Pendant l’épidémie, la campagne continue… Sans doute, mais à un rythme très ralenti. Et pourtant, un développement majeur de cette campagne est intervenu cette semaine avec la décision de Bernie Sanders de jeter l’éponge : « a difficult and painful decision ». Les rumeurs à propos d’une éventuelle, mais totalement improbable candidature d’Andrew Cuomo, le gouverneur de l’état de New York, étant dissipées, ce sera donc une bataille entre le démocrate Joe Biden et le républicain-démocrate-independant Donald Trump. Peu importe l’appartenance partisane dans le cas de Donald Trump dont le seul objectif est d’être réélu « quoiqu’il en coûte » selon l’expression désormais bien connue.
Après un départ de campagne sur les chapeaux de roue avec des victoires éclatantes dans les trois premières primaires, Bernie Sanders a ensuite été confronté à la dure réalité des urnes d’état plus diversifié et de la réponse de plusieurs candidats qui ont plutôt rallié Joe Biden. A ce jour, Elisabeth Warren, qui est idéologiquement proche de Joe Biden, pas fait part de sa décision de soutenir un candidat. Maintenant qu’il est le seul, il serait surprenant qu’elle ne le soutienne pas.
En campagne depuis presque 5 ans, les élections de 2016 qu’il a prolongé en opposant constant de Donald Trump puis à nouveau activement depuis près d’un an, Bernie Sanders a tiré la conclusion qu’il ne pouvait pas gagner les primaires démocrates dont on ne sait pas trop comment elles auraient pu se poursuivre dans les conditions actuelles. Les primaires du Wisconsin se sont tenues dans des conditions déplorables que l’on peut imaginer d’autant que de nombreux bureaux de vote ont été fermés, il n’y en avait que 5 pour la ville de Milwaukee. Cette élection dans le Wisconsin pourrait être comparée au second tour des élections municipales françaises. Pour prendre en compte les conditions, les démocrates ont souhaité assouplir le vote à distance en reportant la date limite, les républicains s’y sont opposés et ont eu gain de cause au niveau de la Cour suprême de l’état. La convention démocrate, elle, a déjà été reportée d’une quinzaine alors qu’elle se tenait mi-juillet.
Comme en 2016, il aurait s’obstiner et aller jusqu’au bout, mais cela aurait été déraisonnable et était sans doute le meilleur moyen d’amener son camp à la défaite. Il a donc préféré arrêter maintenant, avec un certaine panache, pour essayer de peser au niveau des idées sur le programme de Joe Biden.
Les idées clés pour lesquelles il va battre et essayer d’infléchir Joe Biden sont clairement identifiées, car il les exprime régulièrement depuis des mois, des années : une couverture maladie universelle, des revenus décents avec un Salaire minimum à 15 dollars de l’heure et la réduction des inégalités ; l’éducation avec l’accès gratuit aux universités publiques et l’aménagement de la dette étudiante, la lutte contre les discriminations notamment raciales, largement mises en lumière par la présente pandémie.
S’il concède avoir perdu les primaires, Bernie Sanders considère avoir gagné la bataille idéologique et surtout l’avoir emporté auprès des jeunes générations qui représentent l’avenir du pays et même des moins de 50 ans. « As you all know, we have never been just a campaign. We are a grass-roots, multiracial, multigenerational movement which has always believed that real change never comes from the top on down, but always from the bottom on up. We have taken on Wall Street, the insurance companies, the drug companies, the fossil fuel industry, the military-industrial complex, the prison-industrial complex, and the greed of the entire corporate elite. That struggle continues. »
La grande inconnue à la suite de ce retrait est quel sera le ralliement de ses supporters à Joe Biden en espérant qu’il ne sera pas aussi mauvais que lors des élections de 2016. Joe Biden ne suscite pas autant de sentiment négatif qu’Hillary Clinton, mais il reste trop centriste pour nombreux fan de Bernie. Le point positif est qu’ils ont le temps de s’organiser correctement ce rapprochement afin que les soutiens de Bernie Sanders se rangent en ordre de bataille derrière Joe Biden afin d’éviter la très mauvaise réunification de 2016. Mais le sénateur du Vermont devra trouver le bon niveau de compromis pour satisfaire ses exigences et celles de ses soutiens et pour emporter l’adhésion de Joe Biden et peut-être assouplir ses positions évoquées avec le « Medicare for All » ou le « Green New deal ». Parmi les éléments qui pourraient jouer un rôle important, le soutien d’Elisabeth Warren, l’intervention de Barack Obama… Tout ce qui pourra assurer l’unité du parti démocrate face à Donald Trump : « the most dangerous president in modern American history ».
Sachant que cette élection ne ressemblera à aucune autre : « Not only are we dealing with a coronavirus pandemic, which is taking the lives of many thousands of our people, we are also dealing with an economic meltdown that has resulted in the loss of millions of jobs ».