californie lui a accordé une avance de 55 points. De l’autre côté du spectre, le Massachusetts se rapproche du résultat du Maine avec un écart de « seulement » 23 points.
Dans son discours de victoire, Donald Trump triomphant – on ne compte plus les drapeaux – comme s’il avait gagné les élections de novembre, Donald Trump a repété les hyperboles, n’a pas mentionné sa concurrente tout en proposant de réunir le parti. Et comme à son habitude, il a accumulé les affabulations et mensonges comme d’autres enfilent les perles. Il a rabaché les messages habituels proposant une description apocalyptique des Etats-Unis à comparer la situation radieuse qui caractérisait le pays pendant son mandat. Le seul élément positif, la bourse. La raison : les sondages positifs en sa faveur.
Trump reacts to Super Tuesday wins
‘Greatest hits of many of his falsehoods’: Reporter fact-checks Trump’s Super Tuesday speech
Nikki Haley a attendu le lendemain matin pour faire son discours, concéder sa défaite et surtout annoncer qu’elle suspendait sa campagne. Le terme suspendre n’est peut-être pas anodin, il laisse sous-entendre qu’en cas de force majeure – si quelque chose arrivait à Donald Trump – elle pourrait la réactiver. Elle a été bonne joueuse en félicitant son adversaire tout en disant vouloir garder une certaine liberté de parole. Elle a prévenu que “not supporting American allies in Ukraine, Taiwan, and Israel was not just a “moral imperative but would result in more war, not less (…) We must bind together as Americans. We must turn away from the darkness of hatred and division.” Quelle attitude vis-à-vis de Donald Trump a-t-elle décidé d’adopter ? Soutenir ou ne pas soutenir, telle est la question. Soutenir serait un peu humiliant après une campagne qui la mener à être la dernière concurrente et à critiquer assez vertement son adversaire. Ce serait se déjuger un peu tôt. Ne pas le soutenir trop ouvertement, c’est prendre le risque de s’aliéner une bonne partie de la base républicaine. Elle a donc choisi une voie médiane située entre l’hypocrisie et la diplomatie : “It is up to Donald Trump to earn the votes of those in our party and beyond who did not support him.” Il ne faut pas insulter l’avenir comme on dit.
Fidèle à la classe et à la finesse qui le caractérisent, Donald Trump a répondu en dénigrant et questionnant la seule victoire qu’elle victoire obtenue dans le Vermont.
Les jeux sont donc faits : la nomination de Donald Trump n’a plus d’obstacle, il a pris possession du parti en plaçant des fidèles à la direction dont sa belle-fille Laura Trump (petites affaires familiales), en contrôlant aujourd’hui la Chambre des représentants – on l’a vu lorsque Mike Johnson s’est exécuté en tuant le projet de très ferme loi sur l’immigration concoctée de manière bipartisane – et demain le Sénat. Mitch McConnell, l’actuel chef de la minorité, a finalement déclaré son soutien au candidat républicain. Il a dû effectuer un exercice de contorsion plutôt difficile quand on se souvient ce qu’il avait – comme tant d’autres – déclaré après les événements du 6 janvier (voir ci-dessous). Sans oublier les insultes racistes proférées par Donald Trump à l’égard de son épouse, alors même que celle-ci a été membre de son cabinet au titre de ministre des Transports. C’est d’autant plus surprenant qu’il n’a plus rien à gagner à perdre puisqu’il ne se représentera pas. Ses successeurs – les trois Johns – se sont déjà déclarés et sont des affidés de Donald Trump.
Si pas aventure Donald Trump était élu et qu’il possède la majorité au Congrès, sachant que la Cour Suprême semble avoir troqué le droit pour la politique, le système de checks and balances qui caractérisait le système politique américains pour être remplacer par un nouveau système : unchecked and unbalanced. Quant au spoils system, il sera placé sous stéroïdes avec une armée de fonctionnaires choisis non pas pour leurs compétences ou leurs expériences mais pour leur loyauté.
Si cette élection se concrétisait, Mitch McConnell en portera une lourde responsabilité. Alors qu’il l’avait largement condamné, il a ensuite voté contre son impeachment donnant ainsi la voie à suivre pour ses collègues. IL aurait ainsi pu arrêter la carrière politique de Donald Trump.
Une des journaux après le Super Tuesday
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